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Azrael de Brocas || Sic transit gloria mundi

Azrael de Brocas

Azrael de Brocas

• Rang :
Nazbrok
Azrael de Brocas of
Beaurepaire and Roche Court


Azrael de Brocas || Sic transit gloria mundi Armoirie-petite

• Âge : quarante-sept ans
• Activité : directeur du groupe Brocas PLC., contrebandier et trafiquant d'art et d'artefacts
• Sang : sang mêlé
• Statut civil : marié à Léonie d'Oriola, deux filles légitimes Rubiel et Ophelia
• Avatar & Crédits : Jon Hamm par ghanimathos
• Mornilles : 77
• Hiboux : 76
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AdministratriceMessageSujet: Azrael de Brocas || Sic transit gloria mundi [ Azrael de Brocas || Sic transit gloria mundi EmptyMer 29 Sep - 21:32 ]

Azrael de Brocas
of Beaurepaire and
Roche Court, dit
“Nazbrok”

Thus passes worldly glory
nom de Brocas of Beaurepaire and Roche Court, une source d'orgueil, un nom chargé d'histoire mais parfois lourd à porter ; prénoms Azrael, depuis que nous sommes devenus sorciers, la coutume dans ma famille est d'appeler l'héritier par le nom d'un ange - c'est sans doute poétique, mais le premier se nommait-il Lucifer ? Richard Henri Louis Emilien, héritage de la grandeur passée de ma famille ; date de naissance 31 octobre 1975 ; lieu de naissance manoir Beaurepaire, à Sherborne-St John dans le Hampshire ; le seul domaine que nous avons pu garder en le faisant disparaître aux yeux des moldus ; statut du sang mêlé, nous pratiquons aussi bien les mariages arrangés dans ma famille que la noblesse sang-pur, mais nous n'y cherchons pas la même chose ; emploi/activité directeur du groupe Brocas PLC, une entreprise d'import-export entre les mondes sorciers et moldus créée par mon grand-père Ramiel ; contrebandier et trafiquant d'art et d'artefacts, une autre tradition familiale créée par le même grand-père ; statut civil et orientation sentimentale très heureusement marié à Léonie d'Oriola, avec laquelle je partage la même vision du couple, nous formons en secret un trouple libertin avec Herman Wintringham ; bisexuel ; père de  Rubiel et Ophelia, nous essayons depuis quelques années d'avoir un fils ; il paraît que mes traits sont reconnaissables sur le visage d'un jeune moldu dont j'ignore tout ; patronus un albatros, libre ; épouvantard moi-même, le visage creusé, les cernes intenses : le souvenir de ce que j'ai été, à Azkaban ; baguette bois de mélèze, trente-et-un centimètres, très souple, "Une baguette convenant aux personnes aux talents cachés et particulièrement adaptable" m’avait dit Ollivanders en me la vendant ; études chapeauflou réparti à Serdaigle après onze longues minutes de discussions en pensée avec le couvre-chef qui me voyait bien chez Serpentard également ; un parcours par la London School of Economics côté moldu pour reprendre l'affaire familiale ; capacités particulières occlumens et legilimens, autre habitude dans la famille, celle-là particulièrement salvatrice selon moi

Caractère
ambitieux et rusé 🗲 ce qui a bien failli m'envoyer chez les verts et argent ; érudit et curieux 🗲 ce qui m'a offert ma place chez les bleus et bronze ; orgueilleux et patient 🗲 les qualités nécessaires quand on est un de Brocas of Beaurepaire and Roche Court, car il faut être fier pour porter les couleurs de cette famille, et patient pour supporter qu'elle ait été si parfaitement oubliée ; chaleureux et doux 🗲 quelque chose que je ne retrouve pourtant pas vraiment chez les miens, mais je crois pouvoir me vanter d'être un homme sympathique ; manipulateur et hypocrite 🗲 j'ai pourtant, je l'admets volontiers, les défauts des miens, la facilité à mentir et à tordre la vérité à mon avantage ; séducteur et loyal 🗲 on pourrait croire que cela ne va pas ensemble, qu'on ne peut pas être fidèle mais toujours ouvert à d'autres horizons : pourtant ce n'est qu'une façon de voir les choses ; je suis loyal à ma famille, d'une façon totale et absolue, à mon épouse, même endormie dans les bras d'une autre, jusqu'à la mort, à mes amis et collaborateurs également, une loyauté qui efface la peur du danger et éloigne parfois la raison ; traumatisé 🗲 ce qu'il est navrant de se définir en ces termes, mais s'il faut que je sois raisonnable et objectif en me dépeignant : de fait, ce que j'ai traversé m'a marqué trop profond, et les blessures ne se referment pas ; j'ai peur de l'obscurité, de pièces étroites et fermées, du givre quand vient l'hiver - et surtout surtout, de retourner à Azkaban, de revoir les détraqueurs ;

Anecdotes
Je parle couramment le français, j’ai appris en écrivant à ma fiancée quand j’étais plus jeune, et j’ai parfait mon accent avec mes filles. 🗲 De la guerre, je garde un souvenir cuisant : une longue cicatrice qui part de mon épaule et descend sur mes omoplates jusqu’à mes reins, et de trop nombreux cauchemars et névroses. 🗲 Je me suis passionné d’astronomie à Poudlard, et je perds encore régulièrement dans les étoiles la nuit. 🗲 Je fais du piano et de la harpe, plutôt bien d’ailleurs j’ai tenu à devenir meilleur musicien que ma soeur qui m’écrasait toujours à l’escrime quand nous étions plus jeunes. 🗲 Je ne me sépare jamais de mon Ipod, une antiquité moldue datant de la dernière décennie, offerte par un client à l’époque. Comme je n’arrive plus à mettre de musique dessus, toutes mes playlists datent un peu. 🗲 Je suis particulièrement douillet, un petit rhume me fera me plaindre pendant des heures comme si j’étais à l’agonie, et la moindre coupure devient un drame.

Questions
Que faisais-tu le 13 octobre ? Comment as-tu vécu cette journée ?

TLDR:

J'avais rendez-vous au Ministère, pour faire valider un contrat par l'organisation internationale du commerce magique. Je venais de rentrer dans l’ascenseur, ce qui m'avait déjà demandé un effort extrême, avec un autre homme que j'avais déjà vu il y a cinq ans. Mon esprit vagabondait déjà vers les souvenirs que je lui avais demandé d'effacer chez une autre, sans doute pour me distraire de la situation, quand la cage s'est figée d'un coup, et toute source de lumière a disparu. Je suis resté figé, surpris ou déjà paniqué je ne saurais le dire. L'autre a tenté de lancer un sort, moi aussi, aucun de nous n'a réussi. Je me suis écroulé. Je n'arrivais plus à réfléchir, mon corps ne m'obéissait plus. Les souvenirs me sont revenus à la faveur de l'obscurité, cette peur, ce désespoir, cette résignation, cette certitude, terrible, que la mort viendrait. L'homme grattait les murs, et moi je sanglotais, persuadés que les détraqueurs arriveraient bientôt, que le sursis que m'avait accordé le destin venait de sauter, que l'horreur allait recommencer.

Combien de temps est-ce que cela a duré ? Je me suis vu mourir, dans cette cage d’ascenseur, oublié, enfermé, enterré vivant dans les profondeurs du Ministère. J'ai eu le temps de penser que cette mort serait peut-être plus pitoyable encore que celle que j'avais craint à Azkaban. Et puis ma main a frôlé ma poche, et par réflexe j'ai sorti mon Ipod. L'écran qui n'avait jamais voulu s'allumer au Ministère était clair, lisible. C'était de la lumière – trop peu, mais c'était déjà ça. C'était de la musique aussi, pour ne plus penser, même si cela voulait dire risquer d'épuiser la batterie. J'ai mis les écouteurs, sans réfléchir, et j'ai allumé la playlist qui jouait.

I heard you on my wireless back in '52
Lying awake, intent at tuning in on you
If I was young, it didn't stop you coming through
Oh-a, oh-a

Je crois que c'est l'autre, Jin, qui le premier s'est sorti de cette torpeur qui nous avait saisi, qui avait suivi la panique. Lui qui a posé sa main sur mon bras, qui m'a convaincu que nous devions agir pour sortir – mais je n'en suis pas certain. Peut-être que c'était moi ? Cette journée est si floue, les images se mélangent... Nous avons forcé la grille, c'était la partie la plus facile. Après il a fallu réussir à s'extraire de l'ascenseur, et se glisser jusqu'au sol de l'étage le plus proche, à la lumière de mon vieil Ipod. C'est sans doute un miracle que nous en soyons sortis vivants.

Nous nous sommes retrouvés dans un couloir sombre, vide et silencieux que je ne connaissais pas, avançant à tâtons. Et puis, il y avait une porte avec une très fine lumière qui filtrait dessous, qui n'a pas résisté quand nous l'avons ouverte.

Devant nous, des étagères, des murs entiers couverts de petites fioles dans lesquelles flottaient de fins filaments de souvenirs, et plusieurs pensines au milieu. Pourquoi avons-nous fait cela ? L'adrénaline, la peur, la certitude de n'avoir plus rien à perdre peut-être... Nous avons attrapé les fioles, et nous avons plongé ensemble nos visages dans la pensine, nous avons passé un temps qui m'a paru fou entre le présent et le passé.

Comment cela m'est-il venu ? Je regardais les fioles, les noms, et soudain le nom de Nigel Wright est apparu dans mon esprit. Et il était là, sur une étagère, et tous les souvenirs qui l'ont envoyé à Azkaban. Et au milieu de toutes ces fioles, une date que je n'aurais pas pu oublier : le 9 novembre 1997. Je ne sais pas ce qui m'a poussé à prendre la fiole, à en verser le contenu et entraîner mon compagnon d'infortune dans l'un de mes pires souvenirs. Ce soir là, les rafleurs, la mort de Donovan, la torture des deux jeunes, la mienne... Je crois que je voulais simplement le revoir par ses yeux, essayer d'estimer ce qui m'avait échappé à l'époque... J'ai frémis, je crois, en m'attendant prononcer le sortilège de mort.

Nous avons enchaîné sur quelques autres souvenirs qui ne paraissaient pas très important, et puis quelques fioles étiquetée Mondingus Fletcher ont attiré mon attention. Curieux de découvrir ce que l'on avait vu dans l'esprit de mon vieux camarade, je me suis plongé dans leur étude, priant pour ne rien trouver qui me compromettrait... Rien, à ma grande joie.

Et puis la catastrophe. Nous venions de regarder une nouvelle scène, et Jin a fait glissé une fiole. En essayant de la rattraper, je crois que j'ai empiré les choses en provoquant une autre chute, et nous avons vu, impuissants, au moins deux récipients se briser sur le sol. Nous avons soudain été saisi d'une sorte de frénésie angoissée, rangeant, effaçant nos traces du coin de la manche, mais sans magie impossible de récupérer les précieux souvenirs qui disparaissaient déjà sur les dalles froides. Alors, nous avons quitté la pièce sans demander notre reste, et en sachant qu'il ne faudrait plus jamais reparler de cet événement – si nous survivions.

