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Somewhere I belong - Phil Prewett

Phil Prewett

Phil Prewett

• Rang : Traître à son sang - En équilibre constant et précaire entre réalité et illusions, passé et présent, espoir et souffrance
• Âge : 44 ans
• Activité : Médicomage à St Mangouste - Service de pathologies des sortilèges
• Sang : Pur
• Statut civil : Célibataire - A une fille (Ivy, 19 ans)
• Avatar & Crédits : mortispbf (tumblr)
• Mornilles : 203
• Hiboux : 47


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MessageSujet: Somewhere I belong - Phil Prewett [ Somewhere I belong - Phil Prewett EmptyMer 3 Nov - 21:25 ]

Phil Prewett

And I get lost in the nothingness inside of me
nom Prewett ; prénom(s) Phyllis Morrigan, sur les papiers seulement. Bonne chance pour me voir répondre à quoi que ce soit d’autre que Phil ; date de naissance 12 septembre 1977 ; lieu de naissance Angleterre ; statut du sang pur ; emploi/activité Médicomage à Saint-Mangouste ; statut civil et orientation sentimentale Bisexuelle - Célibataire ; patronus Un ours brun ; épouvantard La première fois que je me suis retrouvée face à l’un d’eux, c’était après avoir appris pour mes parents. L’épouvantard s’est changé en moi, vêtue de l’uniforme des serpentards, la Marque sur le bras. Je n’ai jamais réfléchi au fait qu’il pouvait changer. Puis Ivy est revenue dans ma vie. Et maintenant, je sais que si je tombe sur un épouvantard, je me retrouverais face au cadavre de ma fille. Je croise les doigts pour ne plus jamais être mise face à cette image ; baguette Bois de cèdre, corne de serpent cornu, 23 centimètres, flexible ; études Serdaigle - Tutorat à Saint-Mangouste ; capacité(s) particulière(s) Occlumancie - Magie sans baguette - Animagi (un loup noir)

Caractère
Franche -  insomniaque - borné - très douée en potions et sortilèges - inventeurice à mes heures perdues - ai besoin de m'occuper les mains et la tête aussi souvent que possible - amateurice de bonnes blagues et de bras de fer - consommateurice régulière de pâtisserie et friandises en tout genre - carbure au café - fume trop au goût de ma meilleure amie - bordélique paraît-il (je me considère comme ayant un système d’organisation très personnel dans lequel je retrouve toujours ce qu’il me faut) - besoin de routine - anxieux - à l'écoute - ai tendance à trop penser aux autres et pas assez à moi

Anecdotes

- Il y a un Scrutoscope posé sur mon bureau à Saint-Mangouste. Cadeau de Luna, en même temps qu’un Fléreur, nommé Badb qui me suit partout, quand elle a remarqué mes crises de paanoïa. Ca ne les supprime pas, mais ça aide un peu
- J’ai trois tatouages que j'ai choisi de faire encrer dans ma peau : un singe et une chouette effraie, Patronus de mes deux meilleurs amis. Ils se baladent sur mon corps selon leur envie. Le 3ème est une liane de lierre partant de mon sein gauche, au niveau de mon coeur, et s’enroulant sur mon épaule gauche et le début de mon bras. Pour Ivy, réalisé quelques mois après qu’elle soit revenue dans ma vie.
Il y en a un 4ème qui m'a été imposé, gravé en lettre de sang par mon père. Il s'étend d'une épaule à l'autre, juste sous mes clavicules. Corvus oculum corvi non eruit
- J'ai une petite cicatrice au-dessus de la lèvre.
- Je mesure 1m87.
- Je suis non-binaire et alterne entre le masculin et le féminin pour me genrer, parfois un peu de neutre
- J'ai toujours des bonbons dans mes poches, pour moi ou les patients.
- J'ai développé un PTSD après la guerre, qui s'est empiré au fil des années

Questions
Que faisais-tu le 13 octobre ? Comment as-tu vécu cette journée ?
J'étais à Saint-Mangouste, comme d'habitude pour le travail. La perte de la magie a créé un sacré bazar et mes collègues du 4ème étage avons été pas mal occupés à aller aider les autres. Concernant nos propres patients, la majorité s'est retrouvé subitement guéri lorsque leur hospitalisation dépendait directement des conséquences d'un sort. L'état de certains cependant n'a pas changé, comme les Londubat, hospitalisés depuis ici depuis 40 ans. Et puis il y a ceux comme monsieur Lockhart, qui a d'un coup retrouvé la mémoire, et a qui il a fallu résumer les 28 années qui s'étaient écoulées depuis son admission.

Que penses-tu de la brèche et de l’implosion du Secret magique ?

Pour être tout à fait honnête, j’ai peur. Des conséquences, de l’avenir, des tensions que cela risque de créer ou de faire ressurgir. Je n’ai pas vraiment confiance dans la bonté humaine, je ne sais que trop bien combien l’homme peut être cruel. Et être mis au pied du mur, face à l'inconnu, a tendance à faire ressortir le pire en chacun. Je ne suis pas sûre que les deux mondes soient prêts à cohabiter, malgré les efforts faits ces dernières années pour améliorer la situation. Je ne pense pas que les Moldus vont tous bien prendre l'existence de toute une partie de la population dotée de pouvoirs magiques, qui peuvent influer sur le monde qui les entoure. Que croyez-vous qu'il se passera quand ils apprendront que tout c temps, il existait des gens, des sorts, capables de sauver des vies là où la médecine se révélait parfois inutiles ? Que nous pouvons transplaner ? Voler ? Nous rendre invisibles ? Aux yeux de certains, nous sommes les monstres tapis dans le noir, ceux dont leurs parents leur ont dit de se méfier. J'aimerais croire que les choses vont bien se passer. Que les enfants nés-moldus n'auront plus à mentir à leurs amis quand ils sont admis à Poudlard. Que les gens n'auront plus à cacher leur nature. Mais je suis terrifié par tous les risques.

