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Eileen • Je suis combustible

Eileen Crivey

Eileen Crivey

• Portrait : Eileen • Je suis combustible Original_1
• Âge : 35 ans
• Activité : Propriétaire du Paddington Coffee
• Sang : Moldue
• Avatar & Crédits : Deborah Ann Woll • paimfaya
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AdministratriceMessageSujet: Eileen • Je suis combustible [ Eileen • Je suis combustible EmptyVen 1 Oct - 9:25 ]

Eileen Zelda Crivey

Mais comprends enfin, je suis combustible
Je ne peux arrêter, je ne suis pas docile
nom Crivey, un nom on ne peut plus moldu, particulièrement courant sur les docks de Liverpool ; prénom(s) Eileen, pour perpétuer la lubie familiale de respecter l’ordre alphabétique. Zelda, du nom de ta grand-mère paternelle ; date de naissance 06 août 1986 ; lieu de naissance À Liverpool, fief de la parentèle Crivey depuis des générations ; classe sociale Plutôt issue des classes populaires, tes études et ta situation financière actuelle te placent aujourd’hui dans les travailleurs aisés. Mais dans les moments de colère, ton patois et ton accent tout droit venus d’une enfance passée à courir sur les docks ne trompent personne !

emploi/activité « Photoreporter... » réponds-tu encore par habitude, avant de te reprendre. Tes années à parcourir le monde, appareil photo à la main, sont loin maintenant. Alors tu te reprends, dans un sourire en coin, forçant sur ton accent « Tenancière d’une gargote à Londres ». Le terme est péjoratif à dessein, laisse imaginer un bar crasseux et mal famé mais il est bien trop drôle de voir les gens te jauger d’un œil incrédule en t’imaginant remplir les chopes de marins en mal d’alcool.
En réalité, le Paddington Coffee est un endroit cozy et confortable, dont les étagères croulent sous le poids des livres et des souvenirs ramenés de tes nombreux voyages.  

statut civil et orientation sentimentale Les hommes ont toujours fait battre ton cœur, mais tu es aujourd’hui célibataire et sans dire que la situation te ravit, tu t’en satisfais plutôt. De toute façon, il y a déjà un petit homme dans ta vie et guère de place pour un autre. Aussi tu te contentes de nuits éphémères et d’étreintes sans lendemain.  

plus grand souhait Est-ce un souhait ou un regret ? La dernière fois que tu as vu Colin, tu lui as craché au visage qu’avec sa foutue magie, il faisait de ta vie un enfer, que tu aurais préféré ne pas être sa sœur ! Il faut dire que vivre dans la peur constante, cloîtrée à la maison tandis que défilaient dans votre salon des réfugiés nés-moldus, quand on a tout juste douze ans et la déception de n’avoir aucun pouvoir magique… Il est reparti, comme si de rien n’était. Comme si tes mots ne l’avaient pas atteint. Et quand tu l’as revu, c’était allongé dans une bière le jour de son enterrement.
Des milliers de fois, tu as souhaité pouvoir revenir en arrière, supplié Dennis de trouver une solution magique pour pouvoir retourner dans le temps et t’excuser. Mais sans succès. Tu ne pourras jamais plus dire à ton grand frère que tu l’aimais et que tu es désolée. Il t’aura fallu près de vingt ans pour faire la paix avec cette idée.
Et depuis la naissance d’Hayden, un nouvel espoir s’est substitué… Un peu égoïste, sans doute mais l’idée de le perdre te paralyse et tu espères, si fort, n’avoir jamais à traverser l’épreuve subie par tes parents avec leur aîné… Alors tu te surprends parfois à le regarder jouer en priant pour que jamais ses Playmobils ne s’envolent à travers le salon. Tu sais bien que ceux que l’on met au monde ne nous appartiennent pas, mais le voir te quitter pour ce monde sorcier qui t’a déjà tant pris… Tu ne sais pas si tu serais capable de l’encaisser. Alors tu espères, de toute ton âme, de toutes tes forces que jamais la moindre étincelle magique ne jaillira du bout de ses doigts.

plus grande peur Tu as longtemps eu peur du vide. Pas le vide sous tes pieds, mais l’absence de vie, l’immobilisme, la perte d’un être cher. C’est bien pour ça que tu as multiplié les reportages, avalé les kilomètres avec cette formidable envie de voir, d’apprendre et de tout découvrir, bien trop consciente que la vie est courte et que tu n’as aucune certitude d’être toujours là demain. Arrêter de courir te semblait alors être la plus terrifiante des perspectives. Il a bien fallu, pourtant, pour le bien de ce bébé imprévu. Et finalement, tu ne te trouves pas si mal, à Londres. La ville fourmille de vie et d’activité, estompant un peu cette crainte de rester en place.

Non, aujourd’hui tu as surtout peur d’oublier. Cette amnésie qui entoure le père d’Hayden te terrifie et plus que jamais, tu veux tout consigner pour ne plus rien perdre. Photos, lettres, journal intime, tu t’efforces de garder le maximum de traces de tout ce qui constitue ta vie au jour le jour, avec une méticulosité d’ancienne reporter.

un objet qui ne te quitte jamais Tu portes en pendentif un appareil photo doré miniature derrière lequel sont gravées les initiales C.C. Il est d’ailleurs très fréquent de te voir jouer avec dans les moments de nervosité ou de réflexion. Des années durant, il était impensable de te voir sans ton appareil autour du cou. Depuis que tu as refermé ton objectif, ton éternel Lumix passe le plus clair de son temps dans ton sac à dos. Mais il n'est jamais bien loin, toujours à portée de main.
Et évidemment, ton smartphone ! Que ce soit pour communiquer, écrire une pensée, préparer la prochaine liste de courses du Paddington, immortaliser le sourire édenté d’Hayden, programmer un rendez-vous chez le médecin, tuer le temps sur un jeu stupide, écouter de la musique, animer les réseaux sociaux du café ou juste regarder l’heure, il ne quitte jamais ta poche arrière !

études Parcourir le monde, le découvrir et le raconter, c’était ton objectif depuis le début. Aussi tu as fait des pieds et des mains pour que tes parents te laissent intégrer la London School of Journalism. Trois étés à enchaîner les petits boulots sur les docks pour te faire de l’argent de poche, des argumentaires chocs dès potron minet et l’obtention de ta bourse d’études ont finalement fait pencher la balance de ton côté.
Dernièrement, tu hésites à t’inscrire à un cours du soir en Business Management, pour fluidifier la gestion du Paddington. Mais avec les heures d’ouverture à assumer et ton petit bout, tu n’as pas encore trouvé le courage de rajouter ça à ton agenda déjà surchargé.

capacité(s) particulière(s) faire le meilleur Pumpkin Hot Chocolate de Londres, d’après Heart London Magazine (et d’après Hayden !).

Caractère
« C’était un sacré numéro, cette gamine. Elle savait ce qu’elle voulait et elle n’hésitait pas à le dire. Et toujours la première volontaire pour s’y coller, quelque soit le sujet. On l’a regrettée quand elle est partie pour le Guardian. » Un ancien rédac chef 🗲 « Ah, si vous la pensez insensible, c’est que vous n’avez pas cherché assez loin. En fait, ce serait plutôt tout le contraire, elle est débordée par ses émotions en permanence. Elle est juste trop pudique pour le montrer. Quand elle pleure, c’est seule et à l’abri, jamais en public. » Jess, sa meilleure amie 🗲 « Une putain d’allumeuse ! Je l’avais invitée au ciné, j’ai payé le popcorn et tout… Et quand j’ai voulu l’embrasser, elle m’a envoyé bouler. Faut pas minauder quand on veut pas aller plus loin. Ces nanas-là, ce sont les pires ! » Un prétendant éconduit 🗲 « Bien sûr qu’elle est bavarde, ma petite. Mais dans la famille, on a dû apprendre à se taire, pour ne pas mettre en danger nos garçons. » Beatrix, sa mère 🗲 « Je peux pas vous dire pourquoi je l’aimais autant… Elle a cette flamme en elle qui brûle, tellement intense. Mais on peut pas attraper un feu follet qui court partout et refuse de s’arrêter ne serait-ce qu’une seconde. Pourtant, croyez-moi j’ai essayé. » Adam, son ex 🗲 « Insupportable, bruyante, ne tient pas en place, rarement à l’heure et en plus elle m’a copié sur le métier de journaliste. Et encore je vous raconte pas quand elle commence à se plaindre de la magie alors que je l’utilise pour bouger ses meubles. Bref,  ma petite sœur chérie quoi, la seule à qui j’ai tout partagé dans ma vie. » Dennis, son frère 🗲 « Ça faisait un moment, qu’elle était plus occupée la boutique d’à côté. Et j’vous avoue que quand j’ai vu arriver ce petit bout de femme, avec son môme en porte-bébé et son mètre soixante, j’pensais qu’elle repartirait aussi sec. Mais non, elle s’est accrochée et fallait la voir ! Douze heures par jour qu’elle était sur place, avec le p’tit qui dormait sur un vieux fauteuil. Et jamais elle a lâché. » Jack, client fidèle