Nous avons erré un moment, sans que d'autres lumières ou d'autres voix que les nôtres ne viennent jusqu'à nous... J'avais froid, j'avais faim, j'étais épuisé, et seule la peur de mourir seul dans un couloir isolé me maintenait en mouvement... Et puis, comme tout s'était arrêté, tout est revenu d'un coup. La lumière, les sons, les gens aussi, rapidement après. On nous a retrouvé, et je me suis laissé raccompagner sans dire un mot, réalisant difficilement ce qui venait de m'arriver.

Que penses-tu de la brèche et de l’implosion du Secret magique ?
Le drame de ma famille, c'est que nous sommes trop attachés à nos origines moldues pour le monde sorcier. Nous ne nous intégrons pas, parce que certaines de nos valeurs ne viennent pas de l’Angleterre magique. La fin du secret, c'est la plus belle chance que nous aurons jamais de restaurer notre grandeur passée – de dépasser même peut-être les accomplissements nos glorieux ancêtres. Le groupe Brocas PLC peut devenir le premier d'un marché ouvert autant aux moldus qu'aux sorciers – et la noblesse anglaise n'a pas totalement oublié notre nom. Nous pourrions représenter des intérêts sorciers dans des cercles d'influence moldus, nous démarquer, et ouvrir la voie à une belle et très lucrative coopération entre les peuples. Et regagner nos titres, nos terres spoliées, et les honneurs auxquels nous devrions avoir le droit.

Hors jeu
Identité : Ghanimathos ; As-tu déjà fait du jdr forum ? Oui ; As-tu déjà fait du jdr vocal ? Oui ; Comment as-tu découvert le forum ? Je sais tout ! ; Avatar et crédit : Jon Hamm par anon-is-graphing ; En cas de départ, mon personnage peut devenir [X] être tué par le staff ; Un dernier mot : *evil laugh* ;
https://revelarevelum.forumactif.com/t25-azrael-de-brocas-sic-tr
Azrael de Brocas

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Beaurepaire and Roche Court


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AdministratriceMessageSujet: Re: Azrael de Brocas || Sic transit gloria mundi [ Azrael de Brocas || Sic transit gloria mundi EmptyMer 29 Sep - 21:37 ]

tw : pensées suicidaires, homophobie, violences, meurtre, torture


Nazbrok

Chronologie:

I - La famille est un ensemble de gens qui se défendent en bloc et s'attaquent en particulier.

Nous sommes une sorte de Sisyphe. Je ne sais pas ce que nous avons fait pour mériter cette punition, quel crime avons-nous commis à l’origine ? Pourquoi purgeons-nous notre peine ? Nous traînons cet énorme rocher : ce nom, cet héritage, cet orgueil, cette Histoire. Les de Brocas of Beaurepaire and Roche Court m’ont volé mon enfance et volent celle de mes enfants tout comme ils l’ont fait pour tous ceux qui sont passés avant nous ces deux derniers siècles et demi. Et sans cesse le rocher retombe, sans cesse il nous entraîne. Qu’est-ce que nous aurions accompli comme exploits s’il n’était pas resté notre priorité - si nous avions su y renoncer…

Nous devons alors bien être maudits par quelque esprit mâlin, parce que nous nous acharnons, les uns après les autres, de père en fils, depuis le tout premier. Étonnant d’ailleurs, je peux remonter la ligne de mes ancêtres sans problème jusqu’au XIIème siècle, mais pas l’identifier lui. Impossible de dire quelle branche malade a empoisonné l’arbre. Le premier sorcier… Étaient-ils heureux alors, mes ancêtres, de savoir que l’un d’eux était différent, meilleur peut-être ? Et puis, le Secret Magique, les années à Poudlard, le mensonge intenable… Il restait un peu d’espoir tant qu’il restait des moldus - et il y a eu de belles réussites d’ailleurs alors que ce qu’il restait officiellement de la famille était réduit à peau de chagrin. Et un beau jour, les seuls héritiers étaient sorciers, il a fallu se faire oublier du monde moldu - et l’être. S’abaisser à des mariages que l’on aurait jamais accepté, voir nos domaines éparpillés aux quatre vents, offerts à d’autres, et ne surtout rien dire pour ne pas avoir à expliquer.

Mon histoire, bien malgré moi, n’est qu’une partie de cette histoire de famille. Elle commence bien avant ma naissance, et ne prendra pas fin à ma mort - mais ce n’est pas vraiment la mienne.

🗲Arbre généalogique de la famille de Brocas of Beaurepaire and Roche Court depuis Ramiel (1882-1979), grand père d'Azrael

La famille de Brocas of Beaurepaire and Roche Court, c’est une famille dont on peut trouver des traces dès le XIIème siècles. Les petits barons d’Aquitaine fidèles aux Plantagenêts émigrent peu à peu en Angleterre pour y servir leur roi, et fondent la branche qui m’a donné mon nom. Les de Brocas of Beaurepaire and Roche Court en Angleterre moldue, c’est près de quatre cent soixante ans de gloire et de douleurs, de grandeur et de malheurs. Si nous avons été maudits, ce sera sans doute en suivant ces rouquins de l’autre côté de la Manche puisque, les premiers, ils ont provoqué notre ruine. Cette famille, c’est un illustre ancêtre dont on ne donne le titre qu’en latin - pour le decorum - valettus regis, ce sont les anciens maître du château de Windsor, c’est le gisant d’un membre de notre sang à l’Abbaye de Westminster, c’est trois siècles avec la charge de Grand Veneur, un Lord Maire de Londres, des prouesses guerrières…C’est aussi faillite sur faillite, des générations décimées dans les batailles et d’autres abruties par le vin, jusqu’à l’ultime attaque du destin dont nous ne devions jamais nous relever totalement : la magie.

Une des questions qui me taraudait particulièrement adolescent, c’est pourquoi à cette époque nous avons préféré nous raccrocher aux reliques de ce que nous étions plutôt que de nous fabriquer une nouvelle noblesse dans le monde sorcier. Ça n'aurait sans doute pas été si difficile. Au lieu de cela, nous avons dilapidé l’héritage familial plutôt que de travailler, nous avons continué à nous marier avec des moldues - pourvu que leur père ait un nom à particule - nous éloignant de fait des sang purs et de leurs idéaux, et nous avons sombré. Le rocher a écrasé tous ceux qui tentaient de le traîner.

Je me souviens d’une visite, enfant, de l’abbaye de Westminster. Pour visiter ce vénérable ancêtre qui y repose, pour entendre une fois de plus combien nous avions brillé, avant de dépérir... Il y avait un petit guide explicatif sur cette section, et il y avait le blason de la famille, celui du temps moldu. Ecartelé, 1 et 4 de sable léopard lionné d’or, 2 et 3 de sable deux léopards d’argent posés l’un sur l’autre. Je devais pas avoir plus de six ans à l’époque, mais ce qui me marque en y repensant c’est que cela voulait déjà dire quelque chose pour moi. Ce blason, ma famille l’avait gardé, même morts aux yeux des moldus, jusqu’à ce que mon grand père Ramiel décide d’agir. Mon père admirait déjà le sien de son vivant, à son décès il s’est mis à lui vouer un véritable culte. J'ai peu de souvenirs de lui, mais il hantait mes pas, il était partout dans ma vie, partout à la maison… Il était là, avec nous, devant le gisant, parce qu’il y avait emmené mon père et mon oncle quand ils étaient enfants, pour leur servir le discours que nous nous apprétions à entendre à notre tour.

Je n’ai pas eu le cœur d’y emmener mes filles encore - si jamais je venais à avoir un garçon, je préfèrerais ne pas le faire deux fois… Je préfèrerais ne pas le faire tout court. Je sais la force qu’ont eu ces mots sur moi, combien ils ont dirigé ma vie - et je me demande ce que cela ferait au monde si pour une fois, il existait des de Brocas avec un libre arbitre.

Que comptes-tu faire pour mériter cet héritage ?

J'ai oublié les mots exacts, je sais qu'il était question de devoir, de grandeur, d'actes. Et cette phrase, cette phrase qui me hante toujours. Non seulement il fallait pousser le rocher, mais en plus il était maintenant question de s'en montrer digne, de se féliciter de notre asservissement.

Mon grand-père lui détestait le sien, ainsi que son père et ses oncles. Et aîné de la branche principale, il a transmis ce mépris et cette colère en même temps que son nom et sa gloire. Né après ce qu'il considérait être un siècle de bêtises et d'enfantillages, il avait refusé de vivre ainsi. C'est lui qui a redressé la famille, en fondant l'entreprise Brocas, en choisissant de faire de notre plus grande faiblesse - notre attachement aux reliques du passé, notre incapacité à nous détacher pleinement du monde moldu - notre plus grande force. Entre les deux mondes, la toute jeune corporation familiale allait devenir en quelques décennies à peine l'une des plus grandes entreprises d'import-export entre le monde sorcier et moldu du Royaume Uni magique ; mais pas seulement. Il a vidé nos greniers, sorti les œuvres d’art, les bijoux, les tapisseries. Il a vendu l’essentiel de nos trésors, sous le manteau. Il a sacrifié une partie de notre héritage pour nous obtenir des contacts Il a monté une magnifique arnaque, jouant sur tous les tableaux, une machine si bien huilée qu’elle est demeurée presque identique jusqu’à moi. Profitant de l’opacité du monde magique pour le monde moldu, et inversement, il s’est fait marchand d’arts, d’armes, d'artefacts magique et receleur. Et étrangement, faire de nous des criminels nous a permis de nous relever - cela a si bien fonctionné qu’il était impensable pour mon père comme pour moi de ne pas marcher dans ses pas.

ll a aussi repensé notre blason. Ecartelé, 1 et 4 de pourpre léopard lionné d’or, baguette de sable, 2 et 3 de sable deux léopards d’argent posés l’un sur l’autre. La baguette est d’un noir plus profond, elle tranche. La nouvelle famille de Brocas of Beaurepaire and Roche Court allait se tourner vers l’avenir, accepter son fardeau et sa malédiction, et relever la tête.

Voilà comment on devient dès six ans parfaitement fanatisé.

Le problème, c’est que quand on cesse de se penser comme des chevaliers médiévaux et qu’on commence à se projeter comme contrebandiers, on peut certes prospérer, mais on change quand même totalement de paradigme. On n’est plus des héros. On a plus rien à voir avec ces ancêtres chéris.

Que comptes-tu faire pour mériter cet héritage ?