Hors jeu
Identité : Nagy ; As-tu déjà fait du jdr forum ? yep ; As-tu déjà fait du jdr vocal ? non ; Comment as-tu découvert le forum ? votre post de projet sur pub-rpg-design ; Avatar et crédit : Rain Dove - mortispbf sur tumblr ; En cas de départ, mon personnage peut devenir [] un PV, [x] un PNJ ou [x] être tué par le staff ; Un dernier mot : répondre ici ;
Phil Prewett

Phil Prewett

• Rang : Traître à son sang - En équilibre constant et précaire entre réalité et illusions, passé et présent, espoir et souffrance
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• Statut civil : Célibataire - A une fille (Ivy, 19 ans)
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MessageSujet: Re: Somewhere I belong - Phil Prewett [ Somewhere I belong - Phil Prewett EmptyMer 3 Nov - 21:26 ]

Histoire
TW : pensées suicidaires, tentative de suicide, mort


Je coule, lentement. Mais je n’ai pas peur. Je l’ai voulu. Je m’enfonce dans le brouillard épais de mes souvenirs Pas de tunnel, ou de vive lueur blanche au bout. Trop tôt peut-être. Je sens une présence à mes côtés, rassurante. Sa voix me parvient comme étouffée par du coton.
- C’est trop tôt Phil. Tu m’avais promis d’attendre, de ne pas me rejoindre trop vite.
Mes yeux s’embuent de larmes qui viennent rouler sur mes joues. Je sais Nim. Je suis désolée. J’ai essayé, je te promets. Ca fait 8 ans. J’ai mal, si mal. Elle est partie, elle m’a laissée toute seule avec les débris de mon coeur. Je sais pas recoller les morceaux, j’ai pas la force. Laissez-moi vous rejoindre. C’est pas juste que je doive supporter votre absence encore, et encore. Je suis pas aussi solide que tu le penses. Je veux dormir, ne plus penser, ne plus vivre avec ce poids dans la poitrine tous les jours.
Le brouillard se fait progressivement plus épais, s’infiltre en moi, remonte à la surface de ma mémoire des souvenirs. Alors c’est comme ça ? Un dernier visionnage pour la route, le pire et le meilleur. C’est un fourre-tout étrange au départ, de lieux, de voix, de silhouettes, piochées au hasard. Une boîte dans un grenier poussiéreux. Le parfum des fleurs dans le jardin du manoir. “Tu es comme eux, un monstre”. La moquette élimée d’un vieux motel. Le sourire apaisé d’un bébé endormi. “Y’a pas mieux que toi Phyllis. Même si tu me battais à plate couture au Quidditch et au bras de fer”. Le hourra d’une table d’élèves en bleu et bronze m’accueillant parmi eux. Une jeune femme qui s’effondre, un poignard planté dans l’abdomen. Le sang qui tache mes mains, qui refuse de partir, peu importe combien de fois je les lave. “On n’a pas besoin de toi. Je suis capable de protéger ma famille par moi-même”. Le feu qui crépite dans une cheminée, l’odeur du vin chaud dans les tasses posées sur la table, le parfum des aiguilles du sapin au milieu du salon. Le noir qui me terrifie. La sensation de liberté, le vent qui soulève mes cheveux tandis que je vole. Des sensations floues, une grande chambre où je suis laissée seule. Les souvenirs se font progressivement plus concrets, plus distincts. Le brouillard se fait forêt, des buissons et des fougères se dessinent peu à peu. Je me revois rencontrer Luna par un matin où le parc était envahi par le brouillard. Elle se tenait immobile dans la clairière face à un jeune Sombral, ces cheveux d’un blond pâle tombant dans son dos. J’ai cru à une apparition un instant, avant de comprendre que c’était une élève. Bien qu’étant de la même maison, nous discutions rarement dans la Salle Commune. Nous préférions nous retrouver ici, loin de tous, auprès de créatures qui n’existaient pas aux yeux de la plupart de nos camarades. J’ai tout de suite apprécié cette adolescente souvent perdue dans ses pensées, dont l’esprit sautait d’un sujet à l’autre sans vraiment d’explication. J’adorais nos conversations. J’aime toujours nos conversations. Je suppose que ce n’est pas un hasard si elle est la première à me revenir à l’esprit. Elle est la première que je sois venue voir en revenant, et je loge chez elle depuis. C’est elle qui va me trouver… Je n’aurais pas dû lui imposer ça, c’est cruel de ma part.
Je n’ai pas le temps de m’apitoyer sur des choses qui sont maintenant hors de mon contrôle, mes souvenirs continuent de défiler, désorganisés.
Luna a mon bras, je franchis les portes de la Grande Salle où se tient le bal de Yule. Je passe la soirée à danser avec mes amis, souris de voir Laoghaire si resplendissante et heureuse dans les bras d’Ephraïm, embrasse enfin une élève de Durmstrang avec qui je flirte depuis quelques semaines, taquine Fred et Georges, profite du buffet. Cette soirée est parfaite.
Cinquième année. Ma rencontre avec l’un des meilleurs profs que j’ai pu avoir, et une personne que j’estimais énormément, Remus Lupin. Grâce à qui j’ai brillamment réussi mes BUSES en Défense contre les forces du mal et que j’aurais aimé avoir la chance de côtoyer plus longtemps, et dans un meilleur contexte que la résistance face à Voldemort pendant la guerre.
Je marche dans la rue, triturant dans ma poche la boîte que je balade depuis plusieurs jours avec moi, attendant le meilleur moment pour discuter avec No. Ce n’est pas juste la demande que je repousse, mais la discussion qui aura lieu avant. Je veux qu’elle sache. Elle a le droit de savoir, surtout si je compte passer le reste de ma vie avec elle. Ce n’est pas correct de continuer de lui mentir comme je le fais depuis notre rencontre.
J’ai 11 ans, et je suis assise dans le salon de Mme Grant, la gentille voisine du 3ème étage. Elle est à la cuisine avec un vieux monsieur bien habillé, me laissant toute seule à triturer les manches de mon pull, essayant de ne pas penser à la journée de la veille. Peine perdue. Je revois l’air affolée de Maman qui me pousse derrière elle tandis qu’un homme défonce la porte et rentre dans notre appartement. Les éclairs de magie entre eux, moi qui reste tétanisé contre le mur du salon, maman qui crie de douleur, la lueur verte, maman qui s’écroule, l’homme qui s’avance vers moi en parlant sans que je comprenne ce qu’il me dit, Mme Grant qui entre dans l’appartement et lui jette un sort, l’homme qui disparaît.
- Phyllis
Je retire vivement ma main sur laquelle Mme Grant vient de poser la sienne pour attirer mon attention.
- Cet homme s’appelle Ignatius Prewett. Il était l’oncle de ta mère. Tu vas aller habiter avec lui, en Angleterre. Tu comprends ?
Je hoche la tête mécaniquement, même si à cet instant j’ai envie de crier. Je veux pas partir. J’aime notre appartement, les biscuits que m’offre Mme Grant quand je vais chez elle, les quelques enfants avec qui je joue parfois. Je veux pas partir, je veux que maman vienne me chercher et qu’on rentre ensemble. Mais elle ne reviendra pas. Jamais. C’est loin l’Angleterre. Maman me l’a montré une fois sur un globe. C’est là-bas qu’elle vivait avant ma naissance. Je braque mon regard sur le monsieur. Il a les épaules larges et est habillé très élégamment, même s’il ne semble pas tout à fait à l’aise dans ses vêtements, comme s’il n’avait pas l’habitude de les porter. Il s’aide d’une canne pour marcher. Il s’adresse à moi pour la première fois :
- Va chercher tes affaires. Je ne souhaite pas m’éterniser ici.