Anecdotes
Enfant, tu jouais souvent à Poudlard avec tes Playmobils avant de les reléguer rageusement dans un placard quand tu as compris que tu n'irais pas 🗲 Tu détestes prendre les transports en commun et tu refuses catégoriquement de mettre les pieds dans un métro 🗲 Tu as une passion secrète pour les comédies musicales 🗲  Plus jeune, tes cheveux sont passés par toutes les teintes de l’arc-en-ciel : à chaque rupture douloureuse, une nouvelle couleur 🗲  Ton appartement est rempli de plantes que tu achètes sur des coups de tête et qui meurent peu après faute d’arrosage 🗲  Depuis peu, tu es l’heureuse propriétaire d’une minuscule souris grise qui faisait des ravages et que tu n’as pas eu le courage de tuer, surnommée Paddy.

Questions
Que faisais-tu le 13 octobre ? Comment as-tu vécu cette journée ?
C’était un mercredi comme les autres, pour toi. Le Paddington était ouvert, quelques étudiants flânaient dans les canapés en faisant semblant de réviser, ta playlist Ed Sheeran résonnait dans les enceintes et tu faisais ta comptabilité en grignotant distraitement un reste de cookie de la veille. Tout présageait une matinée tranquille… Jusqu’à ce qu’un homme tombe du ciel. Littéralement. Sur ta devanture. Dans un vacarme de fin du monde.
Tu t’es précipitée à l’extérieur, suivis des quelques clients alertés pour découvrir l’accidenté inconscient, les deux jambes brisées mais miraculeusement vivant. Tu as dégainé ton smartphone en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « Muffin... » pour appeler les secours, sans succès.
Et là, plantée sur le trottoir, entourée de badauds de plus en plus nombreux, suspendue à cette voix désincarnée qui te répétait  « En raison d’un trop grand nombre d’appels, nos lignes sont actuellement saturées. Veuillez patienter. », tu l’as aperçu. Dans le caniveau, à portée de main du blessé, dissimulé par l’ombre d’un énorme pick-up… Un balai. Un foutu balai. Qui ne ressemblait définitivement pas à un ustensile de ménage. L’inconnu qui venait de s’écraser au sol en défonçant trois de tes parasols au passage ne pouvait être qu’un sorcier. Un de plus. L’espace d’une seconde, tu as eu l’espoir qu’il s’agisse juste d’un conducteur du dimanche qui aurait perdu le contrôle de son engin. Mais entre les clameurs qui commençaient à monter de toutes les rues alentours et le répondeur des urgences qui continuait de te demander en boucle de ne pas raccrocher… Tu n’as pu retenir un profond soupir, éloignant un instant l’appareil de ton oreille pour y pianoter un message à toute vitesse.
Dennis, qu’est-ce que vous foutez ?

Que penses-tu de la brèche et de l’implosion du Secret magique ?
La magie, hin ? Au fil des années, vous avez eu une relation tellement conflictuelle. Tu l’as d’abord admirée, espérée de toutes tes forces. Avant de la détester, consumée par la colère et la déception. Tu l’as désirée, haïe, dédaignée, incapable de simplement l’ignorer. Tu clames que tu n’as jamais eu le choix, qu’elle s’est imposée dans ta vie le jour où elle a choisi tes frères. Et bien que tu soupires souvent, tu sais que tu ne peux pas te passer d’elle.
Alors entre elle et toi, c’est une histoire d’amour autant que de haine. De méfiance, aussi. Parce qu’ils te semblent éminemment stupides, ces sorciers qui continuent d’évoluer dans leur huis-clos sans prise avec le XXIe siècle. Parce qu’ils sont à la fois bien trop puissants et tellement démunis. Cette brèche pourrait bien leur faire prendre conscience de leurs limites et leur fragilité face à l’évolution incroyable de la technologie moldue. Ce qui pourrait être une bonne chose, en soit. Mais tu as trop vu les ravages de la guerre pour ne pas savoir comment réagissent les hommes quand ils se sentent en danger… et ne pas appréhender les événements à venir.

Hors jeu
Identité : Del' ; As-tu déjà fait du jdr forum ? Si peu  What a Face  ; As-tu déjà fait du jdr vocal ? il paraît que j'y suis droguée depuis quelques mois... ; Comment as-tu découvert le forum ? Autour d'une tartelette chocolat tonka extraordinaire ♥ ; Avatar et crédit : Deborah Ann Woll • savage. ; En cas de départ, mon personnage peut devenir [] un PV, [] un PNJ  ou [X] être tué par le staff ; Un dernier mot : Thomas Pesquet ;
https://revelarevelum.forumactif.com/t26-eileen-o-je-revais-d-un
Eileen Crivey

Eileen Crivey

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AdministratriceMessageSujet: Re: Eileen • Je suis combustible [ Eileen • Je suis combustible EmptyVen 1 Oct - 9:29 ]

Histoire
tw : mort jeune, attentats

2 septembre 1992
C’était une petite fille sans histoire et très sage

« Maman ? »

Alors qu’elle s’apprêtait à éteindre la lumière, Beatrix se figea et ses paupières s’étrécirent en un regard faussement accusateur. À ta demande, elle avait déjà lu deux histoires, donné plus de bisous qu’elle n’aurait pu en compter et cherché Monsieur Ourson partout dans la chambre. Ton heure de coucher était passée depuis quinze bonnes minutes déjà et son expression sévère ne laissait aucun doute quant à l’accueil qu’elle réserverait à toute nouvelle demande.

« Il est où Colin ? »

L’agacement s’évanouit aussitôt, remplacé dans ses yeux clairs par une foule d’émotions contradictoires, difficiles à percevoir pour une enfant de six ans. D’un pas léger, elle revint vers toi, s’assit sur le bord du matelas, dessinant une ombre réconfortante dans le halo de ta lampe de chevet étoilée. Elle t’observa quelques secondes, petite silhouette blottie au fond de ton lit, la couette si bien remontée jusqu’aux oreilles qu’elle ne distinguait plus qu’un front noyé sous une masse de cheveux dorés et deux yeux brillants, si sembables aux siens. Avec un soupir, elle écarta une mèche venue te barrer le nez, la replaçant derrière ton oreille avec plus de douceur qu'à l'accoutumée.

« Il est parti dans une école… spéciale. »
« Mais pourquoi il est plus à la maison ? »
« Parce que l’école est loin. Trop loin pour rentrer le soir, alors il dort là-bas. Il reviendra pour les vacances. »
« Mais pourquoi il est dans une école loin et pas ici ? »

Vous y voilà. La question qu’elle redoutait. Ils en avaient parlé des heures au cours de l’été, Allen et elle. Cherchant comment présenter la chose, comment expliquer à leurs deux petits que leur grand frère n’irait pas à l’école du coin… parce qu’il était un sorcier. Le mot lui écorchait encore l’esprit, impossible à appréhender vraiment. Leur fils. Leur Colin. Un sorcier. Qui faisait de la magie. Si cette femme ne s’était pas transformée en chat dans leur living room, sans doute ne l’aurait-elle jamais cru. Elle n’était toujours pas certaine de le croire, pour dire vrai… Pourtant, hier matin, ils avaient bel et bien traversé un maudit mur, atterrissant sur un quai étrange, où se pressaient des gens étranges, rassemblés autour d’une vieille locomotive à vapeur qui avait emporté son petit garçon loin, très loin.
Mais comment expliquer tout ça ? La magie, les fées, les sorciers… C’était dans les livres pour enfants. Ceux-là même qu’elle prenait trop rarement le temps de te lire, souvent trop fatiguée après des journées à trimer dix heures d’affilée pour avoir encore le courage de passer des heures à te mettre au lit. Ce soir avait fait figure d’exception, justement parce que son aîné était parti et qu’elle se sentait affreusement coupable de ne vous avoir rien dit.

« Parce qu’il a eu la chance d’être accepté dans cette école vraiment spéciale. »
« Et moi aussi j’irai dans l’école pésciale ? »

Une autre question redoutée. Une autre question sans réponse. Qu’elle évacua d’un haussement d’épaules, incapable d’avouer qu’elle prierait nuit et jour pour que ni toi, ni Dennis ne soyez appelés à le rejoindre dans cet endroit trop lointain, trop mystérieux.