Procès du 12 novembre 1997

En ce jour, comparaissent devant la Cour :
Azrael Richard Henri Louis Emilien de Brocas of Beaurepaire and Roche Court, né le 31 octobre 1974 à Sherborne-St John, lequel est accusé de haute trahison, d’intelligence et de collaboration avec les ennemis de la nation, d’avoir assassiné Donovan Richardson et d’avoir permis à onze criminels nés-moldus de quitter le territoire.
Son père Raphael Arnaud Armand Richard Bernard de Brocas of Beaurepaire and Roche Court né le 11 avril 1914, son oncle Selaphiel Bernard Guilhem John de Brocas of Beaurepaire and Roche Court né le 23 juillet 1928 à Sherborne-St John et son cousin Richard Louis Guilhem Bernard de Brocas of Beaurepaire and Roche Court né le 21 décembre 1974 à Sherborne-St John, tous trois ses présumés complices.

Il a été apporté à la Cour les preuves que le prévenu obtenait aux terroristes de l’Ordre du Phénix des ressources depuis plus d’un an et qu’il dirigeait personnellement un réseau de contrebande.

La Commission d’Enregistrement des Nés-Moldus a pu prouver que le prévenu avait organisé le départ pour l’étranger de onze sang-de-bourbes qui ne se sont pas présentés à leur convocation. La présidente de la Commission, Mrs. D. Ombrage a insisté sur le fait que cela faisait de Mr. de Brocas of Beaurepaire and Roche Court le complice de leurs crimes, et elle a réclamé que le prévenu soit soumis au baiser du détraqueur.

L’examen de la baguette du prévenu a prouvé qu’il a bien lancé le sort de mort qui a heurté le jeune Richardson, et les témoins ont précisé que le jeune homme lui tournait le dos et ne présentait pas pour lui une menace immédiate.

Il a cependant été démontré que son père, son oncle et son cousin n’étaient pas au courant de ses crimes et n’y ont pas pris part.

Nous avons prononcé le verdict suivant :
La famille de Brocas of Beaurepaire and Roche Court est condamnée à verser
11 700 gallions de dommages et intérêts.
Tous les membres de la famille de Brocas of Beaurepaire and Roche Court perdent leur droit d'éligibilité au Magenmagot.
Richard de Brocas of Beaurepaire and Roche Court est condamné à trois mois de travaux d’intérêts généraux pour outrage.
Raphael, Selaphiel et Richard de Brocas of Beaurepaire and Roche Court sont tous les trois assignés à domicile tant que l’ensemble du réseau de leur parent n’aura pas été mis au jour. Ils pourront être à nouveau jugés s’ils ne collaborent pas avec les autorités.
Azrael Richard Henri Louis Emilien de Brocas of Beaurepaire and Roche Court est condamné à la perpétuité et purgera sa peine dans la prison d'Azkaban.


II - Quand j'étais petit, j'étais un jedi

Il y a un avant, et un après. Les vingt trois années qui conduisent à mon incarcération et les vingt trois années qui suivent. Azkaban a tout abîmé. Mes plus beaux souvenirs : ternis, nuancés ; les pires encore si clairs et vifs, même ceux que j'aurai du depuis longtemps laisser disparaître. Un magma de honte, de colère, de malaise, alors que tout le reste... Je sais que j'ai eu une enfance heureuse. Je sais que j'ai été choyé, qu'on a dépensé une énergie et des sommes folles pour m'éduquer, qu'on a suivi avec fierté mes progrès. Poudlard aussi a été une période merveilleuse, j'aimais les cours, j'aimais ma maison... Et pourtant, tout est gris. Tout est fade. J'ai des images, mais quelque chose est passé sur elles. Je me vois à cinq ans, émerveillé devant les bustes familiaux que ma grand mère faisait chanter pour moi pour me réconforter, je vois encore mieux la méchanceté de ma sœur qui venait de me pincer ; je me vois échanger mon premier baiser sur les bords du lac de Poudlard, je me souviens encore mieux de la honte et de la peur d'en parler à ma famille ; je me vois faire ma rentrée à la London School of Economics, je me souviens surtout de la trouille et de la gène.

Je me souviens du visage de mon grand père, je sais qu'il faisait peur, seul et sombre au bureau. J'ai plus de mal à retrouver celui de ma grand mère. Ils sont morts quand j'avais cinq ans, et c'est le plus ancien souvenir que je peux convoquer. Tant de douleur et de colère... Je me souviens des deux brigadiers un peu piteux qui tenaient leurs chapeaux mouillés, de leurs mots que je n'avais pas compris alors mais qui scelleraient mon destin quelques années plus tard. Assassinés par ses partisans. Un message pour le neveu de ma grand-mère, un certain Bartemius. Ma sœur pleurait, ma mère caressait le dos de mon père sans rien dire, et lui qui faisait cette terrible grimace, comme si son visage allait s'ouvrir en deux et qu'il fallait qu'il force sur ses traits pour que ça n'arrive pas.

J'étais un môme : mieux, j'étais un de Brocas of Beaurepaire and Roche Court. Ça faisait de moi un vrai chevalier, comme dans les contes. J'étais persuadé d'être destiné à de belles et grandes choses, inconscient à l'époque de la noirceur du chemin que celui-là même que l'on pleurait avait tracé pour moi. J'allais être un héro, et un jour attraper ceux qui leur avait fait du mal, et faire en sorte qu'ils ne recommencent plus jamais. Je n'en aurais pas eu l'occasion finalement : le jour de mes sept ans, Voldemort allait disparaître, et eux être attrapés par la justice, et condamnés par ce Bartemius Croupton qu'ils avaient voulu menacer à la perpétuité à Azkaban. Ça semblait juste à l'époque...

Et puis j'ai eu onze ans, et j'ai été admis à Poudlard.
Le jour où je suis parti, je me suis rendu compte qu'il me faudrait convaincre les autres que j'étais différent, que mon seul nom n'y suffirait pas. Mais que j'avais d'autres capacités...

« Je peux m'asseoir ? »
Il y a deux garçons dans le wagon. Le premier, un blond au visage creusé, me fait un grand sourire en tirant les affaires à côté de lui pour me faire une place ; le second, un brun, se pince les lèvres en me regardant des pieds à la tête. « T'es qui ? Je fais pas le trajet avec n'importe qui moi. » Je bombe le torse, caressant sur mon pull l'écu brodé de ma famille. « Azrael de Brocas of Beaurepaire and Roche Court. Et toi ? » Étrangement, il n'a pas l'air particulièrement impressionné. « Nan mais j'veux dire, tes parents sont sorciers ? » Je crois que je suis piqué qu'il ne connaisse pas mon nom, et je jette un regard au blond qui hausse les épaules. « Mon père ouais, mais t'es qui toi ? » Le brun a un sourire un peu méprisant. « Sang mêlé hein ? Je suis Marcus Flint. Et lui là, c'est Herman Wintringham. Il est clean, y a que sa grand mère qui était une sang-de-bourbe, mais elle est morte. » Herman fixe ses chaussures sans rien dire, j'ai l'impression qu'il cherche à s'enfoncer dans le cuir derrière lui. Je connais la famille Flint de nom – toutes les familles nobles du monde magique en fait, mais celui-là me fait vraiment l'effet d'un crétin fini. J’acquiesce sans lui répondre, avant de m'asseoir et de tendre au blond une chocogrenouille. « T'en veux ? J'ai croisé le chariot en cherchant une place, j'ai fait le plein. » Son visage semble s'illuminer alors qu'il accepte. « Et sinon, vous voulez aller dans quelle maison ? » Marcus semble agacé que je ne lui propose rien, et cherche à reprendre le contrôle de ce qui se passe dans le wagon. « Moi à Serpentard, ce sont les meilleurs, et presque toute ma famille y est allé. » Je penche la tête sur le côté en arrachant la tête en chocolat de la sucrerie. Dans ma famille, on va un peu partout, sauf à Poufsouffle. « Moi j'irai bien à Serdaigle, c'était la maison de mon père. » C'est à moi qu'Herman parle, certainement pas à l'arrogant assis en face de nous. « Je sais pas. Ma sœur est à Serpentard, en dernière année, je suis pas certain de vouloir être avec elle, elle est... enfin voilà. Alors je sais pas, le Choixpeau décidera pour moi. »

...

« Quand j'appellerai votre nom, vous mettrez le choixpeau sur votre tête et vous vous assiérez sur le tabouret. (…) De... De Brocas of Beaurepaire and Rochecourt ? »
L'agacement, très léger, si léger que je ne l'ai compris que des années plus tard en y repensant allongé contre la pierre froide et humide. Le trajet avec Flint et Herman résonnait encore très fort en moins. Pour qui il se prenait, cet imbécile, pour me regarder de haut – moi ? S'il ne connaissait pas mon nom, si personne ici ne le respectait comme il aurait du, je leur montrerai moi, je... !
Oh je vois. Très intéressant.
Cette voix, cette voix est restée bien trop longtemps dans ma tête. Onze minutes. C'est long, c'est très long onze minutes. Et les regards, chacun des étudiants, chacun des professeurs me scrutant, leurs discussions étouffées autour de moi, leurs questions, mes questions et cette voix. Et ces doutes. L'ambition, les rêves de grandeur, Serpentard, la curiosité, le goût des bibliothèque et de l'érudition, Serdaigle. Deux chemins possibles, deux voies quasi-égales, des prédispositions pour les serpents et les aigles. Et des centaines d'yeux fixés sur moi. Mais comment ça marche, exactement ? Comment tu peux hésiter aussi longtemps ? Comment vas-tu trancher ? Est-ce que ça va durer longtemps, tout le monde me fixe ?
Mais tu aimes ça.
Oui, mais... Pas comme ça.
Tu aimes le contrôle.
J'aime surtout comprendre ce qui se joue.
Et utiliser cette connaissance. Dans ce cas, Serdaigle !

J'en ai reparlé à Herman, il y a quelques temps. Je lui ai raconté, et je lui ai dit combien j'étais triste que les sentiments désagréables – la vexation face à Flint, le malaise sous le Choixpeau avec tous ces visages tournés vers moi – soient finalement ceux qui colorent le plus ces souvenirs – que j'ai oublié la joie, l'excitation, la chaleur. Il a souri, il m'a dit que c'était déjà suffisant de se rappeler le jour de notre rencontre et il a dit que Marcus devait être vert de jalousie qu'il ait pu avoir une carte de chocogrenouille à son nom malgré sa grand mère née moldue.

En revanche, je ne me souvenais pas que c'était lui qui avait trouvé mon surnom. Je sais que je le porte depuis notre troisième année, qu'il était trop bien trouvé et qu'il me colle à la peau tant est si bien que dans mon cercle proche ou dans mon cercle d'affaires, je soupçonne quelques personnes d'ignorer que je m'appelle Azrael. C'était une après midi trop simple, trop joyeuse pour que le souvenir résiste aux détraqueurs. Herman m'a dit que je révisais mes cours de runes, et que c'était naturellement arrivé dans la conversation. Une blague pour dire que j'aimais trop les vieilles choses, puis une autre pour dire que j'en étais peut-être moi-même une, de vieille chose, avec mon nom trop long et mes habitudes surannées. Et puis, Azrael de Brocas s'est transformé en Nazbrok, à force de rires entre amis, Herman s'est exclamé que ça m'allait incroyablement bien et qu'il ne m'appellerait plus autrement – et c'est resté.