***


L'intérieur d'un wagon se dessine peu à peu ainsi que la silhouette de 4 adolescents. 1er septembre 1989. Ma première rentrée à Poudlard. Le voyage en train que j’ai passé en compagnie de trois autres élèves, qui allaient devenir mes plus proches amis durant les années suivantes : Nimenoë Rosebury, Laoghaire MacTavish et Ephraïm Drummond. Je revois leurs visages souriants tandis que nous papotons de tout et de rien, ne voyant pas passer le trajet. Le décor change, eux restent. Comme si l’on avait appuyé sur la touche “avance rapide” d’un magnétoscope, leurs visages se transforment au gré des 9 années où nous nous sommes côtoyés, la puberté changeant nos visages d’enfants en adultes. J’aimerais que tout ce voyage s’arrête là, sur leurs 3 visages heureux, le dernier soir que nous avons passé tous ensemble dans le parc de Poudlard, avant que Laoghaire et Ephraïm ne soient diplômés. Mais ce serait trop simple. Le film de mes souvenirs continue. Le visage d’Ephraïm qui se durcit le soir où je suis venue lui demander de se mettre à l’abri avec Laoghaire. Les cernes qui se creusent sous les yeux de Nim tandis que nous plongeons dans le quotidien de la guerre. Et finalement, comme une triste photographie me ramenant vers mes plus grands regrets, leurs visages se figent. Laoghaire les yeux écarquillés, les mains plaquées sur son ventre transpercé d’une lame. Nim, le front couvert de sueur, des larmes sur ses joues livides, du sang à la commissure des lèvres. Et Ephraïm, le regard perdu dans le vide tandis que je m’éloigne, incapable de rester une seconde de plus dans cette chambre, une infirmière à mes côtés m’assurant qu’il sera bien traité ici.


***


Je fronce les sourcils devant le souvenir suivant. Je reconnais le manoir malgré les trombes de pluie qui tombent et le jour qui décline mais ce n’est pas ma silhouette qui vient de transplaner sur le perron et tambourine maintenant contre la porte. C’est ma mère. J’ai tellement regardé ses souvenirs quand j’étais adolescente que mon subconscient a dû finir par les considérer comme les miens. Maman semble surprise quand Ignatius lui ouvre finalement. Elle est venue ici sans réfléchir, et pensait sans doute qu’il enverrait son elfe de maison s’enquérir du visiteur inopportun. Le ton d’Ignatius est glaciale quand il prend la parole :
- Je ne me rappelle pas t’avoir de nouveau permis de venir ici Sally. Qu’est-ce… s’étrangle-t-il en remarquant enfin le visage baigné de larmes de sa nièce.
- Je suis… Je suis désolée. Je ne savais pas où aller d’autre. Ils… Ils ont… Oh mon dieu Ignatius, je ne savais pas. Il m’avait promis… Ils les ont tués. J’aurais voulu… J’aurais dû être là, les arreter. Je suis arrivée trop tard.
- Qui ? De quoi parles-tu donc ? Non d’abord entre, tu vas attraper la mort par ce temps.
- Je peux pas. Je dois... Je dois le protéger de lui. Ne.. Ne pas faire la même erreur une deuxième fois
- Sally !
La voix d’Ignatius claque, autoritaire. Ma mère se fige, retenant le sanglot qui montait dans sa gorge.
- Nous allons nous installer dans le salon comme deux sorciers civilisés et tu vas m’expliquer la raison de ta venue. Calmement.
Elle hoche la tête et suit son oncle à travers le rez-de-chaussée du manoir. Une fois dans le salon, elle s’effondre sur le canapé et se prend la tête entre les mains, ses pleurs reprenant sans qu’elle puisse les arrêter. Oubliant sa colère envers elle qui les ont maintenus à distance pendant 4 ans, il s’assoit à ses côtés et pose une main sur son épaule.
- Que s’est-il passé ?
Elle tourne son visage vers lui et continue son récit décousu :
- Ils les ont tués. J’ai tenté tellement de fois de leur expliquer le bien fondé de ce que nous faisions, le monde que nous tentions de construire. J’aurais pu les convaincre. Ils auraient fini par m’écouter, par comprendre. Mais c’est trop tard maintenant. Tout est fini.
- Sally… Qui est mort ?
La voix de ma mère se brise :
- Fa… Fabian. Gideon. Je suis arrivée trop tard. Ils s’y sont mis à cinq. Rod… Rod était avec eux. Il les a tués. Et je n’ai rien pu faire pour l’arrêter.
Ignatius se fige. Même en connaissant déjà l’histoire, c’est douloureux de la voir se rejouer sous mes yeux. Enfin, en comparaison, je suis presque soulagée de ne pas avoir revu la mort de mes oncles, et le cri déchirant que ma mère a poussé en arrivant sur la scène. Elle baisse les yeux vers son bras et le tatouage qui a accepté il y a 8 ans.
- Je n’ai jamais voulu cela. Ce n’était pas censé se passer de cette façon.


***


Je me sens basculer, reprends pied dans une autre pièce. Ma mère de nouveau face à moi, les cheveux plus longs, le visage portant encore quelques traces de l’adolescence qu’elle commence à quitter. On peut lire dans ses yeux la rage qui bouillonne dans son ventre tandis qu’elle file d’un côté à l’autre de la pièce pour ramasser des vêtements et des objets qu’elle fourre en vrac dans sa valise. Une femme arrive peu à peu, le visage rouge.
- SALLY LICINIA PREWETT ! crie-t-elle. REVIENS TOUT DE SUITE ICI ! TU N’IRAS NULLE PART !
- TU N’ES PAS MA MERE MOLLY ! J’ai 17 ans, je fais ce que je veux maintenant. Et ce que je veux c’est partir le plus loin possible d’ici.
- Par Merlin Sally, veux-tu bien m’écouter ? Il te reste plus d’un an à faire à Poudlard.
- Et ? Rien ne m’oblige à supporter ce trou à rat que tu appelles maison pour le reste de ma scolarité.
Molly se laisse tomber sur le lit et se passe la main sur le visage en soupirant :
- Sally, je veux seulement ce qu’il y a de mieux pour toi. Et je ne pense pas que tu comprennes à quel point tes fréquentations ne sont pas des gens biens.
- Ne parles pas d’eux comme ça, tu ne les connais pas. Tu devrais venir à une réunion un jour. Pour comprendre. Nous ne devrions pas avoir à cacher nos pouvoirs, notre existence. Les Moldus devraient nous craindre, nous respecter pour ce que nous sommes, et se rendre compte de leur place dans ce monde.
- Est-ce que tu t’entends parler ? C’est lui qui t’as mis ces idées en tête, hein ?
- Il m’a ouvert les yeux sur ce monde, oui. Et je lui en suis tellement reconnaissante.
- Il n’est pas trop tard Sally. Ne t’enfonce pas sur ce chemin, tu le regretteras un jour.
Ma mère a un rictus satisfait en réponse, et lui adresse un regard fier, illuminé d’une lueur de défi en relevant sa manche pour exposer son bras sur lequel pulse, fraîchement tatouée, la Marque des Ténèbres.
- Reste donc avec ton traître-à-son-sang de mari et vos deux chiards. Moi j’ai choisi mon camp.
Sans un mot de plus, elle attrape sa valise et transplane, laissant sa soeur seule dans la chambre vide.  