« Peut-être. Mais pour l’instant, il faut dormir. »
« Mais est-ce que… »
« Non. Plus de questions. Maintenant, il faut dormir et ce n’est pas négociable. »

Cette fois, sa voix n’admettait plus la moindre contestation. Elle déposa un baiser sur tes cheveux en pagaille, avant de se relever. Consciente de fuir la situation. Se convainquant que c’était pour te protéger. Elle rejoignit la porte, son doigt glissa sur l’interrupteur, plongeant la pièce dans une pénombre seulement chassée par le rai de lumière provenant du couloir.

« Bonne nuit Eileen. »

___________

14 août 1994
Y’en a même qui disent qu’ils l’ont vu voler.

« Eileen, descends ! »
« Non ! »
« Descends je te dis ! »
« Non, je descends pas. Moi aussi, je vais aller à Poudlard. »
« Chut ! Le dis pas tout haut, on a pas le droit ! »
« Poudlard, Poudlard, Poudlard, Poudlard, Poudlard, Poudlard… » chantonnas-tu en escaladant une nouvelle branche.
« T’es trop haut, tu vas te faire mal ! »
« Tu dis ça parce que t’as la trouille. »
« Moi, la trouille ? Jamais de la vie ! »
« Alors pourquoi tu montes pas ? »
« Parce que c’est débile. »
« Pfff, c’est parce que t’as trop la trouiiiiille ! Reste en bas si tu veux, moi je continue ! »

À califourchon sur une branche deux fois plus épaisse que toi, tu relevas les yeux, cherchant ta prochaine prise. Tes doigts glissèrent dans une anfractuosité du tronc, qu’ils crochetèrent pour que tu puisses te hisser un peu plus haut avec toute l’habitude conférée par des journées passées à escalader les mâts familiaux. Un amas de feuilles humides dérapa sous tes semelles en caoutchouc, pour venir s’écraser en contrebas. Tu vacillas une seconde, les deux paumes à plat devant toi, avant de retrouver l’équilibre. Satisfaite, tu jetas un œil en contrebas, pour adresser une grimace narquoise à ton frère. Les sourcils froncés sous sa tignasse, Dennis semblait partagé entre l’idée d’aller chercher un adulte qui saurait t’empêcher d’aller au bout de ton projet, et l’envie de voir par lui-même si tu arriverais à voler.
Parce que c’était ça, le but. L’idée de base. L’objectif. Voler. Comme les sorciers. Comme Colin. Comme lui. Parce que la dame était revenue, le mois dernier. Pour annoncer qu’à la rentrée, Dennis partirait aussi. Et ce n’était vraiment pas possible qu’ils soient tous les deux sorciers et toi pas. Alors tu allais leur montrer. Tu allais sauter de l’arbre et voler ! Comme une vraie sorcière.

« Non, mais pour de vrai, Eily. Descends. En plus, ça marche même pas comme ça ! »
« T’en sais rien, t’y es jamais allé. »
« Non, mais Colin a dit qu’il fallait des balais ! »
« Colin, il sait pas tout. Tu vas voir, ça va marcher ! »

Et dans un sourire immense, tu t’élanças sans aucune hésitation. Pendant une fraction de seconde, tu sentis l’air sur ton visage, le vent dans tes cheveux et tu éclatas d’un rire joyeux. Euphorique. Puis, la chute. L’atterrissage. Le hurlement de douleur qui résonna dans le parc s’accompagna d’un craquement sinistre, attirant les passants alentours. On s’empressa d’aller chercher de l’aide, d’envoyer quelqu’un prévenir le laitier que sa fille était blessée. On interrogea ton frère, on s’exclama que c’était un miracle que tu ne te sois pas rompue le cou après une telle chute… Et ces mots, plus que tout autres, firent redoubler tes pleurs. Car les grosses larmes qui roulaient sur tes joues mêlaient autant de douleur que de déception.
Car la chance n’avait rien à voir là-dedans. Tu avais bien senti l’air s’épaissir autour de toi, ralentissant ta chute, t’épargnant sans doute des conséquences bien plus grave qu’un plâtre quelques semaines durant… À l’instant même où Dennis avait tendu les bras dans un espoir vain de te rattraper. C’était sa magie qui t’avait évité le pire. La sienne. Pas la tienne.

___________

22 décembre 1997
Continuez votre guerre, continuez sans moi

Assise dans le fauteuil défoncé au coin de la cheminée, MilkyWay sur les genoux, tu tentes de te concentrer sur ton roman. Mais sans succès. Ça fait bien une heure qu’ils sont enfermés dans la cuisine d’où ne te parviennent que des bribes de conversation sans queue ni tête. Ce n’est pourtant pas faute de tendre l’oreille… Trois fois déjà, tu as voulu te lever, t’approcher de cette fichue porte. Mais si ton père te surprend à écouter aux portes, tu ne donnes pas cher de tes autorisations de sortie. Alors tu patientes, tu tergiverses, tu négocies avec toi-même… S’ils ne sont pas sortis d’ici deux minutes, je trouve un prétexte bidon pour aller les interrompre ! Avant de renoncer dans un soupir.

Allez, cette fois, c’est la bonne. Un peu de courage... et tu y vas ! Tu refermes ton livre dans un geste sec, l’abandonnant sur un coussin. Mais à l’instant même où tu déplies tes jambes, chassant Milky qui descend dans un jappement mécontent, la porte s’ouvre enfin. Tu n’as que le temps de te réinstaller à la hâte, rouvrant ton livre sur une page au hasard. Dennis sort le premier, ne t’adressant qu’un regard désolé pour toute réponse à ton interrogation muette. Vos parents le suivent, l’enlacent en le raccompagnant dans le minuscule jardinet qui précède la maison. Et déjà, ce geste affectueux achève de te mettre la puce à l’oreille. Quelque chose ne va pas. Tu fronces les sourcils, guettant le passage des deux derniers qui ne tardent pas à sortir à leur tour. Le premier t’importe peu. Un ami de tes frères, au nom imprononçable. Le second par contre… Tu dardes sur Colin deux yeux perçants. Vos regards se croisent et il soupire.

« Tu veux bien m’attendre, Tonks ? J’en ai pour deux minutes… »

L’autre hoche la tête, disparaît sans attendre. Et tu sais déjà que tu ne vas pas aimer les annonces de ton frère. Parce qu’il soupire à fendre l’âme. Parce qu’il n’arrête pas de repousser ses cheveux blonds en arrière, dans un tic nerveux identique au tien. Tu as l’impression de te voir… Faut dire que vous vous ressemblez, Colin et toi. Vous avez tout pris de maman. Les mêmes mèches claires, les mêmes yeux bleus, la même fossette quand vous souriez et le même pli de contrariété qui barre votre front dans les moments délicats. Comme là, tout de suite.

« Eily… On a discuté avec les parents et… tu vas quitter Liverpool. »
« Quoi ? Non ! »
« Je… Écoute, ça les enchante pas non plus. Eux vont sans doute bouger chez oncle Bernie. Mais on en a beaucoup parlé et c’est mieux comme ça. C’est plus sûr. »
« Plus sûr ? Pourquoi ? »
« Parce que… c’est compliqué. »

Tu croises les bras sur ta poitrine, haussant seulement un sourcil avec une moue butée. S’il croit s’en sortir avec ce genre de bullshit, c’est mal te connaître. Tu peux être patiente… et à l’évidence, il est pressé. Tu le sens hésitant, mal à l’aise. Un nouveau soupir. Encore une mèche en arrière.

« Parce que je suis recherché. »
« Recherché ? What the fuck? Pourquoi ? »
« C’est compliqué. »
« Oh arrête un peu ! C’est pas si compliqué ! T’as fait quoi ? T’es un criminel ? »

Tu tentes de la dissimuler… Mais une ombre d’excitation passe dans tes prunelles à cette idée. Vite chassée par l’expression indignée de ton aîné.