Poudlard a été, je crois, malgré le brouillard grisâtre, une période merveilleuse. Une période où je me suis senti libre, vraiment, pour la seule fois de ma vie. Pendant quelques années, l'antique château a été un rempart, une protection entre celui que je voulais devenir, que j'étais, et les ambitions et projets de ma famille. Cela ne m'y atteignait pas. Mon père voulait que je reprenne l'entreprise familiale, mais j'étais libre de me concentrer sur la métamorphose et les runes qui me passionnaient bien plus ; ma famille avait déjà arrangé mon mariage avec une étrangère de sept ans ma cadette, je me découvrais bisexuel en embrassant Herman au bord du lac alors que je venais de fêter mes seize ans. Je m'en souviens ça, parce que je me souviens de la honte, de la peur, de la crainte que quelqu'un l'apprenne, de ce que me feraient les miens... Mais je sais, sans me souvenir des mots exacts, qu'il avait réussi à m'apaiser, parce que c'est ce qu'il fait toujours. Parce que c'est pour cela que je suis tombé amoureux de lui, et que je l'aime comme au premier jour, trente-deux ans plus tard.

L'année de mes BUSES, l'année de ce baiser, c'est la dernière année où j'ai réussi à laisser les de Brocas of Beaurepaire and Rochecourt au portail. Mais l'été suivant, nous sommes en partis en France, et ils m'ont rattrapé.

C'est gênant. Je ne m'imaginais pas que cela serait si gênant. Elle me fixe depuis l'autre bout de la table, avec ses jolies nattes blondes, sa robe bleue, son sourire poli. Elle a fait une petite révérence quand nous nous sommes présenté, « Léonie d'Oriola, enchantée. » Tout est parfait, tout est bien trop parfait. Rien n'a l'air naturel, rien ne l'est – même les questions que me posent son père, les discussions entre nos mères, la façon dont elle utilise ses couverts. C'est idiot, c'est n'importe quoi – elle n'a même pas la moitié de mon âge, et je devrais l'épouser ? Mais j'ai Herman moi, j'ai une vie, en dehors de tout cela... Et elle, elle ne voudrait pas autre chose ? Elle a l'air d'une gentille gosse, elle mérite mieux... Je tire nerveusement sur ma cravate, ma sœur me donne un coup de coude – la chaleur est écrasante, mais il faut faire bonne figure. Ça parle en français, il y a d'autres d'Oriola, d'autres de Brocas of Beaurepaire and Rochecourt, et même des de Brocas, ces si lointains cousins français... Je donnerai n'importe quoi pour partir, mais je ne peux pas. C'était plus amusant, quand j'étais enfant, mais maintenant je me rends compte, je comprends : c'est ça, ma vie ? C'est à ça que je suis destiné ? Je me suis arrangé pour ne pas la croiser de l'après midi, mais il a fallu lui dire aurevoir. Avant de me laisser partir, elle m'a fait signe de me pencher vers elle, et m'a demandé le droit de m'écrire avant de m'embrasser sur la joue.

Je ne sais plus comment j'ai concilié cette existence à laquelle on m'avait promise et qui devenait plus réelle, plus imposante et plus insupportable au fur et à mesure que je grandissais, et ma vie à Poudlard. Nommé préfet, j'avais l'impression que les responsabilités futures me rattrapaient déjà... Mais j'ai tenu, jusqu'à l'obtention de mes ASPICs dans le contexte plus que troublé de l'année scolaire 92-93. J'ai eu des résultats plus que satisfaisants, brillants même dans certaines matières, mais cela n'a pas suffi à convaincre ma famille que je pouvais faire autre chose, que je devais faire autre chose. Et à leur contact, le gamin sûr de lui, le gosse fanatisé est revenu. J'ai cédé, j'ai courbé l'échine, et j'ai suivi les cours particuliers que l'on m'avait dit de prendre pour me remettre à niveau, pendant que mon père couvrait de dons la direction de la London School of Economics. En septembre 1994, j'y entrais. C'était étrange pour moi, d'aller en cours avec des moldus, de les fréquenter, mentir encore, toujours. Comment peut on mal considérer le mensonge, quand tout nous force à y revenir ? Où est-ce que j'ai étudié ? Mensonge. Quel genre de match je vais voir cet été ? Mensonge. Qu'est-ce qui me passionne ? Mensonge. Est-ce que je suis avec quelqu'un ? Mensonge, aussi, même si celui-là aurait moins choqué dans ma promotion que dans ma famille je pense. Le diplôme visé était là pour servir de caution plus qu'autre chose, pour faire sérieux plus tard, mais il n'était pas tant un enjeu que cela. Pourtant, en bon Serdaigle, je me suis largement dédié à ces études, les deux premières années au moins. Mais alors que je passais mes examens de deuxième année, tout a changé.

III - We can beat them, just for one day ; we can be Heroes, just for one day

Les rumeurs avaient été difficiles à ignorer l'année qui venait de passer, mais ce n'était encore que des rumeurs. D'accord, il y avait eu les évasions d'Azkaban, d'accord le discours du Ministère devenait presque louche à force de se vouloir rassurant, à force de diaboliser Dumbledore et Potter. Mais ce matin là, alors que je descendais prendre mon petit déjeuner, notes dans les mains pour mes partiels du jour, le visage de mes parents m'avait arrêté net. Ils se sont contentés de me tendre le journal en me pointant la Une. Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom de retour, de multiples témoins assurent avoir vu le mage noir au Ministère de la Magie. Le monde magique britannique a été violemment tiré de son déni, et moi avec.

Lors de ma seconde année à Poudlard, les nés-moldus étaient pétrifiés, menacés. J'avais de très bons amis nés-moldus, et lors de ma licence je m'étais fait de bons amis moldus... Je n'ai jamais compris la doctrine puriste, elle ne faisait pas parti du conditionnement familial. Et je me souvenais de mes grands parents, de la promesse que je m'étais faite, gamin, d'attraper ceux qui leur avait fait du mal et de les empêcher de recommencer. J'avais vingt-deux ans, j'étais con, j'étais certain que je pourrai faire une différence. Il fallait juste que je me prépare. J'ai été particulièrement appliqué lors de cette dernière année d'étude, et j'ai fait mon stage au sein de la Brocac PLC dans laquelle je devais de toute façon entrer pendant l'été qui suivrait.

Heureusement pour mes ambitions, mes envies d'héroïsme, mon grand père avait préparé le terrain. Depuis deux ans maintenant, mon père m'enseignait l'occlumancie, sans me dire pourquoi. Il n'en a pas eu l'occasion lui-même, à l'automne, il attrapait une dragoncelle qui le maintiendrait entre la vie et la mort pendant plusieurs mois. C'est mon oncle qui a eu la joie de parfaire mon éducation, me formant lui à la legilimancie, et m'introduisant aux activités parallèles de notre famille et de notre entreprise. La contrebande, le recel. Les secrets, les cachettes. Vous voyez, la tradition familiale est assez stricte en terme de hiérarchie – ce qui m'a terriblement éloigné de ma sœur quand nous étions enfants. Je suis l'aîné de la branche principale, aussi - et alors que je n'avais même pas encore fini ma formation – je me suis retrouvé à avoir le dernier mot sur la partie criminelle de notre travail face à tous, puisque mon père était malade et mon grand père mort. L'entreprise, non, ça n'aurait pas plu aux actionnaires – même s'ils n'étaient pas dupes et qu'ils savaient que cela arriverait sans doute plus tôt que prévu au vu de la situation du paternel. Mais ce n'est pas vraiment ça, le joyau de ma famille. C'est une belle couverture, une fantastique affaire, mais ce n'est ni la plus lucrative, ni la plus glorieuse... Le fait est que, bien que je me sois plaint pendant des années que l'on ait pu décider pour moi ce destin, j'étais fait pour ça. Nazbrok, l'amoureux des vieilles choses, le jeune vieux, au milieu d’œuvres et d'artefacts parfois centenaires, vendant, arrangeant, estimant... Et à mes rêves de bataille et de résistance, on avait offert la force et la forme d'un réseau souterrain... J'ai agi seul, craignant la réaction des miens face à une telle hardiesse ou une telle bêtise, cela m'a pris quelques mois d'isoler quelques planques, de forcer quelques contacts à sortir de leurs affaires habituelles... Je n'allais pas faire des miracles, mais ce n'était qu'un début. L'été suivant, j'avais mon diplôme, un poste officiel dans l'entreprise familial, des arrangements que personne ne connaissait, et je me sentais prêt quand le Ministère est tombé.

J'ai contacté ce qu'il restait de l'Ordre du Phénix, et je leur ai proposé mon aide. J'offrais des cachettes, des moyens de quitter le pays, des moyens... Le Ministère a très vité créé la La Commission d’Enregistrement des Nés-Moldus, et il a été décidé que c'est contre cela que j'agirai. Ce réseau habituellement chargé de cacher des objets rares et précieux aux yeux des autorités allaient permettre à des gens de fuir. Et comme j'étais jeune et fou, je voulais être de toutes les missions.

Quand j'étais à Azkaban, je me suis souvenu avec une incroyable clarté du sentiment de joie et de fierté que j'avais ressenties ce soir d'octobre en entendant Rivière annoncer que : Nazbrok a bien conduit son onzième colis hors des frontières. Un douzième et un treizième lui seront adressé prochainement.

Souvenir de Marius Greenwitch, Rafleur ayant survécu à la Bataille de Poudlard, utilisé comme preuve contre lui lors de son procès. Le souvenir est conservé au Ministère et étiqueté comme  :

Greenwitch M., 5 novembre 1997 : rafle de H. Jolly, J. Philips et
A. de Brocas of Beaurepaire and Rochecourt


Un vieil homme se tient devant le petit groupe, les enjoignant à ne pas faire de bruit. Un tuyau sûr, qu'il répète, faîtes-moi confiance... Il a l'air proprement effrayé par les cinq hommes qu'il entraîne dans son sillage, et évite leur regard. Eux, ça les fait rire. Il y a Marius Greenwitch, grand et brun, les yeux noirs, devant lui Donovan Richardson, blond et plus frêle, a du mal à retenir son excitation, derrière Jordan son frère reste plus sombre. Scabior, le chef, ouvre la marche, Mitch la ferme. Ils se donnent des coups de coudes, échangent des regards entendus, mais ils redeviennent sérieux et silencieux quand se dessine au loin la silhouette du vieil entrepôt. Le bois grince, le vent a arraché les volets et il n'y a pas de vitre, offrant ses habitants temporaires à la morsure du froid. Car il y a bien des gens dedans, le vieux a annulé des sorts de protection alors qu'il avançait, et les trois âmes qui s'y cachent ont allumé un feu qui doit être en train de mourir. Il est si tôt qu'autour d'eux, la forêt est encore silencieuse.

« C'était pourtant une si belle cachette. »

On ricane méchamment. Scabior fronce les sourcils.