***


- Alors c'est décidé, tu pars ?
Je suis assise à la table de la cuisine des Lovegood, les yeux rivés sur la tasse de thé fumante devant moi.
- Oui. Je crois... J'ai besoin de prendre de la distance. J'essaie d'avancer mais c'est comme si j'étais embourbé. Je m'enfonce inexorablement. Et Noreen.. Elle m'a proposé de la rejoindre, de venir habiter à Boston. On a beaucoup échangé ces derniers temps. Je suis retournée la voir quelques fois. Elle me plaît, beaucoup. Et même sans ça, je cois que j'aurais trouvé un endroit où aller, loin d'ici. Est-ce que c'est lâche, de fuir comme ça ? Je n'ose même pas prévenir Molly, la connaissant elle chercherait tous les moyens pour me persuader de rester
Luna m'adresse un de ces sourires dont elle a le secret, de ceux qui vous réchauffe le coeur et vous font sentir aimé et compris. Sa main se pose sur la mienne :
- Fais ce qui est le mieux pour toi. Même si ça implique de partir à l'autre bout de l'Atlantique. Et prends le temps qu'il te faudra avant de revenir, si tu le veux un jour. Promets-moi juste de me donner des nouvelles, de temps à autre.
- Promis.


***

Laoghaire berce contre elle son bébé né il y a une semaine, toute petite chose aux yeux clos, inconsciente de ce qui se passe autour d'elle.
- Je peux pas Phil… Je ne peux pas l’abandonner comme ça, juste après sa naissance
- Je suis désolée Laoghaire. Mais tu nas pas le choix. Tu pars ou ils viendront te chercher. Tu as reçu leur convocation, ils n’attendront pas indéfiniment que tu te présentes de ton plein gré. Dans un cas comme dans l’autre, il te faudra la laisser ici.
Ses mains tremblent et je sais qu'elle retient ses larmes. Cette séparation doit lui déchirer le cœur mais sa fille sera plus en sécurité ici avec ses grand-parents que avec ses parents en fuite. Depuis que le Ministère est tombé sous la coupe des mangemorts, des audiences se tiennent régulièrement contre les né-moldus, accusés d'avoir volé leur baguette et leurs pouvoirs à de vrais sorciers. Même si Ephraïm s'est longtemps persuadé que cest sa position au Ministère qui a permis à sa femme de subir le même sort, jai toujours pensé que cest sa grossesse qui avait évité à Laoghaire une convocation. A mon grand regret, une lettre officielle arrivée hier m'a donné raison.
Je pose une main réconfortante contre son dos et tente de la rassurer :
- C'est temporaire. Ils ne gagneront pas Laoghaire. Tu la reverras bientôt.
Cette guerre aura une fin. Je veux y croire. Je dois y croire, pour continuer à avancer, à me battre. Penser que nos actions ont un sens, un poids, que bientôt nous n'aurons plus à nous cacher et à souffrir.
Ephraïm nous rejoint dans la chambre, un sac à dos à l'épaule, un autre dans la main.
- Nos affaires sont prêtes. Cest quand vous voulez.
Sans le sort de lien lancé à leur mariage et qui rend encore difficiles et douloureuses les séparations, je me demande si Ephraïm nous aurait quand même suivi ou aurait décidé de rester s'occuper de son enfant. Mais la question ne s'est pas posée. Il suivra Laoghaire où qu'elle aille.
Laoghaire finit par reposer son enfant dans le berceau et dépose un baiser sur son front en lui murmurant :
- Je t’aime Eli. Très fort. Ton père aussi. Tu vas me manquer énormément. Nous reviendrons dès que possible.
Elle se redresse et après avoir essuyé la larme qui perlait au coin de son oeil, enfile le sac quEphraïm tenait. Puis elle me tend la main et lance :
Allons-y.
Nous quittons la pièce dans un craquement de transplanage.


***



Essoufflé par ma course, je m’arrête à l’entrée de la chambre et jette un regard à Noreen assise dans le lit qui tourne vers moi un visage rayonnant.
- Je suis désolée, je suis venue aussi vite que j’ai pu
- Allez entre idiote, viens dire bonjour à ta fille.
Retenant difficilement les larmes de joie qui me montent aux yeux, je m’approche d’elle et m’assois sur le bord du lit, et prend délicatement le bébé emmailloté qu’elle me tend.
- Oh mon dieu, elle est si petite. Comment l’as-tu appelé ?
- Ivy
Je la regarde un instant interloquée avant de lâcher un éclat de rire, qui me vaut un regard noir de la part de ma compagne.
- Puis-je savoir ce qu’il y a de si amusant.
- Rien c’est..
Je ne peux pas vraiment lui expliquer la vérité. Mais je peux quand même tenter une explication plausible, à défaut d’être vrai.
- Mon oncle… Enfin, grand-oncle. Ca n’a pas vraiment d’importance. Il avait pour habitude de nommer ses chiens de compagnie d’après des plantes. Mais c’est un très beau prénom. Vraiment, je l’adore.
Je me penche vers la petite endormie dans mes bras pour lui murmurer :
- Bienvenue parmi nous Ivy. Tu as une maman formidable, et je vais essayer d’en être une deuxième à son niveau, si elle veut bien encore de moi dans les prochaines années. J’ai si hâte que tu puisses découvrir le monde.