- Bien sûr que non, dumbass!
« Alors quoi ? »
« Alors, y’a un foutu taré qui a décidé qu’on était pas de vrais sorciers parce que nos parents ne le sont pas. Et du coup, comme on a refusé de rendre nos baguettes comme de gentils moutons, maintenant on nous colle au cul. »
« Et donc ? »
« Et donc, vous êtes pas en sécurité ici avec les parents. On sait que les mangemorts... Enfin, les partisans du tarés, ils hésitent pas à s’en prendre aux familles. Il peuvent pas quitter la ville sans que ce soit suspect, mais toi oui. »
« Je vois pas pourquoi. Bouger, OK. Mais je peux très bien aller chez oncle Bernie avec eux. On a pas le même nom de famille en plus. Ils me chercheront pas là. »
« Non, ce serait pas mieux. Même pire en fait. On profite de son chalutier pour faire sortir les gens en danger du pays. »
« Chez auntie Betty, alors. »
« Je… Arrête de faire la gamine Eily, merde ! C’est pas une blague, tout ça. »
« Back off! Moi je fais la gamine ? Mais va te faire foutre Colin ! T’as que seize ans, viens pas m’emmerder comme si t’étais un putain d’adulte. »
« Tu comprends pas, sérieux… »
« Si, je comprends très bien. Je comprends qu’il se passe quelque chose dans ton monde. Avec ta magie. Et que tu as décidé de jouer les héros. Quoi, y’a pas des gens qui s’y connaissent en tarés et qui pourraient l’arrêter, ce mec ? Toi, t’es qu’un ado et c’est nous que ça fout dans la merde, tes histoires. Alors, oui je comprends, mais rien à foutre. C’est ton monde. Pas le mien. Ça a jamais été le mien et je vais pas pourrir ma vie parce que ça délire dans la tienne. »

Tu tournes les talons sans le laisser répondre, pour rejoindre vos parents et dire au revoir à Dennis. Avec le recul, tu ignores encore comment tu as réussi à convaincre tes parents de te laisser rester avec eux. Peut-être parce qu’elle paraissait tellement abstraite, cette guerre que tes frères décrivaient et dont vous ne pouviez rien voir. Ou parce qu’ils n’avaient pas vraiment les moyens de t’envoyer loin. Vous avez déménagé ensemble chez ton oncle. Seul compromis, tu ne sortirais de la maison que pour aller au collège. Pas de sorties, pas de soirées pyjama chez les copines. Rien. Accentuant encore ton impression d’être punie pour des conneries que ton frère avait commis.

___________

10 mai 1998
Ne t’en vas pas nourrir ce grand champ de squelettes

Un soleil radieux pose ses rayons tièdes sur le paysage alentour. En temps normal, ça t’aurait ravi. Tu lèverais la tête, les yeux fermés pour profiter de sa chaleur. Mais aujourd’hui, il te semble… Déplacé. Inapproprié. Irrespectueux, même, à faire briller les larmes énormes qui dévalent le long de tes joues.
Depuis huit jours, tu pensais pourtant n’avoir plus rien à verser… Huit jours de sanglots, à hurler ta douleur jusqu’à t’endormir épuisée de chagrin. Huit jours d’hébétude, sans manger, presque sans boire.
Sans comprendre.
Sans accepter.
Parce qu’il va revenir. Il est toujours revenu, non ? Alors cette fois aussi. Il va revenir. Ton frère ne peut pas juste partir comme ça. Colin, c’est ce sourire immense qui pétille jusque dans ses yeux. Qui creuse une fossette dans un éclat de rire. C’est cette joie de vivre communicative. C’est mille et une histoires inventées, qu’il conte à qui veut bien l’entendre. C’est plus de photos que tu ne peux en compter, d’avoir été cent fois son modèle, tantôt volontaire, tantôt ronchonnant. Ca ne peut pas être qu’un peu de viande froide et un souvenir...

Tu t’es pas préparée du tout à le voir plonger à pieds joints dans ce trou creusé pour lui, au-dessus duquel un curé prône des absurdités dont tu n’écoutes rien. C’est que l’écho de tes larmes résonne trop fort dans le creux de l’épaule de Dennis dont tu refuses de quitter les bras. Autour de vous, il y a bien trop de monde. Et tu ne veux voir personne. Et surtout pas tous ces visages inconnus qui viennent présenter leurs condoléances. Tous ces gens mal fagotés que tu hais juste par principe. Juste parce qu’ils ont passé plus de temps avec lui que tu n’en as eu. Juste parce qu’ils sont vivants et que lui non.
Un à un, ils repartent. Certains pour reprendre le fil de leur quotidien, à peine interrompu par ce moment de recueillement. D’autres pour rejoindre la minuscule maison familiale où tes oncles et tantes ont organisé une petite réunion pour les proches. Mais même ça, c’est au-dessus de tes forces. Tu finis par lâcher ton frère, sollicité par ses amis venus pour l’occasion et qui se laisse entraîner par eux. Non loin, tu aperçois Silenius qui te couve un regard inquiet. C’est bien le seul d’entre eux que tu accepterais auprès de toi… Mais non. D’un signe de tête, tu lui fais signe de ne pas rester. A son tour, il part.

Et tu restes là.
Seule.
À contempler cette boîte de bois absurde. Elle semble si petite au fond de ce trou immense. Du coin de l'œil, tu aperçois un homme. Enfin, un homme… Il doit être à peine plus vieux que lui. Il s’approche en silence.

« Vous le connaissiez bien ? »
« Pas assez, non. »

Ta voix est sèche. Chargée de colère et d’agressivité. Contrastant avec la sienne, qui ne transpire qu’un épuisement manifeste. Comme s’il était sur le point de s’écrouler d’une seconde à l’autre.

« Tu es Eileen. »

Ce n’est pas une question. Et tu ne sais que répondre à ça.
L’inconnu tourne les yeux en ta direction. Leur couleur te frappe. Derrière les lunettes rondes, ils sont aussi verts que les siens étaient bleus. Mais la même lassitude, la même fatigue les hante. Tant de douleur et de culpabilité qui te transpercent de part en part. Tant de chagrin et de désespoir que tu ne te sens pas en droit de le blâmer lui aussi.

« Il parlait souvent de toi. »

Une seconde encore, il t’observe, comme cherchant ses traits sur ton visage. Avant de détourner le regard. Quelques minutes, il contemple le cercueil couvert de fleurs. Finalement, il se penche. Murmure quelques paroles inaudibles. Esquisse un geste. Puis se relève et s’éloigne après un dernier signe de tête. Laissant derrière lui, au milieu des corolles écarlates, une photo griffonnée d’une signature hâtive.

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7 juillet 2005
Tu as le détonateur juste à côté du cœur

« Mickaël arrête ! »
Ta voix rieuse contraste avec tes mots. Et il ne s'y laisse pas tromper. Ses lèvres continuent d'explorer ton cou, ses bras se referment un peu plus encore sur ta taille.
« Arrête ! Je vais être en retard. »
Mais une fois de plus, tu n'es pas crédible. La tête renversée en arrière, tu te laisses faire dans un rire joyeux. Tu n'as pas du tout envie de bouger, mais il le faut. Mr Thompson n'accepte aucun retardataire, et tu ne voudrais vraiment pas t'attirer ses foudres, d'autant que son cours sur les approches illustrées de l'actualité est généralement passionnant. Alors tu finis par le repousser tendrement, une tape sur sa main pour l'empêcher de reprendre ses caresses. Déjà tu t'enfuis, rassemblant tes longues mèches blondes qu’il a décoiffées dans un chignon à la va-vite, que tu fixes d'un crayon, ton sac négligemment jeté sur une épaule.
Avant de t'engager dans la bouche de métro, tu lui jettes un dernier regard, pour le trouver là, planté au milieu du trottoir, la moue moqueuse. Une main sur la hanche et ton téléphone portable flambant neuf dans l’autre.
« Tu n'as rien oublié ? »
Tu lâches un soupir, le regard faussement sévère. Ta montre indique déjà 8h48, il faut absolument que tu files.
« Je vais être à la bourre… », lâches tu dans un soupir.
Mais il ouvre les bras et déjà, tu réduis la distance entre vous à grandes enjambées pour un dernier baiser. Passionné et langoureux, qui s'achève sur un « À ce soir… » plein de promesses. Tu tournes les talons, téléphone en main, et descends quatre à quatre en direction du métro, ne prenant que le temps de valider ton ticket avant de t'engouffrer dans ces couloirs que tu commences à connaître par cœur.