« Mitch, reste avec notre ami, il sera payé quand nous revenons, si ses informations sont correctes. »

Déglutissement et sourire narquois sont laissé derrière, chacun sort sa baguette et le petit groupe se sépare : deux rentreront par la porte d'entrée, deux par l'arrière, un passera par une fenêtre sur le côté. Aucun repli possible et l'effet de surprise. A l'intérieur, deux silhouettes se dessinent, on les entend chuchoter à quelques mètres quand le vent ne hurle pas plus fort.

« Il a notre âge, il est même plus jeune que toi... »
« C'est pas une raison Jim, il a promis qu'il nous ferait quitter le Royaume Uni... »
« Mais est-ce qu'on peut lui faire confiance ? »

Un roux et une jeune femme aux cheveux châtains se tiennent l'un contre l'autre ; ils devraient certainement monter la garde mais ils sont plus occupés à vérifier qu'une troisième personne qu'on finit par deviner dans un duvet près des braises ne se réveille pas. C'est Donovan, passé par la fenêtre, qui ouvre les hostilités, lançant un incarcerem sur l'homme qui montait la garde – la femme elle n'a pas le temps d'éviter le stupefix de Scabior qui apparaît dans l'encadrement près d'elle, le brun réveillé en sursaut lâche sa baguette et lève les mains en voyant ses deux compagnons déjà arrêtés.

« Bien bien bien... Qu'est-ce que nous avons là ? C'est un très triste endroit où faire du camping les enfants. Qui êtes-vous ? »

Donovan avance jusqu'à la jeune femme stupéfiée, il la prend par les poignets et la soulève, l’entraînant contre lui pour l'immobiliser et la saisir par la gorge, alors qu'un autre rafleur récupère sa baguette en même temps que celle du garçon ligoté qui fixe les intrus sans faire un bruit, terrorisé. Marius se charge d'attraper le troisième, tenant fermement ses bras croisés dans son dos. Jordan fouille le sac sur le sol, et sort en souriant trois passeports moldus. La jeune femme se mord les lèvres, réprimant des sanglots, le roux se débat en panique, et même le dernier semble figé par la crainte. Le premier est ouvert, et on compare le visage terne couvert de tâches de rousseur à la photo d'identité en se penchant sur lui, le pied sur son torse.

« Alors celui-là ce serait James Philips, né en 1974. Il est sur la liste ? »

Scabior sort un carnet de sa poche et le feuillette rapidement, avant de relever la tête avec un immense sourire.

« Sang-de-bourbe, recherché. Et de un. »

Pendant qu'il vérifiait, son compagnon a déjà ouvert le second passeport et caresse le visage de celle que Donovan maintient en place.

« Et toi ma belle tu es Hope Jolly, n'est-ce pas ? Laisse-moi deviner, tu es sur la liste aussi ? »

L'homme que tient Marius tente un geste pour se dégager, réprimé d'un coup puissant dans son dos qu'il le force à plier le genou, souffle court.

« Recherchée également. Quel dommage, elle était si charmante... »

On ricane de plus belle, et Philips se tord sur le sol, essayant d'échapper aux fils invisibles.

« Le dernier, c'est Azrael de Brocas of Beaurepaire and Rochecourt. »
« Et bah mon vieux, je comprends pourquoi tu te fais pas appeler comme ça, ton nom est trop long... Pas sur le carnet, mais les informations du vieux sont exacts, alors c'est ton autre nom qui va y être, pas vrai ? Nazbrok ? »

Les yeux verts d'Azrael brûlent de colère et de défi, ce qui fait rire le rafleur.

« Un passeur, ça vaut au moins la récompense de deux sang-de-bourbe et demi. Tu as fait ma journée, avec tes petits copains... »

Alors qu'ils parlent, la jeune Hope se découvre du courage, ses pleurs ont cessé et d'un coup, elle mord la main de Donovan qui tenait son menton. Celui-ci hurle et la lâche, tenant ses doigts ensanglantés de son autre main. La jeune femme s'élance vers l'extérieur sans demander son reste, et disparaît dans la brume qui se lève, talonnée par Scabior et Jordan. Le dénommé Nazbrok en profite pour s'agiter à son tour, et l'effet de surprise lui permet de se dégager en envoyant un violent coup de coude dans le visage de Marius qui s’effondre, sonné. Il n'a qu'à faire deux pas pour récupérer sa baguette, et libère son compagnon d'infortune d'un geste rapide.

« Cours Jim, je les retiens ! »

Le roux ne se fait pas prier, et s’engouffre à son tour vers l'extérieur. Donovan a suffisamment retrouvé ses esprits pour réagir, il vocifère des insultes et va pour attraper le fuyard par le col.

« Avada Kedavra »

Le bras retombe en ratant sa prise, et Donovan s'écroule sur le sol dans un bruit sourd. Celui qu'il poursuivait s'arrête un instant, jetant un regard choqué derrière lui, avant de reprendre sa course vers la forêt. Dans l’entrepôt, le regard de celui qui a lancé le sort s'est éteint, et il resté figé sur sa baguette, comme abasourdi par son propre geste.

« Espèce d'enfoiré ! Endoloris ! »

Marius a retrouvé ses esprits, il se redresse en hurlant, et l'autre s'écroule pris de spasmes sous l'effet de la douleur. Il fait quelques pas pour arriver à la porte de l’entrepôt, et se penche sur le corps inerte. Donovan a encore les yeux grand ouvert et un rictus sur le coin des lèvres – mais plus aucune vie ne l'habite. Le cri de haine et de colère du rafleur est plus fort que ceux que poussent sa victime. Il ferme les yeux de son ami, les mains tremblant de rage, et le tire par les bras à l'intérieur.

« Ca va pas de gueuler comme ça ? Qu'est-ce qui s'est passé ici ? »

Scabior apparaît en déchirant la brume, tenant par les cheveux Hope dont le poignet droit ne fait plus un angle naturel. Derrière eux, Jordan a vraisemblablement pris un coup, et son calme s'est transformé en une colère froide.

« Il l'a buté ce connard ! Il a tué Richardson, il a libéré son pote et il a tué Richardson ! J'vais me le faire, j'vais le massacrer ! »

Scabior barre de son bras le passage à son collègue, ses yeux trahissent ses sentiments mais il affiche un visage plutôt calme.

« Il va le payer... Mais t'as laissé filer Philips, et pas sûr que Mitch mette la main dessus. Vivant, il vaut plus cher que les deux autres. Alors on va pas le tuer, on va le leur livrer et eux ils lui feront... sûrement pire. »

Il retire son bras, pour toucher sa lèvre dans un geste songeur, avant d'aviser l'assassin sur le sol qui ne semble plus sous l'effet du précédent doloris.

« Par contre, au vu des circonstances, tant qu'il peut parler, ils ne nous en voudront pas de l'abîmer un peu. Endoloris. »

Note du Ministère : la scène continue et M. Greenwitch et ses complices tortureront leurs deux victimes pendant près d'une heure. Miss H. Jolly n'y a pas survécu. Le jeune J. Philips a été retrouvé mort dans les bois autour de cet entrepôt par la police moldue le 24 novembre 1997.
L'identité du vieil homme demeure inconnue.

J'ai été jugé le soir même, condamné dans la nuit. Des horaires de guerre. Ils m'ont pris ma baguette, tout ce que je possédais, ils m'ont attribué un numéro, et sans me laisser dire un mot à mes proches ils m'ont emmené à Azkaban.

Je me souviens trop bien d'Azkaban. La pierre froide et humide, les vagues qui viennent se briser sur les murs et n'offrent presque jamais un instant de répit, un instant de silence. Le vent qui tourbillonne autour de la tour triangulaire, qui s'engouffre partout... Ma cellule sombre, la vague odeur de moisissure, le froid la nuit, l'ennui, la solitude. Et les détraqueurs, des détraqueurs partout, à en trembler les heures des repas car ils passent près des portes, j'en perdais l'appétit. Les meilleures choses de ma jeunesse, arrachées, les doutes, les frayeurs, les inquiétudes, les solitudes, les tristesses, les colères : tout cela, toujours plus puissant, prenant toujours plus de place. Je n'aurai pas tenu une année complète à Azkaban, deux mois n'étaient même pas passé que je pensais tous les jours à la mort, que je l'appelais, que je l'espérais. Aucune joie ne semblait accessible, mêmes celles de mes souvenirs m'échappaient peu à peu, il m'était impossible de les convoquer pour me réchauffer ; je passais mes journées allongé sur mon lit, je pleurais tous les jours, et certains soirs où cela me semblait trop insupportable, je me jetais contre les murs jusqu'à ce que la douleur ait raison de ma colère contre moi-même et contre la vie elle-même. Je méritais cela, et c'est peut-être le pire. Comment j'ai tenu six mois reste un mystère. Un jour pourtant, Azkaban s'est soudainement agité, on nous a annoncé que Voldemort avait été définitivement vaincu, et que dans les prochains jours tous ceux qui avaient été injustement condamnés seraient libérés. Deux jours plus tard, on a ouvert la porte de ma cellule pour m'annoncer une liberté conditionnelle tant que mon cas ne serait pas passé de nouveau en justice.

Mon père m'a rabroué, appuyé sur une canne, fatigué par la maladie et ces quelques mois qui avaient vu son fils envoyé à Azkaban. Il m'a dit que j'avais été inconscient d'utiliser ainsi les ressources de la famille, que j'aurai pu compromettre tout le réseau. Mon cousin a fait remarquer que j'avais été suffisamment précautionneux pour cela, et mon oncle m'a félicité : il avait eu du mal à localiser les planques que j'avais détournées lui-même. C'était leur manière à eux de me dire que je leur avais manqué. Ma mère et ma sœur ont été beaucoup plus chaleureuses, et je crois que c'est vraiment à cette époque qu'Ariel et moi avons enterré la hache de guerre née de notre rivalité d'enfance.

Le Magenmagot a estimé que j'avais agi dans la panique, et ce dans le but de sauver une vie qui sans cela était menacée. J'ai été déclaré non coupable, réhabilité, j'ai récupéré mon droit d'éligibilité et peu de temps après mon témoignage lors du procès de Dolores Ombrage, décoré de l'Ordre de Merlin, seconde classe, pour avoir permis à onze nés moldus de fuir le Royaume Uni et mis ma vie en jeu dans le but d'en sauver deux de plus.