***


Je bascule dans une scène semblable, avec d’autres protagonistes, plus de vingt ans en arrière. La jeune femme assise dans le lit est blonde alors que le bébé dans ses bras a le crâne couvert de mèches noires. L'accouchement semble l'avoir épuisé mais elle se tient droite, laissant paraître aussi peu que possible. Je peux lire tout l’amour que ma mère me porte dans la façon dont elle me regarde, toute sa fierté. J’oublie parfois à quel point elle était jeune. Trop jeune. Elle me voulait, je le sais. Mais pas pour les bonnes raisons je crois. Elle pensait sans doute que mon père lui prêterait plus d’attention, qu’il passerait plus de temps à ses côtés, peut-être même qu’il accepterait enfin de quitter sa femme pour l’épouser.
Son visage s’illumine un peu plus alors que la porte de la chambre s’ouvre, laissant apparaître un homme de haute stature, élégamment vêtu, ses cheveux bruns retenus en catogan, quelques mèches s’échappant sur son front où perlent des gouttes de sueur, conséquence de sa course dans les escaliers pour monter ici. Il s’approche du lit et s’assoit près de ma mère.
- Elle est en pleine santé. Elle sera forte et grande comme toi m’a dit la sage-femme. Je l’ai appelée Phyllis Morrigan. Cela te plaît-il ?
Il sourit. C’est idiot, je suis plongée dans mes souvenirs, il n’est rien qu’un écho du passé, mais je sens mes mains trembler et la bile me monter à la gorge en posant mes yeux sur lui. Je le hais, je le hais si fort. Il était séduisant à cette époque. Je comprends un peu que ma mère ait succombé. Ce visage gracieux disparaît progressivement, tout comme ma mère, le bébé qu’elle tient dans ses bras, et toute la chambre. Je me retrouve dans le salon d’un manoir, assise dans un fauteuil, pieds et poings liés. Lui me fait face. Envolés le sourire, le teint frais, les beaux cheveux bien coiffés. 14 années emprisonné à Azkaban, ça laisse des traces. Même après presque 2 ans dehors. Il a le teint cireux, les yeux cernés. Il n’a pas essayé de le dissimuler avec un charme. Je pense qu’il en est fier, une preuve de plus de son engagement envers son Seigneur. Il ne l’a jamais trahi, est resté et a accepté son sort quand tant de ses anciens camarades ont trahi, pactisé avec l’ennemi, prétendus qu’ils avaient été manipulés.
Il s’agenouille face à moi et un frisson de dégoût me parcourt quand il passe sa main le long de ma joue :
- Tu n’imagines pas combien je suis heureux de te savoir ici Phyllis. J’ai de grands plans pour toi. Ta mère et ton oncle ont commis une terrible erreur en t’emmenant loin d’ici, en te cachant la vérité. Il va nous falloir rattraper le temps perdu.


***


Tout se fond dans le noir. Mes souvenirs de mon enfermement au manoir sont flous et épars, tout comme les mois suivants. C'est sans doute pour le mieux, la seule façon que mon esprit avait de se protéger. Le peu dont je me rappelle et les cauchemars qui reviennent bien trop souvent m'ont rapidement dissuadé de fouiller. Je ne sais plus vraiment combien de temps nous sommes restés enfermés, Ephraïm, Laoghaire et moi. Je croyais les sauver, empêcher que Laoghaire ne soit emprisonnée à Azkaban à cause de son statut de sang. Je n'ai fait que les mener à leur perte. Ephraïm avait sans doute raison au final de me tenir loin de sa famille, et de me dire qu'ils s'en sortiraient mieux sans moi.
Je me suis réveillée un jour avec 5 mots gravés en lettre de sang sur mon torse, la terrifiante certitude que j'avais poignardé ma meilleure amie à mort, et un ami qui semblait comme mort de l'intérieur et réagissait à peine quand on lui parlait. Holly n'a pas pu beaucoup m'éclairer. C'est elle qui nous a sorti de là-bas, sur ordre d'Ignatius. Malheureusement Rodolphus a bien vite compris son implication dans cette évasion et l'a fait emprisonner à Azkaban où il est décédé. Je n'ai pas pu récupérer son corps après la guerre qui avait depuis longtemps été jeté dans la fosse commune, pour qu'il puisse reposer auprès de son épouse. Je n'ai pu qu'ajouter son nom sur la pierre tombale.  


***


Comme un peu de crème après un coup, c'est une scène plus douce que me présente ma mémoire. Avec les Harpies de Holyhead, nous venons de passer une semaine sur la côte est des Etats-Unis, pour des matchs amicaux contre les équipes de Quidditch du coin. Deux de nos joueuses, d'origines moldues, ont fini par réussir à nous emmener dans un bar moldu, pour qu'on teste au moins une fois avant notre départ. On est tombé sur une soirée scène ouverte. C'est comme ça que je l'ai rencontré. Elle se tenait sur la scène quand nous sommes arrivées, et a commencé à chanter en gaélique. C'était rythmé, et ça faisait vibrer un je-ne-sais-quoi au fond de moi. Puis mes camarades m'ont entraîné vers une table et je l'ai perdu de vue quand elle a cédé sa place au chanteur suivant. C'est elle qui m'a retrouvé plus tard, m'abordant alors que je commandais au comptoir. On a commencé à flirter comme ça, l'air de rien. Ca a duré des heures. Je ne voulais pas m'éloigner de son sourire contagieux, de la passion dans sa voix, de l'énergie qu'elle dégageait. Avant de devoir nous séparer, je lui ai donné mon adresse et demandé la sienne, expliquant être plus à l'aise avec des lettres qu'avec le téléphone - que je n'avais de toute façon pas dans mon appartement londonien. J'ai mis des heures à m'endormir ce soir là, son prénom dansant sur le bout de ma langue. Noreen.

Elle et moi, ça a été merveilleux pendant plusieurs années. Ca aurait pu continuer à l'être. Mais j'ai tout gâché, encore. Je suis visiblement très fort à casser les belles choses que la vie m'offre.

J’avais imaginé des millions de façons d’annoncer à Noreen ma nature et toutes les manières dont elle pourrait réagir. Mais rien ne m’avait préparé à l’éclair de peur folle qui s’est allumé dans ses yeux lorsqu’elle m’a vu utiliser mes pouvoirs. Je nous revois dans notre appartement ce jour là. Elle serre Ivy contre elle, à l’en étouffer
- Ne..ne m’approche pas. Tu es comme eux…Je ne suis pas folle, je sais bien ce que j’ai vu cette nuit là. Ils m’ont dit que j’étais folle, que j’avais dû rêver ! Tu es comme eux, un monstre. Je ne te laisserais pas faire du mal à ma fille. Va-t-en Phil. TOUT DE SUITE
- Noreen, s’il te plaît… Tu serais très bien que je ne ferais jamais de mal à Ivy. C’est ma fille aussi.
Je tends ma main vers elles, m’approchant doucement :
- NE LA TOUCHE PAS ! Tu ne lui feras plus de mal. Sors d’ici !
- No...
La voir comme ça me brise le coeur. Je ne comprends pas ce qui se passe, ce qui la terrifie à ce point.
- Je vais sortir faire un tour… Te laisser le temps de réfléchir à tout ça. Je ne vous blesserais jamais, Ivy et toi. Jamais. Tu le sais Noreen. Ne m’abandonne pas, j’ai besoin de toi.
Je m’éloigne doucement et quitte l’appartement, un poids dans la poitrine.