Tu parcours les corridors, dévales les marches à toute vitesse. Tu cours. Tu voles. Un dernier escalier, tu entends les freins du métro qui crissent en arrivant à quai. Un peu plus vite encore. Un dernier virage, tu l'aperçois presque. Tu sautes au bas des trois dernières marches, te rattrapant de justesse à la rampe. Si tu te dépêches, tu auras peut-être le temps de monter à bord et…

Une détonation.
Éblouissante. Assourdissante. Dont le souffle te repousse vers l'escalier que tu viens de quitter. L'arête d'une marche s'enfonce entre tes reins. Une autre cogne contre ta nuque. Mais tu ne réalises pas tout de suite la douleur, tout entière accaparée par le silence. Absolu. Incongru. Il flotte quelques secondes, il s'attarde. Avant que le bruit ne reprenne ses droits. Un cri d'abord. Un hurlement, plutôt. Puis les larmes. À la lisière de ton champ de vision, tu devines un corps à terre. Un autre, un peu plus loin. Ils restent immobiles. Sont-ils…? Tu ne vois pas bien, sans réaliser que c'est seulement parce que tes yeux sont inondés de larmes. Et ce cri, strident, que tu ne reconnais même pas pour être le tien...  
Peu à peu, des gens affluent. Appellent les secours. On te pose une couverture sur les épaules, on t'éloigne de la scène.  
Tu te laisses emporter, sous le choc. Incapable de réfréner les sanglots qui te secouent. Incapable de réagir à quoi que ce soit. Tu entends parler d'attentat. De bombe. De blessés. De morts.

Il s'en serait fallu d'une minute, pour que ce soit toi, sur ce quai.
Une minute.
Un baiser.

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26 novembre 2010
J'ai vu Berlin, Bucarest et Pékin comme si j'y étais.

Depuis cinq bonnes minutes, il compulse le book que tu as apporté avec toi, sans dire un mot. Les pages glissent avec une régularité implacable, ne s’attardant dans les airs seulement lorsqu’un cliché attire son regard plus qu’un autre. Assise dans une chaise molletonnée de bleu, tu t’efforces de rester immobile et silencieuse – l’une comme l’autre n’étant pas dans tes qualités premières. Alors tu restes droite comme un piquet, les mains sagement jointes entre tes cuisses pour résister à la tentation de te tordre les doigts. Seuls tes yeux curieux témoignent encore de ton agitation, sautant des unes encadrées sur le mur à ton book, de ton book à sa cravate « journal jauni », de sa cravate au petit écriteau « Rédacteur en Chef », du petit écriteau à cette foutue horloge murale qui avance ses secondes avec une lenteur épuisante.
Sept minutes et quarante-trois secondes.
Une éternité.

Il referme finalement ton book, remonte ses épaisses lunettes en écaille sur son nez et te jette un regard approbateur.
« Il y a des choses intéressantes. »
« Euh… merci. »
« Ma collègue des ressources humaines m’a dit que vous travailliez actuellement pour un journal web ? »
« Oui, je les ai rejoins en stage il y a bientôt deux ans, et ils m’ont gardée ensuite. »
« Si vous ne deviez choisir que trois photos dans votre book, ce seraient lesquelles ? »
Oh, la question piège. Pas que tu les aimes toutes autant, il y a des images que tu trouves plus réussies que d’autres, certaines dont le cadre te semble un peu approximatif avec le recul, des ambiances plus ou moins efficaces. Mais n’en choisir que trois… Tu t’autorises quelques secondes de réflexion, avant de hocher la tête.
« Je crois que je dirais la célébration de la chute du mur de Berlin, l’éruption du volcan en Islande – non, tu ne t’aventureras pas à essayer d’en prononcer le nom – et les enfants d’Haïti. »
« Pourquoi ? »
« Et bien, la première parce que je trouve qu’elle illustre bien les évolutions positives de notre monde au cours des dernières décennies. Les nouvelles sont souvent négatives, mais je trouve que c’est important de jeter un œil en arrière pour constater aussi le positif, le chemin parcouru. La deuxième, parce qu’elle est visuellement intense et que le souvenir l’est tout autant. Nous avions loué un bateau depuis l’Écosse pour nous approcher et tenter d’en prendre des photos, et il y avait quelque chose de très fort à être ainsi en mer, face à la puissance de la nature. »
« Intéressant. Et la dernière ? »
« Pour leur sourire. »
« Leur sourire ? » Il hausse un sourcil, comme trouvant ta réponse incongrue.
Tu toussotes, t’éclaircis un peu la voix, cherchant tes mots, la manière la plus délicate d’expliquer ce sentiment qui t’avait envahie, confrontée à ces enfants rieurs, entourés de débris, mais trouvaient encore l’énergie de jouer.
« Quand je suis arrivée là-bas, tout était détruit. Les bâtiments, les habitations… Les gens là-bas vivaient déjà dans une pauvreté extrême et la tempête a tout emporté. Tout ce qu’ils avaient. Mais ils ont continué à vivre, à avancer. C’est ça que je voulais mettre en avant, avec cette image. Leur sourire dans des heures si difficile, leur espoir. De façon générale, je trouve ça bien trop simple de n’évoquer l’actualité que par l’angle du pathos. Une image d’actualité, ce doit être une fenêtre ouverte sur le monde, pas juste des surcouches de drame.  Bien sûr, il s’en produit. Partout, tous les jours. Pas besoin d’aller si loin pour être témoin d'événements terribles et traumatisants. Là-bas, comme ici, il y a des choses terribles et d’autres très belles. Les résumer toutes avec du pathos, je trouve ça très triste. Et ce n’est pas faire justice à toutes celles et ceux qui se battent au quotidien que de les représenter uniquement par leur détresse, plutôt que par leur force, leur optimisme et leur résilience. » Tu t’interromps, le souffle court de t’être tant enflammée dans ton explication, avant d’ajouter, plus timidement. « Enfin, ce n’est que mon avis. »
Les secondes suivantes te semblent interminables. Pour un peu, tu les échangerais même avec celles quand il compulsait ton book sans mot dire. C’était presque moins pénible. Finalement, une ombre de sourire passe sur ses lèvres, dans un hochement de tête.
« C’est un point de vue intéressant. Je commence à comprendre pourquoi ma collègue m’a conseillé de vous rencontrer. »
Tu retiens ton souffle, face à ce qui ressemble bien trop à un compliment pour ne pas éveiller une pointe d’espoir. C’est que jusqu’ici, tu n’avais pas vraiment pris cet entretien au sérieux. Non qu’il t’indiffère – loin de là ! – mais le Guardian, quoi ! La probabilité qu’il mène à quoi que ce soit était… infime. Alors c'était plus simple de ne pas y croire du tout.
« De ce que j’entends, j’imagine que cela ne diffère pas de votre poste actuel, mais je me dois de le dire par acquis de conscience : si nous vous embauchons, vous réalisez que vous serez amenée à de très nombreux déplacements professionnels, dans des zones potentiellement dangereuses, sans compter vos heures. Ce n’est pas un problème ? »
Le visage d’Adam s’imprime dans ton esprit. Il sera content pour toi, pas vrai ? Tu sais que tes voyages incessants lui pèsent… Tout comme il sait que c’est plus fort que toi, que tu es incapable de t’arrêter. Il ne voudrait pas que tu loupes une telle opportunité. Aussi tu réponds, le sourire affirmé.
« Pas un problème du tout. »

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20 décembre 2015
J’ai tout oublié, quand tu m’as oubliée…

Incrédules, presque timides, tes doigts glissent le long de cette image grise et indistincte. Suivent un arrondi, se perdent dans un creux, remontent le long d’un nez minuscule. Toi qui as tant l’habitude des images, de capturer l’émotion et la beauté dans ton obturateur, qui as étudié les plus grands maîtres et leurs chefs-d'œuvres, jamais encore tu n’avais été aussi bouleversée devant un cliché.

« Miss ? Miss ? Excusez-moi, mais… on ne va pas tarder à fermer. »
Le pauvre serveur s’est bien répété trois fois avant de parvenir à obtenir ton attention. Difficilement, tu relèves les yeux vers lui, un rien hagarde. Sans vraiment comprendre ce qu’il essaye de te dire. Quelle heure est-il ? L’horloge au-dessus du bar indique 8 heures du soir... Tu as passé la journée ici. Affalée dans un fauteuil défoncé, dans ce café trop bruyant. Sans voir passer les minutes. Incapable de détourner les yeux de ce dossier depuis qu’on te l’a remis ce matin. Il faut rentrer, donc. À gestes lents, tu rassembles tes affaires. Mécaniquement. Tes pensées sont loin. Si loin. Toujours sous l'œil du serveur qui te regarde faire, planté là, les bras ballants.
« Oh, et euh… Félicitations. »

Félicitations ?
Peut-être, oui. Tu ne sais pas, à vrai dire. La gynécologue ne s’y est pas trompée, ce matin. Tu venais seulement consulter pour des douleurs persistantes dans la poitrine. Depuis plusieurs semaines, déjà. En plein Octobre Rose, tu t’es dit que ce serait stupide de ne pas même prendre le temps de t’assurer qu’il n’y avait rien de grave de ce côté-là. Pas de rendez-vous avant deux mois, t’avait répondu une secrétaire peu amène. Ainsi soit-il, ce n’était sans doute pas à deux mois près, pas vrai ?
mais dès le début de la consultation, tu as senti quelque chose d’anormal. Les questions qu’elle te posait, le pli qui ne cessait de s’approfondir sur son front, les annotations de plus en plus rapides. Et cette mine sérieuse – trop sérieuse – pour t’annoncer la « nouvelle ».
« Je pense que vous êtes enceinte. De trois mois, environ. »
À quelle réaction s’attendait-elle ? Des larmes de joie ? De détresse ? Un peu de stoïcisme ? De l’excitation ? Elle y a mis du tact, en tout cas. Devinant sans doute que dans ta démarche, rien ne laissait présager que tu puisses t’attendre à ce verdict. Mais lui était-il déjà arrivé de se faire rire au nez par l’une de ses patientes ? Car c’est ce que tu as fait. Un rire joyeux, sonore, expansif. Trop joyeux. Trop sonore. Trop expansif. De ceux qui vous viennent après une excellente plaisanterie. Car c’était une plaisanterie. Forcément. C’était impossible. Absurde. Une bonne blague, oui. Rien de plus. Dans une seconde, elle rirait avec toi, chassant cette expression trop professionnelle, n’est-ce pas ? N’est-ce pas… ?