Je voulais cette gloire, quand j'étais enfant, quand je me voyais encore comme un chevalier.
Elle avait pourtant un goût de cendres.
https://revelarevelum.forumactif.com/t25-azrael-de-brocas-sic-tr
Azrael de Brocas

Azrael de Brocas

• Rang :
Nazbrok
Azrael de Brocas of
Beaurepaire and Roche Court


Azrael de Brocas || Sic transit gloria mundi Armoirie-petite

• Âge : quarante-sept ans
• Activité : directeur du groupe Brocas PLC., contrebandier et trafiquant d'art et d'artefacts
• Sang : sang mêlé
• Statut civil : marié à Léonie d'Oriola, deux filles légitimes Rubiel et Ophelia
• Avatar & Crédits : Jon Hamm par ghanimathos
• Mornilles : 77
• Hiboux : 76
Administratrice


Inventaire
• Objets
:
• Consommables :
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AdministratriceMessageSujet: Re: Azrael de Brocas || Sic transit gloria mundi [ Azrael de Brocas || Sic transit gloria mundi EmptyJeu 4 Nov - 22:47 ]

IV - Sunny, yesterday my life was filled with rain

A l'attention de M. Azrael de Brocas of Beaurepaire and Rochecourt,
Je vous remercie d'avoir accepté que je vous écrive. Je ne sais pas exactement quoi vous dire, d'autant plus que j'imagine que vous avez mieux à faire que de correspondre avec une enfant de neuf ans et demi. Cependant, puisque mon père m'a dit que je vous épouserai un jour, j'aimerai que nous arrivions à tisser des liens d'amitié, et j'ai pensé qu'une relation épistolaire pourrait nous permettre cela.

Je rentrerai à Beauxbâtons l'an prochain, j'imagine que cela sera l'occasion de vous parler de l'école et de la comparer avec Poudlard où vous étudiez. J'ai entendu mon père dire que vous aviez eu d'excellentes notes à vos examens de premier cycle, y-a-t-il des matières que vous aimez peut-être ? Je sais que j'ai particulièrement hâte d'étudier les potions, ma mère m'a dit qu'il en existait qui provoque la joie ou même la chance – je ne m'explique pas comment un liquide peut vous rendre chanceux, mais je suis curieuse de l'apprendre. En attendant, j'ai cours à la maison avec plusieurs professeurs particuliers ; ils disent que je m'en sors particulièrement bien en langues – j'apprends l'anglais, l'allemand, l'espagnol et le latin, et en mathématiques. Entre nous, ce que je préfère, ce sont les cours d'escrime et de dessins.

Je vous joins un dessin au fusain que j'ai réalisé dans le dernier cours, j'espère que vous apprécierez.
Ecrivez-moi, s'il vous plaît, j'attendrai votre réponse.

Je vous prie d'agréer l'expression de mes sentiments sincères,
Léonie d'Oriola

***

Azrael,


Vous avez fait des progrès en français, je n'ai presque aucune correction à apporter à votre dernière lettre. Je suis ravie que vos examens se soient bien passés, je suis certaine que vous aurez les meilleures notes possibles à vos examens de fin de cycle.

Je pourrais prendre les cours de runes en option l'année prochaine, le professeur de sortilèges nous l'a par ailleurs conseillé si jamais nous voulions nous améliorer. C'est une de vos options non ? Me le conseilleriez-vous ? D'ailleurs, j'ai essayé la potion que vous m'aviez noté, j'imagine que les fleurs n'étaient pas assez sèches parce que le résultat était plutôt gluant et pas du tout poudreux. Je n'ai vraiment pas votre passion pour cette matière...

Je vous joins une aquarelle des jardins de Beauxbâtons que j'ai réalisé, j'espère que cela vous plaira. Je vous remercie pour les photographies de Poudlard, la grande salle est proprement incroyable.

Passerez-vous cet été pour les vacances ? Vous êtes toujours le bienvenu en France si vous le souhaitez.

Avec toute mon amitié.
Léonie

***

Nazbrok,


Félicitations pour tes résultats ! Tu vois finalement, tu t'en sors aussi bien dans une école moldue qu'un autre. J'imagine que ta famille doit être fière de toi. Ta sœur Ariel est passée sur le domaine avec son compagnon et ta nièce Mila, qui est absolument adorable. Je l'ai trouvé étrangement froide et fermée à ton sujet, il s'est passé quelque chose ? Je pense que si j'avais eu la chance d'avoir un frère ou une sœur, j'aurais été ravie, mais elle semblait vraiment ennuyée que tu sois simplement un sujet de conversation.

L'année s'est bien passée, moins mouvementée que la précédente – encore heureux, je suis déçue de ne pas avoir vu plus Poudlard que lors de la troisième tache, mais je suis ravie que ce genre d’événements ne soient plus à l'ordre du jour. J'ai complètement abandonné pour les potions, par contre tu avais raison de me conseiller les runes ! Je suis heureuse d'être de retour à la maison, mais je crois que je comprends ce que tu voulais dire sur la protection qu'apporte l'école... Je m'y sens tellement plus libre d'y être moi-même. Dis-moi Nazbrok, si on se marie toi et moi, est-ce qu'on pourra s'offrir ça l'un à l'autre ? Un rempart, un lieu de liberté où être soi-même ?

Mon cher ami, j'ai une question pour toi, et j'aurai besoin que tu y répondes franchement : as-tu déjà été amoureux ? Je sais que c'est étrange que, moi, je te pose cette question, mais je Il y a ce garçon dans ma classe, je sais que je lui plais, il me plait aussi. Je sais ce que nos familles ont prévu, mais tu as vingt-et-un ans, et moi j'en ai tout juste quatorze... Est-ce que c'est quelque chose qui est acceptable, dans une position comme celle que nous avons, d'avoir quelqu'un avant ? Ou quelqu'un d'autre tout court ? Je n'ose pas poser la question dans ma famille, et c'est amusant parce que tu devrais être la dernière personne vers qui je me tournerai sur ça, mais je suis certaine que tu ne trahiras pas mon secret ni ne m'en tiendras rigueur...

Je t'embrasse.
Léonie

Quand je suis sorti d'Azkaban, j'ai d'abord passé un peu plus d'un mois à Sainte Mangouste. J'étais dans un état lamentable ; je me souviens du médicomage rassurant ma mère tout en fuyant mon regard sérieux. Je m'étais vu, moi, en fait. Je savais que je n'avais plus que la peau sur les os, que j'avais bien vingt kilos à reprendre et aucun appétit, que la couleur avait abandonné mes joues et que même ma peau était grise, que mon dos se rouvrait à chacun de mes gestes trop vifs, n'ayant pas eu de soins après ma rencontre avec les rafleurs et jamais en prison... Et puis je n'avais pas envie. Rentrer dans cette vie que l'on avait tracé pour moi, où dès que je m'éloignais un peu je créais des catastrophes ; où je ne serai jamais autre chose qu'un héro raté, ayant provoqué la mort de deux innocents par mon manque de précautions... Ayant tué moi-même.

Je ne sais pas ce qui m'a poussé à lancer le sortilèges de mort. Je ne me l'explique pas, je ne me le suis jamais expliqué. Je crois que j'étais persuadé que nous n'y survivrions pas, que la hardiesse de Hope nous avait condamnée. J'étais terrifié, enragé, désespéré... Alors peut-être qu'il fallait que je me défende, ou peut-être que je devais vraiment accorder du temps à Jim, ou peut-être que quitte à crever, j'ai voulu dans un instant de folie en emmener un avec moi. Et je me faisais peur moi-même, d'être capable d'en arriver à de telles extrémités pour sauver ma fierté.

Je ne sais pas comment j'ai survécu à Azkaban, je sais et me souviens parfaitement comment j'ai tenu après. Qui m'a sauvé de moi même.

« Bonjour mon petit cœur. »
C'est la caresse sur mon visage qui me réveille, et je cligne des yeux sans la reconnaître. C'est la première fois que je reçois la visite de quelqu'un qui ne soit pas de mon sang ou un représentant de la justice et de l'ordre depuis ma sortie. Assise sur mon lit, elle m'adresse un sourire joyeux, ses cheveux blonds sont remontés dans une couette haute, ses yeux bleus pétillent, sa chemise et parfaitement ajustée et il n'y a pas un pli sur sa jupe. Derrière elle contre le mur, il y a un autre blond aux yeux clairs, mine plus inquiète, cheveux longs en bataille autour du visage creusé, vêtements aux couleurs vives qui ne vont pas ensemble. Il se redresse alors que mon regard se pose sur lui, et je vais pour l'imiter.

« Tsss. tranquille, le guérisseur a dit que tu étais encore très faible. »
« Herman... »

Le prénom de mon éternel ami, de mon grand amour a brûlé mes lèvres. Il est venu. J'ai fait tout cela, je l'ai abandonné, mais il est là. Je voudrais me lever et le serrer dans mes bras, l'embrasser et m'excuser – mais je ne sais pas qui elle est, et je pense que mes jambes ne me soutiendront pas.

« Salut Nazbrok. »

Il ne dit rien de plus, c'est à peine si je devine son sourire sous le visage calme qu'il affiche depuis quelques instants. Il penche la tête vers la blonde dont la main cesse de caresser ma joue pour attraper mon menton et tirer mon visage à quelques centimètres du sien. Elle me dévisage un instant, tout d'un coup sérieuse.

« Non mais regarde ce qu'ils t'ont fait ? Tu étais tellement beau ! Et là tu ressembles à... un cadavre. Va falloir s'occuper de ça mon chéri. »
« Excusez-moi, mais qui êtes- »

Mon souffle se coupe. Évidemment. Visage d'ange, tenue impeccable, cheveux blonds – et cette familiarité étrange alors que je ne me rappelle pas d'elle ainsi.

« Léonie. »
« Et bien oui mon petit cœur, tu ne pensais pas que j'aurai neuf ans éternellement ? Cela te surprendrait moins si tu étais venu pour les vacances à chaque fois que je t'ai invité. Même si... Je comprends pourquoi tu ne l'as pas fait. »

Elle a un sourire espiègle en se penchant en arrière pour envoyer un clin d'oeil à Herman qui rougit. J'ai l'impression d'être en train de rêver – ou de cauchemarder, je n'en suis pas certain.

« Attends, quoi ? Qu'est-ce que tu veux dire ? »
« Oh mais tu sais très bien ce que je veux dire Nazbrok. Écoute, on peut parler de l'énorme connerie que tu as faite sans en parler à personne, qui t'a envoyée à Azkaban et qui t'a mis dans un sale état – vraiment mon petit cœur, tu fais peur à voir. Ou alors on peut parler d'Azrael de Brocas of Beaurepaire and Rochecourt et de Herman Wintringham. Moi personnellement, je trouve la seconde option bien plus attrayante dans l'immédiat ! »

Elle parle vite dans un anglais parfait, diction parfaite, très léger accent. Je crois que j'ai honte de mon français un instant, avant d'être rappelé à l'horreur de la réalité. Elle sait. Je ne sais pas comment, je ne sais pas ce qu'ils se sont dit tous les deux, mais elle sait. Herman, c'est une relation secrète depuis le début, aux yeux de tous nous ne sommes que des amis particulièrement proches. Je ne peux que deviner ce qui se passerait, si ma famille apprenait. Tout le monde ne se satisfait pas de la seule personne que la famille aura choisi pour vous, mais il y a des choses que l'on ne peut pas tolérer, des unions contre nature. Je déglutis. Ils lui feront vivre l'enfer, peut-être plus qu'à moi. Léonie se penche à mon oreille.