Elle est partie. Quand je suis rentrée, l'appartement était vide. No' avait pris ses affaires, celles d'Ivy et s'était tirée. Avec notre fille. J'ai hurlé et pleuré comme je ne l'avais pas fait depuis longtemps. De rage, de désespoir, de tristesse. Je suis restée prostrée pendant des heures, mon cerveau essayant de digérer l'information. Elle était partie. Elle avait pris Ivy. Mes deux amours n'étaient plus là. J'étais seule. Mue par la colère, j’ai dévasté notre appartement avant de tout remettre en ordre d’un coup de baguette. Mon coeur, lui, est resté en miettes.


***


Des enterrements. Trop. La bataille fait partie des choses que mon cerveau a enfermé à double-tour dans une pièce au fin fond de ma mémoire. Des choses s'en échappent parfois. Et ne pas vraiment me rappeler ce qui s'est passé n'a pas ramené les morts. Je n'ai rien pu faire d'autres que les pleurer. Fred. Nim. Le professeur Lupin et Tonks. Tellement d'autres élèves. Un monument a été érigé dans la cour de l'école, avec gravé dessus le nom de tous ceux qui sont tombés ce jour là.


***


- Je préfère vous prévenir, il est assez peu réceptif aux visites. Il nous laisse prendre soin de lui, mange si nous l'aidons, il passe généralement ses journées à regarder par la fenêtre. Il parle parfois, mais c'est souvent confus, il ne semble pas avoir conscience du temps qui passe.
Plus nous approchons de la chambre, moins je suis sûre de ma décision. Ce n'est pas pour lui que je fais ça. Il doit me détester. Je le fais pour moi. Même pas pour aller mieux. Je l'ai abandonné. Il n'y avait plus que nous deux et je l'ai laissé là, comme on enterre un mauvais souvenir. Il est sans doute trop tard pour essayer de réparer ça.
La médicomage ouvre une porte et je la suis dans la chambre.
- Ephraïm ? J'ai amené quelqu'un avec moi qui souhaitait vous voir. Vous lui dites bonjour ?
Il tourne la tête vers nous, le regard vague. Il est rasé de près. C'est étrange de le voir sans le bouc qu'il entretenait avec soin depuis qu'il avait réussi à le faire pousser. Je suis heureuxe de voir qu'ils ne lui ont pas coupé les cheveux et que quelqu'un s'en occupe régulièrement. Il a l'air fatigué, vide. Je ne sais pas ce que j'attends de cette visite. Qu'il se réveille. Qu'il me crie dessus. Qu'il me reproche la mort de Laoghaire, encore. Il aurait raison. Je l'ai tuée. Je devrais payer pour ça. J'accepterais n'importe quelle punition de sa part. Je m'étais préparé au pire en venant, mais il a réussi à briser un peu plus mon coeur que je pensais déjà en mille morceaux. Après m'avoir inspecté un instant, son visage finit par s'illuminer d'un sourire et il lance d'une voix joyeuse :
- Laoghaire ! Tu as finalement pu venir.
Je manque de me retourner, pensant presque qu'elle doit se tenir derrière nous, que tout n'était qu'un horrible cauchemar. Puis la vérité me rattrape. Elle ne reviendra pas, jamais. Et Ephraïm n'a jamais pu l'accepter. C'est plus simple de penser que c'est moi qui suis morte, que sa femme est encore en vie et vient lui rendre visite. Je m'accroupis devant lui et prends sa main et arrive à dessiner un semblant de sourire sur mes lèvres :
- Je suis là, chéri. Je suis désolée de t'avoir fait attendre si longtemps.


***


Le silence, enfin. Plus de souvenirs, plus de remords, rien que le silence et la nuit. Cette visite à Ephraïm a été la dernière goutte d'un vase qui manquait de déborder depuis longtemps. Je n'avais plus rien à faire là. Je ne devrais plus être là depuis longtemps. J'avais perdu Laoghaire, Ignatius, Nim, Fred. J'avais perdu Noreen et Ivy. Mes nuits étaient hantées de cauchemars, mes journées d'hallucinations que j'avais de plus en plus de mal à distinguer de la réalité. Je voulais juste dormir. Ne plus souffrir. Ne plus penser. Arrêter de m'enfoncer inexorablement dans cette noirceur qui m'étouffe. Ca n'a pas été compliqué de me procurer les bonnes herbes, et préparer une potion. Je me suis faite couler un bain, m'y suis glisser puis ai avalé le breuvage d'un coup. M'endormir. Une bonne fois pour toute.


Je sens qu’on me sors de l’eau et qu’on me parle, mais j’ai l’esprit tellement embrouillé que j’ai du mal à tout comprendre. Je crois que je pleure. Parce que j'ai besoin d'aide mais que je ne sais pas comment la demander. Parce que j’ai fait une connerie, une grosse connerie. Et que je suis en train de faire souffrir quelqu’un qui compte énormément pour moi. Elle est inquiète. Je l’entends dans sa voix, dans la façon dont ses mains tremblent alors qu’elle me fait avaler je ne sais quoi qui contracte mon estomac et me fait recracher ce qui restait de la potion que j'ai pris plus tôt. Evidemment qu’elle est inquiète. Et ça aurait été sans doute pire si elle était arrivée quelques minutes plus tard. Je n’avais pas le droit de faire ça dans sa salle de bain. Elle parle. Beaucoup. La voix chargée de sanglots. J’essaie d’articuler. C’est compliqué. Mon corps est lourd, mon esprit s’enfonce de nouveau dans un brouillard épais. Avant que tout devienne noir, je parviens à prononcer :
- Pas l’hôpital...