Mais non. Et te sentant sur le point de perdre pied, l’abysse de l’incompréhension grandissant dans tes yeux trop clairs, elle t’a guidée délicatement jusqu’au fauteuil d’examen, étalé ce gel trop froid sur ton abdomen, allumé l’écran de contrôle et… et il était là. Tâche grise sur fond d’obscurité. À peine distincte. Et pourtant si reconnaissable… Dont elle t’a confié l’impression sur papier glacé, te raccompagnant à la porte en te recommandant de revenir le mois suivant. « Pour le suivi. », a-t-elle dit. C’est à peine si tu l’as entendue, incapable de détacher tes yeux de cette image impossible. Et tu t’es engouffrée dans le premier café venu. Le souffle court, les larmes aux yeux. Un goût amer sur les lèvres, et une seule question en tête : Comment ?

À peine un pied dehors, le froid de décembre te happe. Quelques flocons nonchalants flânent autour de toi, que tu fixes d’un regard vide, comme espérant qu’ils t’apporteront une réponse à cette foutue question qui tourne en boucle dans tes pensées depuis des heures. Comment ? Tu as passé la journée dessus, sans frôler l’ombre d’une réponse. Sur une serviette en papier, tu as même pris le temps d’annoter les noms et prénoms de chacun de tes derniers amants, les dates auxquelles vous vous êtes fréquentés. Fouillé ta carte sim, infiltré ton répondeur, rouvert les applications de rencontre pour être sûre de n’en oublier aucun. C’est qu’il y en a eu, des hommes dans ta vie. Dans tes bras et dans tes draps. Le dernier en date, c’était certainement ce gars rencontré lors d’un vernissage. Un peintre, si tu te souviens bien. Cheveux mi- longs, l’étincelle au fond des yeux, un sourire à fossettes… Qui s’était révélé bien peu intéressant, sorti de ses sujets de prédilection. Pas désagréable au lit, pas fabuleux non plus. Si bien que l’idylle n’avait pas duré plus de quelques semaines. Et depuis… personne. Sauf que c’est là que le bât blesse. Pour avoir relu vos messages sur toutes les plateformes de discussion possibles et imaginables, ce gars-là… C’était en novembre dernier. Il y a plus d’un an. Et ce bébé, tu ne le portes pas depuis dix-huit mois, nom d’un chien. Tu n’es pas une éléphante ! Mais depuis l’artiste, personne ! Tu n’as aucun souvenir de quiconque sur toute l’année écoulée – ça fait long, d’ailleurs. Très long, te connaissant. Mais vraiment, tu n’as souvenir de personne depuis. Et tes échanges écrits semblent te donner raison. Oh, tu en vois bien qui t’objecteraient qu’une soirée trop arrosée… Ça va vite. Et que ça ne laisse pas forcément de message derrière. Il y a forcément eu un vaillant « géniteur » qui a dû jouer les jolis coeurs vers la fin du mois de septembre. Et dont tu n’as aucun souvenir. Mais quoi qu’on en pense, tu n’as jamais bu jusqu’au trou noir. Et encore moins ces dernières années, qui t’ont plutôt vue t’assagir sur le sujet.

Alors quoi ? Par l’opération du Saint Esprit ? Merde, on est dans dans des ramassis de fables religieuses, là. Dans la vie réelle, on ne tombe pas enceinte juste comme ça. Comme, comme…
« Oh putain. »
Comme par… magie ? Non, arrête Eily. C’est ridicule. On ne tombe pas enceinte par magie. Pourtant… Comment expliquer ça autrement ? Ce n’est pas comme si c’était parfaitement impossible, pour le coup…  Comme si la magie n’existait pas, hin ? Tu en sais quelque chose. Et si tu n’as pas pu tomber enceinte d’un foutu coup de baguette magique, est-ce que tu pourrais simplement… ne pas t’en souvenir ?
Merde. Il faut que tu en aies le cœur net. Tu dégaines ton téléphone si vite qu’il glisse entre tes gants, vient s’écraser au sol dans un bruit sourd qui se perd dans ton juron sonore – de ceux à faire pâlir même les dockeurs de Liverpool. Tant pis pour les éclats un peu partout, il fonctionne encore et tu ne perds pas une seconde pour composer le numéro de ton frère. « Dennis, putain, décroche. Pour une fois dans ta putain de vie, décroche ! » Tu grommelles entre tes dents serrées, mais tes imprécations restent sans effet. Messagerie. Évidemment. À cette heure-ci, il doit être en train de mettre les jumelles au lit. Les jumelles… Il va falloir leur annoncer que… Non. Tu ne sais même pas si… Bref. Plus tard. Tu penseras à tout ça plus tard. Pour l’instant, il te faut des réponses. À tout prix. Le message que tu laisses est cryptique, incompréhensible. Tant pis, il rappellera.
Reste une deuxième chance. Généralement pas plus réactif au téléphone que le premier, mais qui ne tente rien, hin… Les sonneries s’égrènent, une à une. Et finalement, un « Allô ? » inespéré, auquel tu ne prends pas même le temps de répondre. « Sil ? J’ai une question. Est-ce qu’il est possible de… Est-ce qu’on peut oublier des choses par magie ? »

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24 juin 2016
C’est toi et moi contre le monde entier

Pour la troisième fois, tu parcours des yeux la petite chambre qui t'a accueillie ces derniers jours, essayant de ne rien oublier derrière toi. Et pour la troisième fois, le doux bruit d'un bébé endormi te distrait complètement de tes efforts pour rassembler tes affaires. Le remplissage de ta valise n'avance pas bien vite, incapable que tu es de résister à cet humain minuscule blotti tout contre ton cœur, dans son écharpe de portage. Tes lèvres frôlent le haut de son crâne, effleurant le duvet blond qui le recouvre. Tu inspires profondément son odeur de savon, de nouveau-né, de lait, avec toujours ce mélange de sentiments mêlés, d'émotions contradictoires. De peur et de bonheur, qui s'entremêlent depuis l'instant où l'on a déposé dans tes bras, trois jours plus tôt, ce tout petit bébé.
Ton bébé. Hayden.

Jusqu'au bout tu as hésité. Le garder... Ou pas. Renoncer à tes envies de voyage, à ce besoin de perpétuel de bouger... Où conserver ta liberté. Et surtout, te retrouver mère célibataire à devoir élever seule un petit être humain sur une planète dans un état déjà dégueulasse. Enfin, seule... Pas tout à fait.
Comme pour faire écho à tes pensées, quelques coups sont frappés à la porte de ta chambre, ramenant une ombre de sourire sur ton visage cerné et pensif.