« Dis, quand tu m'as dit que tu avais une relation, tu m'avais pas dit qu'il était aussi mignon hein. T'es vache, je t'ai décrit Charles en long, en large et en travers. Il aime les filles aussi ? Oh mais j'y pense, tu aimes les filles aussi ? »
« T'es certaine que c'est ça la discussion que tu veux avoir maintenant ? »
« Je suis sensée l'épouser et lui faire des enfants, j'ai le droit d'être curieuse ! »
« Princesse, il nous ont dit de ne pas l'épuiser, t'as vu comment tu commences ? »

Je me redresse en les fixant, abasourdi. Chaque mot de Léonie a été comme un coup dans mon ventre, mais là, la situation me dépasse. On dirait un vieux couple qui se dispute – alors qu'ils sont deux pans de ma vie qui n'auraient jamais du se rencontrer.

« Vous m'expliquez ce qu'il se passe ? Pourquoi vous-êtes là tous les deux ? Comment ça se fait que tu l'appelles princesse ? Et toi comment tu... comment tu... »
« Comment je sais pour vous ? Enfin mon petit cœur, c'est évident ! »

Elle cherche sur le visage d'Herman une confirmation, mais il se contente d'hausser les épaules avant de venir s'installer à son tour sur le lit, face à elle. Ils se font face, ils me font face, et j'ai la nausée – je ne sais pas si je dois être heureux ou effrayé par ce trio improbable que nous formons. Je me redresse sur mes coudes et prend de longues inspirations pour éloigner la panique qui manque de me gagner.

« T'avais disparu, je savais rien... Et elle t'a écrit. Alors, je lui ai répondu... Je suis désolé Nazbrok, impossible de contacter ta famille, j'étais fou d'inquiétude ! Elle s'est renseigné, c'est parce qu'elle a demandé à ta sœur que j'ai appris que tu étais à Azkaban ! Et euh... C'était la seule personne avec qui je pouvais parler de toi, alors on est resté en contact. »
« Oh il a fait les choses bien hein, il m'a dit que vous étiez meilleurs amis et colocataires, mais qu'il ne s'entendait pas vraiment avec ta famille. Mais bon, je suis pas idiote vous savez... C'était trop mignon la façon dont il s'inquiétait pour toi. Et puis c'était agréable de pouvoir parler de toi à quelqu'un qui te connaît vraiment... »
« Mais ça ne te dérange pas ? »
« Pourquoi ça me dérangerait mon petit cœur ? On se l'est promis, un rempart contre le monde extérieur, un havre où être soi. »

Elle tape sur sa poitrine et va pour faire la même chose contre mon torse avant qu'Herman n'arrête son geste.

« Qu'est-ce que tu fais là ? »
« Comment ça qu'est-ce que je fais là ? Je m'inquiétais pour toi ! Je suis venue dès que j'ai pu ! »
« Pourquoi ? »
« Comment ça pourquoi ? Mais parce que... »

Pour la première fois elle se tait, gênée. Elle rosit délicieusement.

« C'est une gamine qui a son futur fiancé comme confident depuis qu'elle a neuf ans. Sois pas con Nazbrok, t'es riche, t'as un nom à rallonge, t'es beau, t'es un putain de prince charmant et elle c'est ta princesse. »
« Je suis pas une gamine. J'ai dix sept ans, je suis adulte maintenant. Et vous vous avez quoi ? Vingt-trois ans ? T'es un peu gonflé de parler de moi comme ça, t'es pas encore un grand père. »

Je ne peux pas m'empêcher de trouver sa mine boudeuse absolument adorable – et je devine qu'Herman aussi, à la façon dont il la regarde.

« Et puis le prince est plus si charmant, on en reparle quand il se sera un peu remplumé ! »
« C'est pas très gentil. »
« T'avais qu'à pas être un crétin, on a cru qu'on te reverrait jamais ! »

Ouvrant les bras, elle nous attrape avec Herman et nous serre contre elle.

« Fais plus jamais ça d'accord ? »

Je ne me souviens plus de comment je suis tombé amoureux d'Herman. C'est un fait, je l'aime, ça fait presque partie de moi depuis le temps. J'aime son abominable façon de s'habiller, comment il fronce son nez quand il est surpris, son calme olympien à toute épreuve, et son obsession pour les films moldus des années 80. Léonie, Léonie c'était autre chose. Il y avait quelque chose d'absolument évident, mais quelque chose de malaisant aussi. Le souvenir de la fillette qu'elle avait été hantait encore trop nos échanges, il a bien fallu quelques mois pour que son esprit remarquable, son enthousiasme et la délicieuse chaleur qu'elle apporte partout autour d'elle ait raison de mes états d'âme. Elle est faite pour moi, je suis fait pour elle – ce devait être écrit. Léonie maîtrise les codes sociaux mieux que personne au monde, elle paraît sérieuse, calme, presque docile en public, l'image de la dame du monde modèle soumise à ce monde d'hommes, mais brillante, travailleuse, courageuse tout de même ; et dès que le rideau est tiré, dès qu'il n'y a plus personne qui ne risquerait de la découvrir, elle devient une furie, une déesse, la femme la plus forte et la plus bornée qu'il m'a été donné de rencontrer. Que ces deux là soient tombé amoureux de moi est la deuxième plus belle chose qui me soit arrivé dans cette vie, qu'ils soient tombés amoureux l'un de l'autre est la première. Nous nous sommes créé une vie secrète, cachée de tous, Léonie et moi, Herman et moi, Léonie et Herman, Leonie Herman et moi... Un trouple libertin, un contrat bien ficelé, de tendres habitudes. Deux contraintes : la transparence totale entre nous, et l'interdiction de tomber amoureux en dehors de notre couple ; nous y avons songé, mais le secret est bien assez compliqué à gérer comme cela. Nos filles ont peut-être des doutes, nous n'avons pas voulu leur cacher toute la tendresse que nous portions à Herman, mais elles sont bien les seules, et nous nous sommes résolus de ne pas leur en parler avant qu'elles n'aient un certain âge, pour les protéger et pour nous protéger.

Léonie diplômée s'est engagée dans la Confédération internationales des Mages et sorciers, se formant à la diplomatie, et s'est installée dans la maison que nous partagions avec Herman. Chacun sa chambre, et un univers d'amour et d'amourettes à partager. Ces années-là comptent parmi les plus belles de ma vie. J'ai épousé ma princesse l'année suivant nos retrouvailles. Dans la douceur de leur présence, j'ai oublié que j'avais envie de mourir, j'ai oublié que j'avais été si malheureux. Bien sûr les cauchemars et les cicatrices me rappellent encore souvent ces heures sombres, mais ils me maintiennent la tête hors de l'eau, ils me rassurent, ils me ramènent quand je me perds.

Cela faisait un peu plus de sept ans que Léonie avait pris mon nom quand elle est tombée enceinte.
J'ai eu peur que cela peine Herman, mais il était peut-être encore plus excité que nous deux. Il avait hâte de voir la plus belle chose du monde, puisqu'elle allait naître de nous, de devenir un tonton gâteaux, de pourrir cet enfant que nous nous acharnerions à bien élever. Aucun de nous ne pourrait supporter seul les besoins, les envies, les audaces de l'un des deux autres, Herman plus que nous sans doute. Cela lui va très bien il me semble, de ne pas avoir la place de fonder une famille, d'être un ouragan dans notre vie, allant et venant, obtenant notre adoration et notre amour sans avoir à affronter le regard d'un monde qui ne l'aurait jamais vraiment accepté. Fin août 2007, Rubiel venait au monde.

J'ai menti en parlant de cet amour, et en disant qu'il s'agissait de la plus belle chose de ma vie. Non, ce sont mes filles. Rubiel et Ophelia, née six ans après sa sœur. Ce que j'ai ressenti, en tenant la main de Léonie qui les mettait au monde, en les prenant contre moi pour la première fois, en entendant leurs cœurs battre contre mon torse... Je ne saurais même pas le décrire. Je ne comprends pas que mes parents puissent autant insister sur la nécessité que nous ayons un garçon : ne peuvent-ils voir combien elles sont fortes, combien elles sont merveilleuses ? Combien elles feront mieux que tous, garçons ou non ?

Ma vie publique est pleine de faux semblants, de mensonges, d'ambitions démesurées, de coups bas et de bêtise humaine ; ma vie privée est un havre, une chose merveilleuse que rien n'est jamais venu altérer.

Ou presque.

V - On pleure les lèvres absentes de toutes ces belles passantes

J'étais allé à Pékin cette année-là pour conclure une vente particulièrement intéressante – un artefact particulièrement ancien trouvé par un contact en Irlande, origines chinoises, gros acheteurs sur place. Bien sûr, officiellement, je devais aussi obtenir une part sur le marché des poudres magiques pour les expatriés et les curieux – sans doute l'affaire la plus difficile des deux. Elle a attiré mon regard dans la foule ; cheveux blonds, yeux clairs – j'ai un type. Je me souviens avoir joué des coudes pour arriver jusqu'à elle, avant qu'un mouvement de groupe ne manque de la faire trébucher contre moi. Un bras pour éviter à l'appareil photo une chute alors qu'elle s'excusait de manquer de me bousculer en anglais. Une compatriote, un verre proposé, et une discussion qui avait duré jusqu'à une heure déraisonnable de la nuit dans cette grande ville en fête. La promesse de se retrouver avant de repartir.

Eileen Crivey, photoreporter au Guardian, venait de rentrer dans ma vie. Des amantes et des amants, j'en avais eu, aventures d'une nuit ou de quelques unes, qui étaient entrés dans ma vie brièvement, effleurant ma peau sans entrer dans mon cœur. C'était aussi le cas de Léonie, et plus que tout c'était celui d'Herman. Cela ne devait rien être de plus, une tendre et voluptueuse amitié. Après un premier baiser sous les feux d'artifices, elle m'avait laissé un numéro. Je l'appelais, elle était quelque part autour du monde, je trouvais une raison de m'y rendre et annonçait gaiement que je devais très justement y être dans la soirée ou dès le lendemain. Une histoire de quelques mois, la plus longue pour moi après Herman et Léonie. Et un jour je l'ai appelée, elle était à Londres – et la réalité m'a rattrapé. Herman parle peu de ses conquêtes et ne veut rien savoir des notres – Léonie et moi, nous n'avons aucun secret l'un pour l'autre. Apprenant la présence de la mignonne qui enflammaient mes sens au point de me faire traverser le monde pour quelques heures en sa compagnie, ma femme avait exigé de la rencontrer. Et c'est un principe : je ne lui refuse jamais rien.

Eileen n'avait pas l'air particulièrement à l'aise ce soir-là – et peut-être que je sentais déjà que cela allait se terminer, qu'il n'y aurait plus de voyages autour du globe, que nous ne partagerions plus les mêmes joies. Et cela m'a brisé le cœur. Moi qui n'avais eu que deux amours dans ma vie et qui n'avait même pas eu à choisir, qui avait eu la chance de les garder intacts ou peut-être même plus forts qu'au premier jour, je ressentais soudain la peine, le manque à venir, la sensation terrible d'une chaleur quittant à jamais sa poitrine, la nostalgie d'un parfum que l'on ne sentira plus. Je l'ai raccompagnée jusqu'à sa voiture. Promesse de se revoir, une nouvelle fois, mais promesse bien plus triste que celle faite à l'autre bout du monde. D'un pas lourd, je suis revenu chez moi faire face au regard le plus désapprobateur que m'a un jour adressé Léonie.