***

Je suis restée au lit plusieurs semaines. Physiquement, j'ai peu de séquelles. Au niveau psychique... Luna fait de son mieux pour m'aider. Elle a respecté ma demande et s'est fait aidé par un ami guérisseur plutôt que de m'envoyer à Saint-Mangouste. J'avais trop peur qu'ils ne me laissent pas ressortir. Je sais qu'il faudrait que je consulte un psychomage. Je n'y arrive pas. La simple idée de quelqu'un triturant dans ma tête me donne envie de crier. Je lis beaucoup pour m'occuper. J'ai demandé à Luna de me trouver des bouquins sur certains sujets. J'aimerais apprendre à utiliser ma magie sans baguette. J'aurais peut-être pu sauver Nim si j'avais su le faire à l'époque. Et j'ai repris l'étude de l'occlumancie, dont Ignatius avait tencommencé à m'apprendre les bases. Je n'avais pas vraiment vu l'intérêt à l'époque et ne m'était pas vraiment impliqué dans ces leçons. Puis mon père est passé par là, fouillant chaque recoin de ma mémoire, en extrayant les pensées les plus intimes, me laissant comme nue et sans défense. Comment voulez-vous que j'accepte de laisser quelqu'un d'autre entrer là-dedans, même si c'est pour m'aider ?

***

- Phil ? Je crois que j’ai trouvé l’article que tu cherchais.
J’attrape le vieil exemplaire de La Gazette du Sorcier qu’elle me tend et trouve rapidement la date. 6 février 1977. Noreen avait 6 ans. Revoir tous ces souvenirs a remonté quelque chose en moi, une idée qui m'est restée à mon réveil et que Luna a bien voulu m'aider à éclaircir. Mes yeux descendent sur la photo en noir et blanc de maisons détruites, des flammes dévorant encore certaines, et le titre qui s’étalent sur la Une “Attaque Mangemort sur un village irlandais” Le cœur serré, j'ouvre délicatement le journal et parcours les lignes de texte. Je ne peux empêcher les images de se former dans mon esprit au fil des mots que je lis. Les villageois mangeant, riant, dansant comme n'importe quel jour. Les Mangemorts apparaissant brusquement et semant la terreur. Les cris de douleurs, les pleurs, la désolation. Bien que mon passage dans la pensine remonte à plusieurs années, je ne tarde pas à joindre cette attaque avec l'un des souvenirs de ma mère. Je pense que c'est ce jour là que ses convictions dans le bien fondé des actions de ses pairs ont commencé à vaciller. Parce qu'au milieu de toute cette désolation, elle a laissé partir une fillette plutôt que de la tuer.  Mais si l'enfant s'en est sortie, elle en a gardé une peur et une haine bien ancrée au fond d'elle sur la magie et les sorciers, qui allait ressortir des années plus tard, quand je lui dévoilerais mes pouvoirs.

***

TUE LES ! TUE LES ! TUE LES ! TOUS LES DEUX ! TOUS ! Ils doivent mourir. Ils ne te laisseront pas en paix, tu le sais. Tu ne seras jamais en sécurité tant qu'ils respirent.
Fermez la ! Arrêtez, je sais. Mes ongles s'enfoncent dans la chair de mes bras, dans mon cuir chevelu, tendant de me concentrer sur la douleur pour endiguer le flot de pensées. Ma magie réagit à ma détresse. Mes ongles se font griffes, ma peau se couvre d'un épais pelage noir. Je me retrouve à mâchouiller ma patte pour me calmer mais les voix se font plus distantes, bruit de fond que je peux réguler. Je ne sais toujours pas pourquoi ma forme animale m'aide autant quand je perds pied. Mais je ne sais pas ce que je ferais sans cet échappatoire. A la base, ce n'était qu'une proposition de Luna lancée en l'air un matin, pour m'occuper, que j'arrête de passer mes journées à broyer du noir. Je ne savais même pas si je serais capable de lancer correctement le sortilège. Il m'a fallu plusieurs mois pour regrouper les ingrédients, puis les conditions nécessaires. Mais ca a fonctionné. Un soir, c'est finalement un loup qui s'est tenu à ma place, le pelage du même noir que mes cheveux, une ligne blanche barrant son poitrail là où Rodolphus m'a gravé la devise des Lestrange. Ca a été une renaissance, un second souffle.
Je ne sais pas combien de temps je suis restée allongée en boule, à seulement écouter la nature autour de moi, quand je sens la présence de Luna qui approche et vient se blottir contre moi, posant sa tête contre mon ventre. Nous restons ainsi quelques instants en silence, avant qu'elle ne prenne la parole.
- J'ai appris pour le jugement.
9 longues années de procès pour les Mangemorts et tous ceux qui les ont aidés pendant la guerre. J'ai, à contrecœur, dû me présenter à la barre pour témoigner. Mais ça a été une perte de temps. Mes souvenirs étaient illisibles dans la Pensine, noyé dans un brouillard blanchâtre. Je pensais que c'était parce que je n'arrivais pas à me rappeler correctement de ce qu'il s'était passé. Alors ils ont voulu m'interroger, que je raconte ce dont je me souvenais. Mais je me suis écroulée en pleine interrogatoire, la gorge prise dans un étau, la poitrine me brûlant. Un examen par un Médicomage nous a appris que Rodolphus ne s'était pas contenté de m'apposer la devise familiale. Il y avait mêlé un maléfice, prenant au pied de la lettre ces mots. Une corneille n'arrache pas l'oeil d'une autre corneille. Je ne peux pas m'en prendre au sang des Lestrange. Verbalement ou physiquement.
Le verdict a été rendu aujourd'hui concernant les frères Lestrange. Enfermement à vie à Azkaban. De partout, des sorciers se sont réjouis de cette nouvelle, et d'une page qu'ils pouvaient enfin tourner. Je ne peux pas. Je n'y arrive pas. Une seule pensée tourne en boucle dans ma tête depuis la nouvelle. "Tue les" C'est trop risqué de se contenter de les enfermer. Ils se sont déjà échappés une première fois. Ils peuvent le refaire. Ils le referont. Et je ne serais pas en sécurité. Rodolphus reviendra. Et je me retrouverais de nouveau emprisonné, à sa merci. Je suis terrifié.
Luna caresse doucement la zone entre mes deux oreilles en me rassurant :
- Je ne les laisserais pas t'emmener. Ils ne t'auront pas Phil. Même s'ils arrivent à s'enfuir un jour, je te jure que jamais tu n'auras à retomber entre leurs griffes.
Reprenant forme humaine, je la prends dans mes bras et la serre contre moi, étouffant mes larmes contre son épaule.