« Entre, c'est ouvert ! »
Il ne se fait pas prier et son arrivée te rends instantanément plus légère. Ce départ de la maternité t'angoisse un rien et tu es tellement soulagée de n'avoir pas à gérer ça toute seule. De pouvoir compter sur la présence inébranlable de ton grand frère dans un moment aussi délicat – comme toujours.
« Alors, prête ? »
« Presque ! »
Tu n'as pas besoin de le regarder pour le deviner déjà levant les yeux au ciel. Mais après tout, si tu étais déjà parée pour le départ, il serait capable d'en faire une syncope. Ce n'est pas un risque que tu es prête à prendre. Mais en réalité, outre un léger manque d'organisation, tu gardes encore un œil sur la télévision allumée dans un coin de la pièce.
« Tu as deux minutes de rab, en vrai ? J'aurais bien aimé avoir les résultats du référendum avant de partir. »
En attendant, tu jettes tout de même à la hâte les dernières affaires dans ta valise, entasses les derniers cadeaux dans un grand sac dont Dennis s'empare aussitôt. Et par bonheur, c'est l'instant que choisit la présentatrice pour s'éclaircir la voix, épargnant du même coup la patience proverbialement limitée de ton frère. Tandis qu'elle tergiverse quelques secondes avant de vous livrer le verdict, tu sens ton cœur s'accélérer un peu devant l'ampleur historique de ce moment, mélange d'excitation et impatience. Aussitôt douchées par la déception et l'incrédulité. 51,89 %.
« Bordel de merde ! »
Avec un temps de retard, tu couvres les oreilles d'Hayden de tes deux mains. Mais c'est plus fort que toi, tu n'arrive pas à croire que ça c'est vraiment produit. Que le Royaume-Uni va réellement quitter l'Union européenne. Quelle connerie !
« J'arrive pas à le croire ! »
Tu te retournes vers Dennis, le regard flamboyant d'indignation. Les bras croisés, il observe le résultat sans dire un mot. À ses sourcils froncés, tu devines que la nouvelle ne le réjouit pas – le contraire te surprendrait, d'ailleurs. Mais son silence aussi.
« Ça ne te fait pas plus réagir que ça ? »
Un haussement d'épaules, il soupire.
« Qu'est-ce que tu veux que je te dise…? »
« Je ne sais pas. Que tu trouves ça aberrant. »
« Bien sûr que je trouve ça aberrant. »
« Et c'est tout ? »
Nouveau haussement d'épaules, fataliste cette fois.
« Faut croire qu'à force de vivre entouré de connards isolationnistes,  ça n'arrive plus à me surprendre… »
« Génial. Comme si ça ne suffisait pas d'avoir des groupuscules de sorciers complètement tarés un peu partout, maintenant on a même trouvé le moyen de se couper du reste du monde. »
D'un geste un peu rageur, tu éteins la télévision, refermes ta valise, réveillant du même coup Hayden, qui se met à chouiner doucement. Ses pleurs te calment aussitôt et tu le serres un peu plus fort encore contre ton cœur.
« Pardon mon bébé, pardon. Et pardon de t'avoir amené dans ce monde pourri… C’est un vrai merdier. Mais on s'en sortira, tu verras. Ensemble. »
Un bras réconfortant glisse sur tes épaules, t'enlace tendrement. Tu sens Dennis hocher la tête derrière toi. Rassurant.
« Tous ensemble. »


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4 août 2018
Alors ils viennent se chauffer chez moi, et toi aussi tu viendras

Un à un, les sorciers défilent devant toi, qui avec un sourire, qui avec un check, promettant tous de revenir pour l'ouverture dans quinze jours. Ils ne sont plus que deux – les deux plus importants – qui t'étreignent, avant de se diriger vers la porte à leur tour.
« Tu es sûre que tu ne veux pas venir manger à la maison ? », demande Dennis pour la troisième fois au moins.
« Ni dans un endroit un peu plus calme sans deux terreurs qui courent partout ? », ajoute Sil, sourire moqueur aux lèvres.
Tu lâches un rire, secoue de nouveau la tête.
« Non c'est gentil. J'ai encore deux trois trucs à finir ici et un paquet d'heures de sommeil à rattraper. »
« Quand est-ce que tu récupères Hayden ? »
« Ce week-end, je fais l'aller-retour jusqu'à Liverpool pour aller voir les parents. »
« Ça marche. Du coup, bonne soirée petite sœur ! »
« Rentrez bien ! »
Le carillon de la porte officialise leur départ et voilà seule. Lentement, tu prends le temps d’inspirer profondément, de regarder enfin le résultat de ce week-end complet d’installation, après n’avoir guère levé les yeux de tes listes et de tes post-its depuis des semaines.

Les murs de brique rouge s’étendent en longueur depuis la vitrine impeccable, habillés par endroits de vieilles planches de palettes poncées et vernies. Ils supportent le poids de dizaines d’étagères massives, toutes chargées de livres, jeux, bibelots et souvenirs de tes voyages. Ça et là, des cadres pour mettre en valeur certaines de tes photos favorites, comme un rappel des années écoulées. L’un des copains venus prêter main forte t’a demandé si tu pensais les vendre… Mais tu n’as pas trouvé de réponse. L’idée n’est pas absurde, il suffirait d’une petite étiquette discrète… Mais ça signifierait accepter de vivre encore un peu de ton art et tu n’es pas certaine d’être prête à ces demi-mesures.
Tu as pourtant essayé, depuis deux ans et demi. Et c'était déjà improbable qu'on t'en offre la possibilité. Tu ne faisais pas la fière ce jour de janvier 2016, en poussant la porte de ton rédac’ chef pour lui annoncer que tu ne pourrais plus faire autant de déplacements à l’avenir. Parce que toute inconsciente que tu sois, tu avais encore assez de plomb dans la tête pour ne pas envisager de continuer à courir les fronts de guerre et les catastrophes naturelles avec un futur nourrisson à charge… Tu t’attendais à ce qu’il te dise poliment de prendre la porte – à quoi sert une photo-reporter incapable de se déplacer ? – mais il n’en avait rien fait. Et après quelques jours de réflexion, il t’avait finalement proposé de rejoindre le service en charge de l’actualité nationale, ce qui te permettrait de continuer ton boulot sans plus quitter le pays. Mais immortaliser les meetings politiques, les manifestations et les apparitions de la famille royale… Quel ennui. Ce n’est pas ça, l’âme de ton boulot. Ce que tu voulais en te lançant dans la photo. C’est ce que tu as fini par réaliser, laissant derrière toi cette partie de ta vie, non sans émotion. Pour te lancer dans ce nouveau projet complètement fou : proposer un lieu convivial, de rencontre, d'échange et de partage.

Accoudée au comptoir reluisant, le pari te semble remporté. Il accueillera bientôt la caisse enregistreuse, les percolateurs et des pâtisseries par dizaines que les gourmands pourront déguster autour des tables basses disposées dans la pièce. Tu as couru les brocantes pour dénicher fauteuils usés, vieux canapés et poufs quasiment éventrés, espérant leur donner une seconde vie. Ta maman s’est même proposée pour réaliser d’épaisses couvertures en patchwork, afin de dissimuler les cicatrices des plus abîmés d’entre eux. Tu récupèreras tout ça ce weekend, en même temps que ton petit garçon. Tu as hâte qu’il découvre les lieux, qu’il se les approprie. Que ses dessins rejoignent tes photos au mur, que ses jouets s’éparpillent. Tu veux que cet endroit soit aussi familial et accueillant que la cuisine familiale quand ta mère se mettait aux fourneaux pour confectionner assez de biscuits et de scones pour régaler tout le quartier. Tu lui as même promis qu'il pourrait choisir le nom de l'enseigne.