Tu es amoureux, Nazbrok. Une sentence, quelque chose que je n'aurais pas cru quelques heures plus tôt mais qui tout d'un coup me frappait. C'est déjà étrange, de se séparer parce qu'on tombe amoureux, mais il a fallu que ça le soit encore plus. Car si la demande de Léonie, quoique légitime, me semblait déjà irréalisable, celle d'Herman était parfaitement folle. Et j'ai été idiot et sans doute injustement cruel en lui cédant.

Je me souvenais du nom de Crivey, un des gamins pétrifiés lors de ma dernière année à Poudlard. Je ne sais plus comment j'avais réussi à faire le lien avec elle, au détour d'une photo ou d'une discussion. Et toute l'inquiétude d'Herman, devenue une forme de paranoïa alors qu'il se découvrait une jalousie mordante, tenait à cela. Elle était liée au monde magique ; elle n'avait peut être pas parlé de moi à ses proches pour le moment, mais après une rupture on s'épanche dans les bras d'un frère ou d'un ami. Elle connaissait mon nom, elle connaissait ma femme et mon adresse, elle pouvait trop en dire. Pour toutes ces raisons, et pour lui prouver que je pouvais l'oublier, il fallait que je me fasse oublier d'elle. Je ne crois pas qu'il ne m'ait jamais fixé d'autres ultimatum.

J'aurais été incapable de le faire moi même, et puis je ne suis pas assez bon. Mais les services des oubliators peuvent se louer si l'on a les bons contacts. Je lui proposais une dernière discussion chez elle, terriblement douloureuse, et servait pour l'occasion d'appât. Une potion de sommeil sans rêve et quelques larmes plus tard, les derniers mots que je lui adressais avant qu'elle ne ferme une dernière fois les yeux sur mon visage devaient être « Je suis terriblement désolé. »

J'ai vidé méticuleusement son appartement, son téléphone et son ordinateur de tout souvenir de moi, l'oubliator a effacé toute trace de mon passage dans sa mémoire, et j'ai refermé pour ne plus jamais l'ouvrir la porte de chez elle. Et j'ai pleuré tout le trajet jusqu'au portoiloin, des larmes d'un nouveau genre.

Léonie ne m'en a pas tenu rigueur, elle m'a tout de suite pardonné. Elle m'attendait avec les filles, pour une soirée pizza, glaces et films moldus des années 80 pour comprendre les références de tonton Herman. Elle a caressé ma tête que j'avais lové dans son cou pendant le film jusqu'à ce que je m'endorme, en me répétant combien je suis aimé. Herman lui a un peu changé, cela l'a plus touché qu'il ne veut bien l'admettre. Il se montre depuis plus insistant, plus inquiet, il veut plus savoir ce que nous faisons, s'inquiète de nos nouvelles rencontres... Mais il est toujours là. Je ne les ai pas perdus.  

VI - It's the family name that lives on. That's all that lives on. Not your personal glory, not your honor, but family.

Ma relation avec ma sœur, tout comme notre dévotion à notre famille, a largement évolué dans notre vie. Elle était l'aînée, la potentielle héritière avant que je ne vienne au monde. Elle était la laissée pour compte et moi l'enfant chéri après. Quelque temps elle m'a haïe, cherchant à prouver qu'elle faisait aussi bien que moi, voir mieux. Et puis j'étais à Poudlard, elle était mariée loin en Europe, elle était l'oubliée et moi l'ingrat qui préférait mes rêves d'enfant au glorieux destin que l'on m'avait promis à ses dépends. Ma sortie de prison avait tout effacé, elle était enfin ma grande sœur adorée, et moi son nigaud de petit frère chéri. Alors, c'est sa dévotion à la famille qui s'est mis à vaciller. Elle, la meilleure d'entre nous, l'exemple à suivre, a été la première de Brocas of Beaurepaire and Rochecourt à divorcer, et à assumer son désir de rester seule et heureuse, et de faire enfin ce dont elle avait envie. Revenue en Angleterre sans ses enfants, elle est devenue le mouton noir des nôtres. Et moi le berger.

Le fait que j'exploite une partie des ressources du marché parallèle à des fins héroïques sans en parler à personne, en mettant le réseau tout entier et chaque membre de la famille en danger pendant la guerre avait mis mon père dans une rage folle. Le fait que même après ma libération ils n'avaient pas fini de démêler mes arrangements et découvert toutes les cachettes que j'avais détournées l'avait en revanche particulièrement impressionné. Remis d'Azkaban, réhabilité, décoré, je revenais dans l'entreprise familiale maudit et auréolé. Une position compliquée à tenir, les premiers mois étaient décisifs. Mais ce n'est pas pour rien qu'on m'appelle Nazbrok. Antique, vieux, déglingué. J'ai toujours été attiré par les vieilles choses, je me découvrais véritable dénicheur de trésor, et j'avais tellement l'habitude de tromper jusqu'à ma mère sur la réalité de ma vie privée que j'avais le chic pour les moyens alambiqués de disparaître. De plus, ma peur de retomber, de retourner un jour en prison me rendait particulièrement méticuleux à l'heure de couvrir mes traces. Pour gagner ma place dans le groupe Brocas PLC, j'ai fait mes preuves dans l'autre entreprise familiale, dans laquelle j'avais déjà de toute façon bien plongé. Il ne suffisait pour réussir que de quelques qualités : ruse, créativité, érudition et ambition, un petit serdaigle-serpentard... Comme Léonie, c'était écrit.

Mon père s'était remis de la dragoncelle, mais il restait faible. De nouveau malade en 2008, il me nommait à sa suite avant de se retirer définitivement du groupe. Il est toujours vivant, mais il n'est plus que l'ombre de lui-même. Ma mère et lui se sont installés dans une villa de campagne près de la côte, nous laissant le domaine principal et optant pour quelque chose de plus petit et tranquille. Retraité, loin de chez lui, isolé et sans arrêt malade, mon père se meurt à petit feu devant mes yeux sans que je ne puisse rien faire. Nous nous partageons les tâches officielles et officieuses avec mon oncle Selaphiel et mon cousin Richard, tous les trois principaux actionnaires du groupe, tous les trois mouillés dans les affaires en sous main.

Je ne suis pas devenu maître en métamorphose, je n'ai pas percé les secrets des runes anciennes – je n'ai pas fait toutes ces choses auxquelles j'aspirais à Poudlard. Mais ma vie ne me déplaît pas. Bien sûr qu'elle était écrite comme cela, que je n'ai presque jamais fait mes propres choix, mais j'ai réussi à y emménager des jardins secrets, des lieux protégés. Peut-être que nous faisons tous cela, que nous nous mentons pour échapper à une vie qui ne serait pas supportable sans cela. Une bulle. Ma sœur a fait exploser la sienne. Mais je suis vraiment bon dans ce que je fais. Finalement, mon seul échec est à peu près le même qu'à Poudlard : nommé préfet mais pas préfet en chef. Représentant de l'un des leaders de mon domaine sur le marché du monde magique, je n'ai pourtant pas encore réussi à me faire nommer au Magenmagot malgré les pots de vin de mon oncle, les paroles adroites de mon épouse, les arrangements de mon cousin ou mon talent naturel. Mais je suis encore jeune, compte tenu de la moyenne d'âge des honorables membres, j'ai du temps devant moi avant de baisser les bras.

Après tout, je suis l'héritier des de Brocas of Beaurepaire and Rochecourt. Et il me faut mériter cet héritage.

Nous sommes une sorte de Sisyphe. Quel crime avons-nous bien commis, au début, pour mériter une telle punition ? Pour tenir, nous nous fabriquons des petites cales, des lieux où faire une pause, des bras dans lesquels oublier le rocher. Rien n'a l'air plus important que ces moments là, mais rien ne l'est moins. Ce n'est pas ce qui nous survivra.



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Passeport validé !


Azrael de Brocas || Sic transit gloria mundi Party-hard

Félicitations, ton passeport est validé Azrael de Brocas || Sic transit gloria mundi 562420812

Ohlala, mais ça fait tellement de bien de retrouver ta plume aussi Azrael de Brocas || Sic transit gloria mundi 3994548477 J'en arriverais presque à avoir de la compassion pour Azrael (vilain Herman Azrael de Brocas || Sic transit gloria mundi 1313759351), même si Eily nettement moins…  

Tu entres maintenant dans le grand bain d'Hervé. Pour fêter cela, nous t'offrons ta baguette ainsi qu'un téléphone portable bleu de type quasi incassable.

Afin de pouvoir te lancer en jeu, passe recenser ton personnage, afin que nous puissions l'ajouter aux différents bottins.

Tu peux également aller créer ta fiche de liens afin que les autres membres puissent venir te proposer leurs idées farfelues et ton journal de bord pour garder un historique de l'évolution de ton personnage.
Et si tu cherches des partenaires de jeu, c'est par ici.

Ci-dessous, tu trouveras ta fiche de personnage. Si elle te convient, poste-la dans un nouveau message avec comme titre Prénom Nom ici. Si tu veux la modifier nous pouvons en parler à la suite ou en privé sur discord ou par mp.

Nous te répartissons dans le groupe Enthousiastes, si jamais cela ne te va pas signale-nous ci-dessous.

On a hâte de te retrouver en jeu  Azrael de Brocas || Sic transit gloria mundi 2972540279

Azrael de Brocas


Âge : 47 ans (33 pts)
Sang : mêlé
Activité : directeur du groupe Brocas PLC
Points de vie : 3 pvs


Caractéristiques

Esprit : 7
Cœur : 5
Corps : 2
Technique : 2
Magie : 7


Traits

- Entre deux mondes
- Influent
- Occlumens
- Legilimens
- Marqué dans la magie noire




Code:
<div class=fiche><center><div class=titrefiche>Azrael de Brocas</div>
<img src="https://i.ibb.co/xSwQVB2/azra.png" /></center>
<blockquote><span class=infos>Âge :</span> 47 ans (33 pts)
<span class=infos>Sang :</span> mêlé
<span class=infos>Activité :</span> directeur du groupe Brocas PLC
<span class=infos>Points de vie :</span> 3 pvs

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<div class=titre3>Caractéristiques</div>
<span class=infos>Esprit :</span> 7
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<span class=infos>Technique :</span> 2
<span class=infos>Magie :</span> 7

<div class=soulignement></div>
<div class=titre3>Traits</div>
- Entre deux mondes
- Influent
- Occlumens
- Legilimens
- Marqué dans la magie noire

</blockquote>
<center><img src="https://i.ibb.co/c8KkBp6/fiche.png" /></center></div><br>
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