***

- Bonjour Phyllis.
Je reste figée, incapable de prononcer le moindre mot. Qu'est-ce qu'elle fait là ? Comment diable m'a-t-elle retrouvée ? Et la gamine à ses côtés...
- Tu comptes nous faire poireauter sur le seuil toute la sainte journée ou est-ce qu'on peut espérer rentrer pour discuter ?
Sans un mot, je m'écarte pour leur laisser le passage, un peu gênée par l'état de l'appartement. Je dégage rapidement le canapé du sac et des deux manteaux qui y étaient posés afin qu'elles puissent s'asseoir puis m'installe sur un tabouret en face d'elles. Mon regard passe de l'une à l'autre. J'en envie de gueuler, de pleurer, de décharger toute ma rancœur envers Noreen et de prendre Ivy dans mes bras. Je la dévore du regard, cherchant tous les détails me rappelant la petite fille que je soulevais sans peine de terre, que j'ai bercée, nourrie, coiffée. Je finis par prendre la parole, d'une voix pesante :
- Qu'est-ce que tu fais là Noreen ? Je croyais que tu ne voulais plus jamais me revoir ou avoir affaire à moi.
- En effet, réponds-elle. Mais cette affaire te concerne. Crois-moi, ça ne me fait pas plaisir d'être ici et j'aurais aimé régler ça il y a déjà longtemps mais tu n'es pas simple à trouver.
Sa voix se fait tranchante tandis qu'elle me fusille du regard en désignant Ivy :
- Je ne sais pas quel...maléfice tu lui as jeté, si c'était une manière de te venger plus tard de mon départ. C'est mesquin Phyllis. Je suis partie pour la protéger mais toi tu... Je ne sais pas ce que tu lui as fais mais défais-le. Rends-moi ma fille comme elle était avant.
Je la regarde, interdite :
- Qu'est-ce que tu racontes No' ? Tu es partie sans un mot avec Ivy il y a presque 6 ans et je ne l'ai pas vu depuis.
- Elle est comme toi, crache-t-elle. Elle n'est pas humaine.
Je reste interdite, tentant de digérer l'information. Ivy est une sorcière. Une née-moldue. Dans d'autres circonstances, je crois que j'aurais pu bondir de joie. Là, j'ai juste difficilement articulé, contenant ma rage :
- Nous sommes humaines Noreen. Nous respirons, nous saignons, nous aimons comme toi.
Il y a tellement de haine et de dégoût dans son regard que ça me fend le coeur. J'aimerais lui dire que nous ne sommes pas tous comme ceux qui ont ravagé son village, que jamais je n'userais de ma magie pour la faire souffrir intentionnellement. J'aimerais la prendre dans mes bras, lui dire que je chasserais tous les cauchemars qui hantent ses nuits, tous les souvenirs qui ont dû lui revenir depuis qu'elle m'a vu utiliser ma magie. Je ne bouge pas. Je n'arrive pas à bouger. Parce que je sais que peu importe mes paroles et mes justifications, elle ne m'écoutera pas.
- Vous êtes des monstres, n'essaie pas de le cacher. Et je refuse d'en garder un sous mon toit.
Je comprends finalement pourquoi elle est venue. Mon regard bascule un instant, interdit, sur Ivy recroquevillée dans un coin du canapé, comme si elle essayait de se faire oublier.
- Tu.. Tu.. Par Merlin Noreen, on parle de ta fille. Tu ne peux pas l'abandonner comme ça.
- Je peux et je le fais. Je ne suis pas sa seule mère.
Elle sort des papiers de son sac avant de les poser d'un coup sec sur la table basse.
- Légalement, elle est la tienne aussi. Depuis presque 6 ans. J'ai appris que ta demande avait été acceptée quelques jours après que j'ai dû fuir, pour notre sécurité. Si tu es incapable de rendre ma fille de nouveau normale, alors je te laisse gérer ce que tu as provoqué. Restez entre vous, je ne veux pas de ça dans ma vie.
Elle se lève et je l'imite avec quelques secondes de retard, un peu sonné par l'avalanche d'informations. Je n'essaie de retenir Noreen alors qu'elle quitte l'appartement sans un regard en arrière. Ce n'est pas elle qui compte mais la gamine sur mon canapé qui n'a pas dit un mot depuis qu'elle est arrivée. Je me passe la main sur la nuque, cherchant mes mots, ayant du mal à réaliser qu'elle est là pour de vrai. Et que je dois m'occuper d'elle.
- Tu peux t'installer dans la chambre si tu veux. Je suis désolée, c'est la seule de cet appartement. J'espère que mes affaires ne te gêneront pas.
Elle ne répond pas, se levant simplement avant d'aller dans la chambre et de refermer la porte derrière elle.

La colocation n'a pas été facile. J'ai bien trop de souvenirs de notre vie commune à Boston, elle sans doute trop peu. Je n'ose pas aborder le sujet. Je veux la laisser s'ouvrir à moi à son rythme, sans la brusquer. Mais chaque jour qui passe semble la faire se replier dans une bulle et j'ignore comment l'aider.
J'ai décidé de retourner au manoir. L'appartement est trop petit pour nous deux, et peut-être que de la verdure et de l'espace lui fera du bien. Et à moi aussi. Ce matin, alors que nous allions partir la vieille demeure, voir s'il y  avait du nettoyage ou des réparations à faire, Ivy a pris la parole entre deux bouchées de céréales, le regard rivé à son bol :
- Je me souviens de ta voix.
Un silence avant qu'elle reprenne :
- Quand tu me coiffais le matin, tu chantonnais souvent. Et le soir, il y avait cette berceuse. Je ne me rappelle pas vraiment les paroles mais... Je me souviens que tu avais une belle voix. Je la fredonnais quand ma...
Elle s'est tu et je ne l'ai pas poussé plus loin. Nous n'avons encore jamais parlé de sa vie avec Noreen et comment elle a pu se comporter après avoir découvert les pouvoirs d'Ivy. Elle m'en parlera quand elle se sentira prête.


Eileen Crivey

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AdministratriceMessageSujet: Re: Somewhere I belong - Phil Prewett [ Somewhere I belong - Phil Prewett EmptyJeu 4 Nov - 10:57 ]

Et bienvenue officiellement I love you

Hâte d'en découvrir plus sur notre deuxième médicomage !
https://revelarevelum.forumactif.com/t26-eileen-o-je-revais-d-un
Azrael de Brocas

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AdministratriceMessageSujet: Re: Somewhere I belong - Phil Prewett [ Somewhere I belong - Phil Prewett EmptyJeu 4 Nov - 11:38 ]

Bienvenuuuue ! Somewhere I belong - Phil Prewett 2781753609
Hâte de lire la fiche de ta petite Phil !
https://revelarevelum.forumactif.com/t25-azrael-de-brocas-sic-tr
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L'Œil de LynxMessageSujet: Re: Somewhere I belong - Phil Prewett [ Somewhere I belong - Phil Prewett EmptyJeu 4 Nov - 14:55 ]

Bienvenuuuue Somewhere I belong - Phil Prewett 820864444

Hâte de lire cette fiche avec tout le teasing sur Discord !

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MessageSujet: Re: Somewhere I belong - Phil Prewett [ Somewhere I belong - Phil Prewett Empty ]

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