Derrière toi, la porte s'ouvre à nouveau et te sors de tes pensées. Tu fronces les sourcils en te retournant. L'un des amis de Dennis est de retour. Tu balayes la pièce du regard une nouvelle fois, cherchant ce que l'étourdi a bien pu oublier. Mais lui n'a pas l'air de chercher quoi que ce soit. Il marche directement vers toi, un peu nerveux, ce qui contraste avec sa bonne humeur de tout à l'heure.
« Eileen ? Excuse-moi de te déranger après une journée pareille. C'est juste… Je voulais te dire… J'ai rencontré quelqu'un. »
« Euh… Ok ? »
Qu'est-ce que ça peut me foutre ? La pensée ne dépasse pas tes lèvres, même si ton regard dubitatif la traduit assez bien.
« Et euh… On va se marier. »
« Félicitations ? »
À nouveau : qu'est-ce que ça peut me foutre ? Tu es fatiguée, tu as encore une montagne de choses à faire et pas vraiment envie de jouer les conseillers matrimoniaux pour un ami de ton frère que tu connais à peine. Mais il vient de passer une bonne partie de son week-end ici, pour t'aider à aménager les lieux – il faut dire que ça va quand même vraiment beaucoup plus vite avec leur foutue magie –, alors tu lui dois bien deux minutes de ton temps, non ? Alors tout en rangeant quelques broutilles derrière le comptoir, dissimulant de ton mieux ton air impatient, tu le laisses aller au bout de ce qu'il essaye de te dire.
« Et… C'est une moldue. Et bien sûr, avant de lui faire ma demande, je lui en ai parlé… »
« Ah. Oui, ça doit compliquer un peu. »
La pauvre. Pour le coup, tu n'as pas besoin de te forcer des masses pour sembler compatissante. Tu l'es réellement. Personne ne devrait jamais avoir à côtoyer leur monde de fous furieux. Pour le subir depuis toute petite… tu ne souhaites ça à personne.
« Et bref... Elle a un peu de mal à cerner tout ça. »
Tu m'étonnes…
« Du coup je me demandais... Enfin, Dennis m'a dit de t'en parler. Que peut-être tu pourrais en discuter avec elle ? »
« Oh… je vois. »
En réalité, non, tu ne vois pas. Tu restes même une seconde interloquée. Qu’est-ce qui lui prend, à Dennis ? Merci du cadeau. Que si tu n'avais pas déjà assez à faire entre un petit bout de deux ans et un café sur le point d'ouvrir. Ta première impulsion, ce serait de refuser d'emblée. Non vraiment ça ressemblerait à quoi ? Le club anonyme des gens qui savent que la magie existe ? Ce serait ridicule. Et pourtant... Peut-être pas tant que ça, à la réflexion. Tu sais ce que c'est, de ne pouvoir en parler à personne. De devoir mentir, omettre. De devoir prétendre que son frère s'est tué dans un putain d’accident de moto. Tu sais à quel point ça fait mal. À quel point tu aurais eu besoin de pouvoir en parler à l'époque. Et encore aujourd'hui tiens, chaque fois qu'ils te rendent folle, tes sorciers. Alors… Pourquoi pas ?
« Je te promets rien mais… Tu peux toujours lui dire de passer ici, quand ce sera ouvert ? J'offre le café, je te dois bien ça. Et on pourra peut-être papoter un peu. »
« Oh c'est génial ! Tu es géniale ! Je veux dire... Je lui dirai. Merci beaucoup ! »
Sa bonne humeur revenue est communicative et tu te surprends à lui sourire en retour.
« Je t'en prie. »
« Allez je file, je te laisse tranquille. Merci pour tout et à bientôt ! »
Il disparaît sans demander son reste, comme s'il craignait que tu changes d'avis entre-temps. Tu es à deux doigts de le faire d'ailleurs. Dans quoi est-ce que tu t'es encore embarquée…?
Le club des anonymes qui savent que la magie existe, hin ?
Bloody hell, vous allez en avoir des choses à vous dire…


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27 octobre 2021
Mais depuis toi, le fil du temps n’est pas si droit

Il est là. Devant toi. À quelques pas. D'ici, tu ne parviens pas à distinguer son visage. Mais tu sais qui il est. Tu le sais car ton cœur s'emballe. S'affole. Tu le sais parce qu'il t'ouvre les bras. En grand. Tu le sais puisque sans même y réfléchir, tu combles la distance qui vous sépare. Tu te blottis contre lui. Tu es bien.
Tu lèves un peu la tête vers lui, cherchant ses lèvres. Mais il s'efface. Il s'enfuit. Tu n'as que le temps d'apercevoir son sourire en coin. Ses yeux verts. Une mèche sombre. Avant qu'il ne disparaisse.
Écharpe de brume fugace. Qui s’épaissit. Bientôt, elle est partout. Omniprésente. Autour, il n’y a plus rien. Que de la brume à perte de vue.
Tu fais un pas. Un second. Tu trébuches. Tu tombes. Tu appelles. Mais personne ne répond. Il n’y a personne. Tu es seule. Perdue. L’air te manque. Tu étouffes.
Tu étouffes.


Tu étouffes.
Et brusquement, tu te redresses, cherchant désespérément cet air qui te manque tant. À grandes inspirations affolées, tu halètes, remplissant à grand peine tes poumons. De longues minutes durant, tu restes assises entre tes draps défaits, les joues mouillées de larmes, le souffle court, le cœur battant à tout rompre. Jusqu’à ce qu’enfin, ta respiration s'apaise peu à peu, te laissant pantelante.
D'un geste un peu brusque, tu repousses la couette, descends de ton lit. Le contact du plancher tiède sous tes pieds a quelque chose de rassurant après ces chimères oniriques. Sans bruit, tu te diriges vers la cuisine, remplis un verre au robinet, que tu prends le temps de boire lentement, achevant de t'arracher à ce mauvais rêve. Encore le même.

C'est la troisième fois en quinze jours que tu te réveilles ainsi en sursaut. Avec chaque fois cette brume oppressante, et chaque fois cet homme dont tu ignores tout. Dont le visage s’efface chaque fois que tu tentes de le regarder, te précipitant dans un abysse flou. Il te semble si familier, pourtant… Le début de ton rêve ne trompe pas. Ce sentiment de plénitude lorsque tu le rejoins, cette sérénité… Tu ne les pas inventés. Tu le connais, forcément. Mais alors pourquoi ce mystère ? Et surtout… Qui ?

Quel homme aurais-tu pu oublier ainsi, au point d’en rêver la nuit ? La réponse te frappe soudain comme une évidence. Tu n’as toujours aucune idée de son identité. Mais tu sais pourquoi.
Tu reposes si brusquement ton verre dans l’évier qu’il manque de se briser, et tu t’engages dans le couloir sans faire de bruit, vers cette porte entrouverte d’où filtre un rai de lumière diffuse. La chambre est plongée dans la pénombre, seulement écartée par la lueur timide de la veilleuse Pat’Patrouille. Il dort à poings fermés, enfoncé sous sa couette jusqu’au menton, le visage si paisible que tu sens ton cœur fondre un peu plus encore. Avec une infinie tendresse, tu glisses tes doigts dans ses cheveux clairs, si semblables aux tiens, avant de déposer un baiser sur son front.

Qui que soit cet homme… Tu n’es pas certaine de vouloir le laisser entrer dans ta vie. Dans vos vies. Ton fils a déjà deux parrains merveilleux. Il n’a pas besoin d’un père de ce genre.

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Azrael de Brocas

Azrael de Brocas

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Eileen • Je suis combustible Armoirie-petite

• Âge : quarante-sept ans
• Activité : directeur du groupe Brocas PLC., contrebandier et trafiquant d'art et d'artefacts
• Sang : sang mêlé
• Statut civil : marié à Léonie d'Oriola, deux filles légitimes Rubiel et Ophelia
• Avatar & Crédits : Jon Hamm par ghanimathos
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AdministratriceMessageSujet: Re: Eileen • Je suis combustible [ Eileen • Je suis combustible EmptyVen 22 Oct - 9:53 ]

I love you
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Hervé

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Compte FondateurMessageSujet: Re: Eileen • Je suis combustible [ Eileen • Je suis combustible EmptyVen 29 Oct - 21:24 ]

Passeport validé !


Eileen • Je suis combustible Party-hard

Félicitations, ton passeport est validé Eileen • Je suis combustible 562420812

Olala je dois te dire que ça m'avait manqué de te lire !  Eileen • Je suis combustible 2781753609 C'est un plaisir de découvrir Eileen et d'avancer dans son histoire. Je me sentirais presque mal  Eileen • Je suis combustible 3175445700 En tout cas j'ai hâte de la voir avancer en jeu et de rp avec toi  Eileen • Je suis combustible 169813815

Tu entres maintenant dans le grand bain d'Hervé. Pour fêter cela, nous t'offrons un smartphone, un ordinateur et un appareil photo pour que tu puisses mitrailler chaque grand évènement et immortaliser l'enfance de mon notre fils.

Afin de pouvoir te lancer en jeu, passe recenser ton personnage, afin que nous puissions l'ajouter aux différents bottins.

Tu peux également aller créer ta fiche de liens afin que les autres membres puissent venir te proposer leurs idées farfelues et ton journal de bord pour garder un historique de l'évolution de ton personnage.
Et si tu cherches des partenaires de jeu, c'est par ici.

On a hâte de te retrouver en jeu  Eileen • Je suis combustible 2972540279


Et voici ta fiche de personnage codée, à reposter tu sais où  Eileen • Je suis combustible 2483042718

Eileen Crivey


Âge : 35
Sang : Moldue
Activité : Propriétaire du Paddington Coffee
Points de vie : 6pvs


Caractéristiques

Esprit : 6
Cœur : 8
Corps : 4
Technique : 5


Traits

- Entre deux mondes
- Influente




Code:
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<blockquote><span class=infos>Âge :</span> 35
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<span class=infos>Points de vie :</span> 6pvs

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<div class=titre3>Caractéristiques</div>
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- Entre deux mondes
- Influente

</blockquote>
<center><img src="https://i.ibb.co/c8KkBp6/fiche.png" /></center></div>

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MessageSujet: Re: Eileen • Je suis combustible [ Eileen • Je suis combustible Empty ]

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